L'ÉPOPÉE D'UN COUREUR DE CHAMBRE À CONTRE-TEMPS.

Il y a ces trucs qu'on voit en vitrine sur le trajet sans pour autant se décider à entrer dans la boutique, ça peut durer longtemps parfois. 7 ans en l'occurrence.
Sept années qui coïncident avec la sortie de deux autres saisons dans une industrie où les places valent cher... c'est là que j'ai su que les astres étaient alignés pour World Trigger.

Un jour les extraterrestres, gentiment rebaptisés ''Neighboor'' débarquent pour niquer tout le monde, maisy'a des gars qui kiffent pas trop ça alors ils reprennent à leur compte la technologie alien nommée "Trigger"pour casser la gueule aux méchants xenos et pour empêcher les Neighboor de prendre la confiance, ils créent l'organisation appelée: Border.

Et je devine déjà la question qui te démange les lèvres:

Pourquoi les Neighboor s'acharnent-ils à débarquer systématiquement dans la même ville alors que c'est même pas la capitale ?!
C'est genre envahir Dijon quoi... Où est-ce qu'ils foutent le zbeul ailleurs, mais que ça passe passur TF1 ?
Et ben tu vas devoir te débrouiller... parce que moi aussi j'en sais rien!
Par contre, ce que je sais c'est qu'Osamu notre héros, va au lycée dans cette ville où il rencontre Kuga le Neighboor, ainsi commence l'histoire de World Trigger.

Le début à l'image de son héros ne paye pas de mine à première vue, Osamu veut protéger ses amis et rejoint donc le Border pour se donner le moyen de ses ambitions.
Ambitions qui dès le départ semblent compromises parce qu'Osamu il est too weak en fait, mais sera aidé par Yuga qui est une bonne poire.
Là se dessine donc la dynamique classique d'un duo qui s'apporte mutuellement de l'aide pour combler ses "failles" façon Asirpa et Sugimoto de Golden Kamui.
Classique c'est le mot, c'est pas ultra-passionnant jusque là mais les épisodes se regardent et s'enchaînent pour petit-à-petit venir piquer l'intérêt; pas tant du fait que l'histoire prenne un tournant formidable qu'on se rend compte que son importance est secondaire.

En effet l'auteur Daisuke Ashihara a tout du bon NERD, on voit rapidement que l'anime brille principalement dans la passion que ce dernier met à expliquer et intégrer les règles qui régissent son monde imaginaire.
Un peu comme un MC de jeux de rôle prépare une partie pour ses joueurs en se frottant les mains, mais vouloir raconter son monde est un peu la base pour tout mangaka (artiste) qui se respecte.
La particularité de World Trigger est qu'Ashihara dans sa grande passion et sa minutie, se montre pragmatique.
C'est-à-dire, qu'il vire tout type de friture sur la ligne susceptible de parasiter le bon déroulement de l'intrigue - et par extension le développement de son univers.
Comme entre autres : les harem-story, le fan-service (''High-school''), les discours tendancieux, l'abus de bons sentiments, etc.
Bref, tout ce qui n'a pas lieu d'être dans la vision d'Ashihara a priori, se retrouve "élagué", proposant ainsi un fil de lecture qui ne s'interrompt jamais.

Le background lui-même en est presque absent, caractérisant World Trigger comme un récit du moment.

Possible que je prête trop d'intention à l'auteur qui n'est p'tet tout simplement pas très doué pour certains trucs... mais qui a une vision, et un talent pour la raconter, raison pour laquelle je le soupçonne d'être proche d'Osamu.
Osamu, qui est certes faible mais conscient de ses faiblesses et qui les compense avec ses propres moyens.
Osamu, qui est le japonais pacifiste brun de taille moyenne avec des lunettes, bref qui là encore ne paye pas de mine à première vue.
Osamu, qui finalement est le personnage avec le plus de substance dans World Trigger.

La substance d'ailleurs c'est sûrement la faiblesse de l'oeuvre.

Le fait d'épurer le contenu rend l'ensemble parfois un peu sommaire, car il reste peu de contraste et de "couleurs".
ça plus un chara assez générique, le ton de l'oeuvre en devient presque linéaire.
Pourtant, je ne me suis pas ennuyé un instant malgré un lancement pas très ouf, parce qu'avant tout il ne faut pas oublier que World Trigger c'est avant tout l'histoire du Monde de la gâchette.

La technologie des Neighboor permet donc au Border de devenir une start-up du turfu protégeant l'humanité mais aussi une plateforme d'émulation pour ses membres.
C'est donc naturellement que l'esprit de compétition va pointer le bout de son nez, du très classique toujours.
D'ailleurs il s'agit de baston d'entraînement, cette dimension est importante car elle affiche la volonté de désamorcer l'enjeu dramatique pour se concentrer sur le divertissement.
Divertissement qui en fait une mise en abyme caril est double, l'anime prenant sa pleine mesure dans la démonstration de ces fameuses compétitions qui fonctionnent comme de l'E-SPORT:
le sport compétitif dans le jeu vidéo.

