KUSURIYA NO HITORIGOTO — Elle court, elle court, la maladie d'anime

» Critique de l'anime Les Carnets De l’Apothicaire par Deluxe Fan le
12 Avril 2024
Les Carnets De l’Apothicaire - Screenshot #1

On discutait encore il y a quelques temps de l’état des animes à destination du public féminin, et à quel point ces animes sont devenus rares et souvent mauvais. En cherchant bien cependant on peut trouver des animes pour filles valables, avec par exemple Skip and Loafer l’an dernier qui était une bonne tranche-de-vie sur le thème de l’adolescence. Dans un genre très différent, Kusuriya no Hitorigoto est une autre série notable.

Kusuriya no Hitorigoto (Les Carnets de l’Apothicaire) est au départ un roman de Natsu Hyûga publié sur le net avant qu’il ne paraisse en format papier à partir de 2014. Cela signifie que cette série existe depuis plus de dix ans, et ce n’est que maintenant que l’on en entend parler à cause de cette adaptation anime particulièrement tardive. Preuve de l’état de déliquescence de cette industrie où les récits intéressants sont ignorés pendant des dizaines d’années alors que les plannings saisonniers sont toujours plus pollués de productions médiocres.

L’histoire prend place dans un certain pays asiatique qui n’est jamais nommé mais que l’on peut, avec des efforts considérables, essayer de deviner. Maomao, 17 ans, exerce en tant qu’apothicaire dans le quartier des plaisirs de la capitale impériale ; elle cultive et vend des herbes médicinales avec son père qui lui a transmis toutes sortes de connaissances médicales. Un jour, elle se fait enlever par des bandits qui la revendent en tant qu’esclave au palais impérial. Pour racheter sa liberté, Maomao doit travailler un certain nombre d’années comme domestique au harem ; ce qui ne lui déplaît pas forcément, les conditions de vie au palais étant plus confortables que dans le bordel où elle a été élevée. Assez rapidement, les compétences en pharmacie de Maomao attirent l’attention, et elle se retrouve mêlée aux intrigues de la cour…

Les Carnets De l’Apothicaire - Screenshot #2Ce qui va être le plus intéressant avec cette série, ce sont ses thématiques. C’est un des animes les plus féminins que j’ai vu ces derniers temps, dans le sens où les thèmes abordés sont particulièrement orientés vers les centres d'intérêt de ce public. Le récit se déroule dans le harem, un endroit réservé aux femmes et qui a pour fonction de produire les héritiers du trône ; on parle donc de séduction, de comment soigner son apparence, comment s'habiller et se maquiller, comment on tombe enceinte (ou au contraire l’éviter), comment se passe la grossesse et l’accouchement, comment élever son bébé, bref des trucs de gonzesses quoi. A un moment dans l’anime on a une séquence genre réunion Tupperware® avec les personnages qui organisent une conférence sur comment une femme doit faire plaisir à son homme au lit, cette série c’est Kingdom sauf qu’au lieu de faire la guerre ils font l’amour.

Au delà de ces sujets passionnants il y a une intrigue autour de Maomao et de ses enquêtes dont les enjeux vont rapidement grimper en importance. Il faut comprendre que le harem est également un lieu très sensible politiquement, les concubines de l’empereur sont en concurrence pour savoir qui va être la première à produire un héritier et donc devenir impératrice, ce qui assurera influence et prospérité à sa famille. C’est un lieu de complots et de tensions entre les concubines elles-mêmes, leurs suivantes, et tout le beau monde qui s’agite autour et tente de mettre la main sur l’avenir du pays. Cette série a parfaitement compris son sujet, sachant pourtant que cette saison ne traite qu’une petite partie de la question. Toutefois, la fin de cette saison complète l'arc du personnage de Maomao et ses origines, si bien qu'on a pas l'impression d'un récit inachevé en plein milieu, bien au contraire.

Les Carnets De l’Apothicaire - Screenshot #3Puisqu'on en parle, une autre force de la série ce sont ses personnages, notamment Maomao qui pose un regard détaché et légèrement cynique sur cet univers ; la doubleuse japonaise est la superstar Aoi Yûki qui délivre comme on peut s’y attendre une performance parfaite. Il y a peut-être un léger excès de complaisance dans l’écriture avec cette protagoniste qui est la plus intelligente, la plus maline, la plus douée, et que tout le monde l’adore et ne peut pas se passer d’elle, et puis elle est obligée de se peinturlurer le visage parce que sinon elle est tellement jolie qu’elle attire trop l’attention, à un moment ça va quoi, on a compris. Heureusement l’anime est suffisamment bien écrit pour que ça passe, certes l’héroïne est OP mais ce n’est pas comme si l’univers entier se mettait à quatre pattes devant elle comme c’est en général le cas dans les séries pour garçons, ce n'est pas aussi évident. A ses côtés on le personnage de Jinshi, un eunuque responsable de la gestion du harem et qui va rapidement remarquer les talents de la jeune fille. Jinshi est lui aussi entouré de mystère et là encore cette saison en dévoile juste assez pour donner envie d’en voir plus. Les interactions entre Jinshi et Maomao sont parmi les meilleurs moments de la série, cette dynamique entre ces deux personnages qui se respectent mutuellement installe tout de suite quelque chose de sain et de rafraîchissant.

Les Carnets De l’Apothicaire - Screenshot #4L’anime est produit par le studio OLM, qui autrefois était surtout connu comme l’usine à animes Pokémon mais qui ces dernières années a cherché à se diversifier avec des productions plus pointues ou s’adressant à un public différent comme Komi-san ou Odd Taxi. Avec une série telle que Kusuriya no Hitorigoto, nul doute que le studio tient là un hit qui est parti pour durer, cette première saison n’adaptant qu’une petite partie du contenu publié depuis maintenant dix ans. La réalisation est très agréable, ce n’est pas une série d’action donc les efforts ont été concentrés sur le chara-design d’une consistance remarquable ainsi que sur la direction artistique, colorée et détaillée avec des décors saisissants sur ce pays asiatique qui n’est jamais nommé mais que l’on peut, avec des efforts considérables, essayer de deviner.

Kusuriya no Hitorigoto est un anime qui se place immédiatement au-dessus de la mêlée avec une écriture qui tient plus de la littérature que du paluchage pour adolescents qui forme l’essentiel de cette industrie. Ici ça parle histoire, politique, médecine, famille, ça parle aussi d’amour et de romance avec des personnages nuancés et humains. C'est une série qui s'adresse autant aux émotions du spectateur qu'à son intelligence, ça tape juste et on en ressort satisfait d'avoir vu du beau travail de storytelling. De toute façon les bons animes c’est comme les suppositoires, il faut un peu d’effort pour que ça rentre mais une fois que c’est dedans l’effet est immédiat.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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