Le poulpe au cœur de lune et son héritage

» Critique de l'anime Assassination Classroom (TV 2) par Pitucho le
19 Juillet 2016

Le poulpe-smiley est de retour! Ayant bien aimé la première saison d'Ansatsu Kyoushitsu, je ne pouvais qu'être de la partie pour cette seconde saison. Bien conclue, je garderais un agréable souvenir tant de cette adaptation que de la première. Hors si la première m'a fait rire, celle-ci a joué plus avec mes émotions. Bien que je risque de me répéter par rapport à ma critique sur la première saison, je traite ici en profondeur de sujets que j'avais volontairement esquissé car ils sont au cœur du développement de l'histoire pendant que j'éviterais de parler d'autres.

Cette saison s'est révélée surprenante tant par la tournure des évènements que par le contraste qu'elle opère avec la première saison. Étant donné que la série jouait sur le fun au départ, il y a des situations irréalistes sur lesquelles il ne fallait pas trop se poser de questions. Comme je l'avais souligné précédemment, l'anime a une dimension qui lui est propre et qui la revêt d'un caractère plus sérieux qu'en apparence. Cette seconde saison ne fait que confirmer l'approche que j'avais eu à l'égard de la première. Tandis que la première était dominée par le "côté fun", cette seconde est elle dominée par le "côté sérieux". Bien que l'anime soit toujours aussi coloré, les couleurs sombres se font de plus en plus présentes et plusieurs scènes se déroulent la nuit, sous le clair de lune, ce qui renforce cette dimension.

Toutefois, on pourra toujours compter sur le poulpe-smiley pour détendre l'atmosphère mais il joue bien moins le rôle de clown et assume davantage son rôle de professeur. Toujours aux petits soins pour autant, il se dévoile tel qu'il est et surtout tel qu'il était, notamment par la découverte de son passé. Celui-ci prend une nette importance tout du long car si avant tout le mystère autour de lui caractérisait en partie l'anime, cette saison y met fin. Pendant ce temps, on assiste concrètement à une évolution de ses élèves qui agissent par eux-mêmes et décident, non pas tous sans mal, de la voie à suivre. Processus amorcé dans les 22 premiers épisodes, ces 25 suivants se montrent plus explicites et on va même jusqu'à la construction de fortes personnalités. Toujours difficile de traiter autant de personnages, le développement de l'histoire s'y prend plutôt bien mais continue de se focaliser sur les principaux. Le duo Nagisa-Karma étais déjà intéressant mais ici, il prend une ampleur particulière et appréciable. Bref, nos jeunes assassins deviennent des pros de sang-froid.

Cette saison va voir progressivement émerger la partie immergée de l'iceberg. Il est vrai que quelque chose ne tournait pas rond dès le départ avec la valorisation de Koro-sensei. Assassiner Koro-sensei est-il juste? Est-ce la meilleure chose à faire? A-t-il vraiment l'intention de détruire le monde? L'auteur a fait en sorte que nous nous attachions à un personnage qui est censé endosser le rôle du "méchant" de l'histoire. Ce terme est à prendre avec des pincettes. Beaucoup de méchants sont appréciés dans des animes et combien même ils peuvent avoir une personnalité exécrable, des fans seront toujours là pour soutenir leur développement. Le problème de Koro-sensei est qu'il n'est pas un "méchant" comme les autres. D'abord, vu l'importance et la présence du personnage, on pourrait dire que c'est lui le personnage principal ce qui est contraire à la logique protagoniste-antagoniste. Du moins, ça me semblait vrai la première saison. Dans la seconde, Nagisa me paraît le supplanter comme on s'y attendait au départ, et c'est pourquoi le deuxième argument tient plus la route : contrairement au méchant lambda d'un histoire, Koro-sensei ne nous a jamais été démontré comme le "méchant" de l'histoire. Certes, on nous dit que c'est lui qui détruira le monde dans un an, que toutes les nations veulent sa peau mais jamais Matsui Yuusei n'a voulu nous donner cette impression. Effectivement, sa conviction de détruire le monde n'est pas crédible si dans le même temps, il se donne corps et âme à l'enseignement, au bonheur et à la sécurité de ses élèves.

Et là, j'aboutis à une conclusion implicitement avancée dans ma première critique. Elle consiste à dire que l'auteur aurait cassé certains codes de l'histoire-type. Il aurait démonté pièce par pièce le fameux engrenage auquel nous avons toujours été habitué. C'est quoi un méchant finalement ou un antagoniste? A-t-on besoin d'avoir un opposant aux "gentils" pour faire une histoire digne d'intérêt? On rompt avec le manichéisme constamment présent dans ces histoires a priori sans prise de tête. À l'inverse, quand on regarde un anime d'une toute autre envergure tel que Psycho-Pass par exemple, on se dit à la seule lecture du synopsis que la frontière entre le bien et le mal doit être confuse dans cet univers. Avec Ansatsu Kyoushitsu, ça devrait être simple mais en fait, pas du tout, c'est aussi complexe mais à sa manière. L'histoire n'essaie pas de forcer l'idée pour autant, on peut très bien regarder sans trop se poser la question. Mais j'estime qu'il est plus intéressant de regarder cette saison avec cette problématique en tête alors que pour la première, la comédie suffisait pour accrocher suffisamment. C'est à chacun ensuite de penser ce qu'il veut, l'histoire se concentre sur les sentiments et les incertitudes développés par les élèves. Ce qui m'étonne tout de même est l'approche d'un anime "n'importe quoi" que j'ai pu avoir au début de cette série alors qu'elle se révèle bien différente après avoir vu tout ces épisodes.

Bien entendu, ce dilemme se fait plus présent au fil des épisodes jusqu'au moment où il faut passer à l'acte car le délai arrive à son terme. Les épisodes montent progressivement en intensité et nous offre un final qui déchire le spectateur intérieurement entre à la fois émerveillement et tristesse. La fin est très belle quoi qu'on en dise, sûrement l'une des meilleures fins que j'ai vu me concernant. Elle a su mettre en valeur chacun des personnages comme chacun des bons moments passés devant l'écran. Pour ne pas finir brusquement, on assiste à un épilogue réussi qui présente de l'intérêt par une fin ouverte grandiose, ouvrant alors un nouveau cycle propre à l'édification d'un mythe. Finalement, on pourrait quitter Ansatsu Kyoushitsu sur un beau message : Koro-sensei a fait plus qu'être un incroyable enseignant attentif et affectueux pour ses élèves, il leur a légué un héritage.

Conclusion :

Inutile de s'éterniser sur cette saison, elle est aussi bien réalisée que la première et termine l'histoire en fournissant pour le moins ce qu'on pouvait espérer de ce divertissement. Tout convaincu du manga ou de la première saison n'a pas besoin qu'on lui argumente pour poursuivre sur la seconde, cela se fait naturellement et ici, j'assure qu'il n'y a pas de taupe sauf si vous vous attendiez à de la pure rigolade. Régulier dans l'ensemble et égal de son prédécesseur, je note ce second anime 7/10.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Pitucho, inscrit depuis le 20/02/2016.
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