Donc, quand on regarde World Trigger on ne regarde pas simplement un anime, mais aussi un live Twitch ou autre de son jeu vidéo de compète' préféré, un mélange a priori de MOBA et de Battle Royal, une sorte d'Overwatch en gros.

Et si vous jouez pas aux jeux vidéos et que vous bitez que dalle à ce que j'raconte, retenez simplement l'aspect compète'qui donne à World Trigger une allure de Shônen sportif alternatif.
Shônen sportif qui comprend donc son lot de commentateurs et de narrateurs - là encore mise en abyme - pour faire vibrer l'action comme dans une partie de foot, autre astuce permettant de cacher la misère de l'animation avec sa mise en scène et qui rend compte d'une chose : un bon anime s'il possède une écriture qui fait le taff réussira à faire valoir son point malgré une patine datée, comme les vieux classiques de la Japanim' l'ont d'ailleurs déjà prouvé.

Toutefois l'anime a bénéficié d'un ravalement de façade sur le plan technique à l'occasion de son récent come-back et pourtant, ça change absolument rien aux dynamiques déjà employées des années plus tôt.
C'est même mieux car, cela permet de marquer les temps forts qui sont chirurgicaux dans l'anime.
World Trigger c'est l'vieux film de Samurai ou l'action pure ne dure qu'un instant, lorsque le personnage dégaine son sabre et frappe l'adversaire d'un trait.

C'est donc au sein du Border que se croise tout le beau monde qui, bien sûr, va se sentir mutuellement l'entre-jambe, là encore Shônen classique.
Et c'est en toute logique que World Trigger présente une incroyable palette de personnages, qui devront donc modestement se partager l'attention de la caméra façon Yuri on Ice et ses patineurs.
Normalement ça serait assez chiant de voir autant de sidekick dont on oublie le nom - et l'intérêt dans le scénario - cela étant l'atout de la compétition E-SPORT fait qu'on les intègre finalement très naturellement.
Parce qu'ils deviennent un caractère récurrent de l'oeuvre sans forcing.

Mais au-delà, leurs relations sont à l'image du Border lui-même : à plusieurs facettes.
permettant donc de peindre des liens au-delà d'un vernis de façade malgré des portraits dressés à la brosse.

Maintenant que la table est dressée il ne reste donc qu'à profiter du double divertissement, qui se révèle de plus en plus palpitant au fur et à mesure que l'auteur développe ses règles.
Car, par extension ses mêmes règles finissent par s'appliquer à tout l'anime au-delà même de la compéte' et du Border, comme une logique de fond cohérente sur ce dont l'auteur veut réellement nous parler : LE monde de la gâchette dans son ensemble.

Il ne faut pas perdre cette donnée devue car, c'est elle qui influe sur l'appréciation de World Trigger. Une oeuvre qui au final ne parle donc pas tant des personnages et de leurs aventures mais bien de l'univers - dans toute sa complexité - au sein duquel des événements se produisent.
En fait, la licence SAO reprend en partie cette ligne directrice, il est intéressant de voir ce qui se passe quand les choix diffèrent quant à la norme,notamment au travers de la question du temps sacrifié pour mettre en place les règles de l'univers afin que le spectateur puisse apprécier doucement, mais sûrement son voyage.

World Trigger reste un récit toutefois très classique à l'arrivée.
Pourtant je dois dire que le visionner "maintenant" lui donne encore plus la gueule d'un âne au milieu des lévrier (malgré un up évident).
Parce qu'au regard du paysage actuel, les Shônen ressemblent en fait à des bêtes de course avec leurs personnages puissants en charisme et en force physique.

Ces Shônen où le rythme du scénario n'a d'égal mesure que sa fulgurante animation aérodynamique. Des avions de chasse sortis eux-aussi de jeunes studios loins de la vieille carne qu'est la TOEI.
Bref des anime qui incarnent une donnée clef de l'industrie Animée (mais aussi de notre époque...):
l'Accélération. de productions, de moyens, decalendriers, etc.

Alors que World Trigger quant à lui, est victime d'une parution marquée de pause et de temps morts.

Pourtant, malgré cela j'ai rarement senti le temps passé aussi vite que lors du visionnage de WorldTrigger même avec ses concurrents bodybuildés.
La cause est simple:
plus qu'un bon anime, World Trigger propose par la somme de ses propositions une expérience de visionnage à part entière; et des plus agréables pour qui recherche un divertissement de qualité sans avoir envie d'être trop chamboulé ou trop investi.
Et lorsqu'un divertissement pur et fonctionnel se paye en plus le luxe d'être bien écrit, je serais presque tenté de croire que la Panacée après laquelle je cours dans ces moments de creux, existe bel et bien.

salut

http://www.anime-kun.net/animes/screenshots/kaguya-sama-wa-kokurasetai-184953.jpg

http://www.anime-kun.net/animes/screenshots_300x/kaguya-sama-wa-kokurasetai-185025.jpg

salut