Le Patlabor du Boomer

WXIII est probablement le Patlabor le moins apprécié de l'ensemble de la licence, du moins c'est l'impression que j'en ai eu à l'époque de sa sortie. Après presque une décennie d'attente, il devait succéder au superbe Patlabor 2 de Oshii... Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas su répondre à mes attentes de l'époque.
Le problème est assez simple, il ne présente pas assez les Labor au centre de l'histoire et par extension la brigade que l'on a appris à suivre est absente durant la majorité du film : sur un film de 100 minutes, il nous est donné de commencer à les voir lors des 30 dernières minutes. Cela aurait pu fonctionner si l'heure qui précédait arrivait à maintenir en haleine, mais j'ai trouvé le temps long.
Pour reprendre rapidement l'histoire, des meurtres ont lieu en bordure de la baie de Tokyo, des Labors de chantiers sont détruits et leurs conducteurs dévorés. L'enquête se voit confié à un duo de détectives : l'un proche de la retraite et de la vieille école (Kusumi), accompagné d'un jeune (Hata) qui semble beaucoup plus à l'aise avec les nouvelles technologie comme les ordinateurs. Point commun entre les deux, aucun n'a semble-t-il d'humour et ils semblent porter toute la tristesse du monde sur les épaules, autant dire que cette première heure d'enquête vous laisse dans un état morose. L'enquête en soi n'est pas mauvaise, plutôt cohérente, elle nous permet de profiter des décors variés de Tokyo lors de leurs pérégrinations (belle direction artistique et set design avec énormément de détails), de plus les mecha-designers sur le projet n'était pas là pour plaisanter et à défaut de dessiner des Labors, ils ont fait un travail impressionnant sur les véhicules. Mais je regrette que les dialogues soient aussi limités entre le duo (quasiment aucune dynamique entre eux) et que la musique de Kenji Kawai soit si mal exploitée : de scènes contemplatives qui auraient dû être portés par une ambiance, on se retrouve avec des blancs qui sont rapidement pesants et donne une impression de longueur.
La thématique de l'histoire est la transition d'une époque analogique vers le numérique incarné par le duo de détective : le vieux boiteux qui écoute encore des vinyles avec un ampli à ampoules et le jeune qui a un PC et cherche des informations sur le net (yahoo!). Cet aspect de changement d'époque et de technologie et l'emphase mise dessus, fait effectivement très "boomer" vu de nos jours, mais c'est également intégré à l'enquête donc ce n'est pas si mal foutu que ça.
Quoiqu'il en soit, le film propose un petit peu de combat de Labor à la fin et si vous avez la fibre boomer, vous pourrez vous amuser à chercher des détails du "c'était mieux avant" à chaque coin du décor (VHS, cabine téléphonique, CRT...). Mais quitte à regarder des antiquités, mieux vaut commencer par les deux films précédents, de très loin supérieurs et de préférence en HD, car la qualité des VHS, ça ne manque à personne !