Nous sommes en 1969.
Le mai 68 japonais s'achève dans la confusion... Oshima Nagisa recharge ses batteries et Osamu Tezuka règne (façon de parler)... Pour l'occident, le Japon n'existe pas encore, et son animation encore moins, évidemment.
Pourtant, de téméraires nippons n'en ont cure : ils décident en ces temps riches mais troublés de divertir les foules avec l'histoire d'un chat portant bottes et cape, quelle idée!
Quelle bonne idée!!!
Cet anime est une petite merveille.
Tout d'abord et vu d'aujourd'hui, ce film n'a guère pris de rides. Bien sûr, l'animation pêche un peu, le dessin est parfois sommaire (surtout les décors), mais quel humour, quelles chansons et surtout, quel art de conteur! En effet, ce film est devenu pour moi l'exemple à suivre question narration. Nous n'en sommes pas encore à la confusion métaphysique d'un Oshii, ni à la sophistication d'un Kon Satoshi ou d'un Yuasa Masaaki (que j'adore), plutôt dans une esquisse de ce que deviendra Miyazaki plus tard, c'est à dire simplicité, trivialité, et rapport direct avec l'idée que je me fais d'un véritable art populaire.
Les aventures de ce chat et de son prince ne sont justement que cela, des aventures. A fond dans la naïveté! Ce qui n'empêche pas de véritables trouvailles, formelles et narratives, mais dénuée de la moindre once d'ironie.
C'est l'enfance de l'art, en somme.
