Devant Oshi ga…, nous sommes face à l’adaptation d’un manga qui parle de fans d’idoles et de ces dernières. L’histoire alternera entre le quotidien des sept idoles d’un groupe à la faible popularité qui s’appelle ChamJam et celui de leurs fans. Le développement se concentrera sur deux personnages, une fan et son idole, mais les autres protagonistes ne seront pas laissés de côté.
Maina, l’idole de la fan, a peu de sympathisants. C’est un euphémisme car Eripiyo, la fan, est la seule à lui serrer la main lors des séances prévues à cet effet. Il se noue peu à peu une relation particulière entre elles mais la distance reste de mise à cause de leur rôle respectif et des maladresses de leur communication ; maladresses qui alimentent aussi l’humour qui est très présent dans le ton de l’œuvre.
Eripiyo dépense tout son argent pour l’idole, notamment en achetant des CD’s. C’est une manière pour elle de montrer sa dévotion mais c’est aussi un levier pour la soutenir. Maina, elle, puise dans sa fan l’énergie nécessaire pour continuer à croire en ses chances. Comme d’autres fans, Eripiyo a opté pour des petits boulots afin d’être disponible et assister à tous ses concerts, séances de dédicaces et compagnie.
Eripiyo a eu une révélation en voyant Maina sur scène et elle est devenue sa raison de vivre.
Les deux amis d’Eripyo, un gros otaku et un beau-gosse, sont des personnages plus que secondaire car leur présence et leurs interventions ne sont pas négligeables. La nature de leur passion et leur quotidien sont également détaillés.
Que ce soient les idoles ou leurs fans, ils vivent dans un microcosme confidentiel qui me rappelle ma propre passion pour les animés. Ici, cet univers est dépeint dans une atmosphère relativement bon enfant. On est plus dans de la complaisance que dans une critique du milieu.
La passion est érigée sur un piédestal et l’amitié prévaudra sur les rivalités.
Cependant, le ton décontracté n’est pour autant pas complètement idéalisé et ne s’engouffre pas dans la brèche du moe mais vise un certain réalisme pour ses personnages tout en préservant ses bonnes ondes.
Tout au long de la série, on assiste à des représentations du groupe d’idoles ChamJam, sous les cris et vivats de leurs fans. Á vrai dire, on ne les voit pas « souvent » en train de chanter et de danser, car le cœur de l’œuvre n’est pas là, mais il est à noter que les chorégraphies ne sont pas animées en CGI. Elles restent cependant anecdotiques en termes de qualités pour ne pas dire minimalistes chorégraphiquement parlant.
Par ailleurs, les beaux décors et chara-design, l’animation et la réalisation correcte, font que l’animé bénéficie tout de même d’une technique et d’un art qui sont un peu plus que convenable et qui remplissent leur rôle immersif. Le chara-design d’Eripyo n’est pas sans rappeler celui de Chihaya (l’héroïne de Chihayafuru). J’ai eu la sensation qu’il y avait un peu de Chihaya en elle. L’ironie étant que je suis un fan de Chihaya, la boucle est bouclée.
Pour ce qui est des sept idoles, en plus d’une immersion dans leur quotidien besogneux et promotionnel, la série dévoile peu à peu leurs parcours respectifs et ambitions personnelles. Elles sont confrontées : à leurs limites en termes de charismes et de talents ; à la peur de ne jamais percer ; à leurs capacités à former un groupe soudé ; à leurs rivales au sein du groupe mais aussi à celles des autres groupes d’idoles… des thèmes qui sont interconnectés.
J’ai particulièrement apprécié le moment où le vote de popularité entre en action. Il faut savoir que dans ce groupe de sept, seule trois filles sont devant. Considérées comme les « leadeuses » du groupe, leur place est des plus enviables. Cet évènement majeur qu'est le vote de popularité et qui peut bouleverser la hiérarchie, est une manière d’impliquer et fidéliser les fans ; ils ont l’opportunité de soutenir leur idole de manière très concrète et d’embrasser l’espoir qu’elle se tiendra sur le devant de la scène grâce à leur vote.
Le rôle de tout fan qui se respecte est de soutenir son idole à grimper les marches de la gloire. Ces dernières devront en conséquence respecter leur image. Sur ce point, les écarts de conduite seront abordés à travers une rumeur de « petit ami » et un « changement » de personnalité pour plaire davantage.
Les « règles » autour de l’image des idoles et cette passion « extrême » des fans est « discutable » voire « flippante ». Cela ne plaira pas à tout le monde que ce ne soit pas « vraiment » critiqué d’une manière ou d’une autre au cours de l’histoire.
En ce qui me concerne, je n’ai pas d’avis tranché sur ce milieu mais la série en elle-même est globalement satisfaisante dans ce qu’elle propose, que ce soit dans l’approfondissement des relations humaines, le traitement de la vie du groupe des idoles ou la description de la dévotion des fans.
Cependant, il faut garder à l’esprit que le réalisme timide et le ton gentillet amène une ambiance légère qui écarte le sérieux au profit de la comédie, et que ce n’est pas non plus une série d’idoles qui donne la part belle aux chansons et aux concerts.
L’aventure « ne fait que commencer » alors j’espère que la suite, si elle sort un jour, ira plus loin sur tous les sujets qu’elle aborde, qu’ils concernent ses intrigues personnelles ou le milieu des idoles à proprement parler. Ainsi, la série pourra gravir une marche supplémentaire et Maina nous amènera peut-être jusqu'au Budokan.