Tu vois un peu ces moments ou, fourbu, balloté par les vents intrépides et impitoyables du quotidien, tu rentres chez toi sur les rotules pour vite te mettre à l'abri? ou t'as juste pas envie de parler à qui que ce soit ne serait-ce que pour dire bonjour à la vieille connaissance croisée inopinément ni même de décrocher quand ta daronne t'appelle? ou t'as l'impression que tout le monde s'est donné le mot pour se foutre sur ton chemin? une fois au chaud, tu vire tes frusques, tu te fais une camomille, tu manges un beignet à la fraise, t'allume ton pc et tu poses tes fesses et tu te dis "chui bien". Voilà! c'est ce que j'ai ressenti dès les cinq premières minutes de Karakai Jouzu no Takagi-san, j'étais bien.
En vrai je pourrais m'arrêter-là, cet anime tu rentres dedans comme dans du beurre, pas la peine de chercher midi à quatorze heures. Une collégienne sagace amoureuse de son p"tit camarade, multiplie toutes les tentatives possible et imaginable et souvent même avec brio, afin d'attirer son attention.
Et bien sûr ce dernier y capte que dalle, pourtant j'ai dit avec brio, ba ouais mais le truc c'est que t'es souvent le dernier au courant que tu as une énorme tache sur la tronche à moins qu'on te le dise clairement mais ça serait trop facile non?
Le gamin il est aux antipodes du coureur de jupons égocentrique, il est la définition du mot niais.
Pourtant il y pense et pas qu'un peu, ça le déstabilise tellement qu'il a parfois du mal à se concentrer en cours parce que clairement, cette petite, c'est celle que vous n'arrêtiez pas de regarder furtivement en classe et alors parfois, vous étiez alors sacrément loin...
C'est pas le jardin d'enfant mais c'est pas non plus le lycée ou les trucs cochons stade 1 à 5 nourrissent pleinement votre imagination ou inspirent la pratique et c'est pour ça que même si on a déjà vu le script de l'anime, le fait de choisir l'entrée au collège comme cadre fait toute la différence.
Parce que là c'est la découverte totale! pure et sans corruption de frimeur précoce pour tout gâcher! un monde entier de mystère qui s'ouvre! tu as entendu parler de la neige mais quand tu la vois pour la première fois, tu restes sans rien dire, c'est blanc, c'est doux, ça fait pas de bruit et ça fond tellement vite sur ton poignet que tu n'as pas le temps de ressentir autre chose qu'un léger frisson...
On t'a dit qu'elles étaient comme toi mais tu voyais bien qu'elles étaient différentes, peut-être à cause de la coupe de cheveux, de l'odeur ou des vêtements, d'façon tu t'en foutais! puis quelques années plus tard, il y a du changement et là tu as commencé à faire attention, à sentir des trucs, à relever des détails, peu importe ta réaction, tu peux pas juste être indifférent.
Ça arrive très vite, tu penses, billes, pogs ou cartes, tu sautes en criant des noms bizarres mais parfois il y en a une qui passe par là et jette un regard dans ta direction et étrangement tu te sens con alors t'essayes de t'improviser une attitude.
On te chuchote que c'est normal qu'elles te dépassent, parce qu'à ce qu'il paraît elles sont plus mûres. Mais c'est quoi ce bordel? Il y a tout un vocabulaire qui évoque des choses que tu ne saisis pas vraiment pourtant ça te donne des coups de chaud mais tu vas quand même pas aller à la bibliothèque pour ça non? surtout en plein été...
ça a presque l'air de légendes urbaines, de mythes que les plus grands t'ont raconté pour faire genre. c'est flou, tu entrevois à peine les grandes lignes, ça rend un peu nerveux d'avancer à l'aveuglette.
Lui c'est Nishitaka, elle c'est Takagi, et Karakai Jouzu no Takagi-san c'est l'histoire du premier contact tout simplement, pas celui des extraterrestres non, c'est plus concret mais t'es pas plus avancé pour autant, l'imagination par contre est tout aussi fertile. La mer est immense, l'horizon tu n'en vois pas la fin.
La dynamique est celle du court, simple mais efficace, diablement efficace, dans certains cas ça sert à rien de chercher plus loin, y'a pas besoin.
Mise en scène du quotidien au rythme des récrès et des vacances, tantôt candide et mièvre, tantôt drôle et captivante, tantôt pathétique et émouvante et quelque part ça te touche, plus ou moins profondément mais ça te touche.
Un humour constant, le principe est celui du gag mais bienveillant. Un découpage en historiette anecdotique qui ont chaque fois pour défi de présenter sous un jour nouveau, le charme de cette relation entre Nishitaka et Takagi. Certaines fois on l'attendait, d'autres fois on est surpris et c'est agréable, on s'attache, on s'entiche.
On a envie d'une finalité, c'est naturel après tout mais elle n'est pas nécessaire, ça pourrait durer 100 épisodes, on aimerait bien mais au final court mais intense c'est tout aussi bien.
Tout le long c'est un quiproquo qui au fond n'en est pas vraiment un et dont nous sommes les témoins privilégiés, et même s'il est bien souvent aveuglé par son envie de rendre la monnaie de sa pièce à cette chipie, quelque part il sait.
Car que veut-il au fond? peut-être finalement l'atteindre et lui faire ressentir ce qu'elle lui a quotidiennement fait subir, la gêne d'être vulnérable et ne pas savoir ou regarder?
Elle, sans jamais se départir de sa grâce naturelle, l'asticote avec entrain et malice, après tout le cadre y est propice, mais jamais avec vice car Karakai Jouzu no Takagi-san
mène sa barque avec tendresse à l'image de ce jeu des gages et du "t'es pas cap'' comme innocent chantage affectif et qui est une véritable tartine de beurre salé avec de la confiture de groseille.
taquin mais pas mesquin, probablement parce que l'on aime bien, mais pas comme on aime sa famille ou ses copains.
Karakai jozu no Takagi-san n'a aucune prétention si ce n'est peut-être de vouloir retourner à l'essentiel et de s'y tenir. Comme de s'arrêter une minute et s'accroupir pour observer les fourmis et s'émerveiller de petits riens invisibles et pourtant bien présents.
Ces moments d'intimité "volés" au près de Takagi et Nishitaka nous rendant tout autant complices de ce qui est anodin que de ce qui est fondamental, nous sont livrés ici avec franchise et sans artifices.
Franchement ne pas utiliser le terme mignon serait vraiment par volonté de vouloir l'éviter à tout prix afin de préserver une contenance de type en marbre. J'étais un koala quand j'ai regardé cet anime, j'assume, c'est bien d'être un koala parfois.
J'étais content, j'en ai eu pour mon argent. Elle serre un peu au niveau de la poitrine cette nostalgie, mais elle est d'une tiédeur unique, putain que ça passe vite! en y repensant un instant depuis ton perchoir, tu te dis que t'aurais aimé que ça dure un peu plus.
Est-ce qu'au moins tu en as profité? Est-ce que c'était bien? Est-ce que tu te souviens? ça commence à faire mine de rien.
C'était sûrement différent pour tout le monde et en même temps quand tu marches dans la rue, il t'arrive d'en voir qui chahutent bruyamment ou au contraire se tiennent la main. Toi je sais pas à quoi t'aurais pensé, c'est selon l'humeur du moment bien sûr, moi un coup ça m'insupporte, un coup je pense "kiffez, ça file vite, kiffez tout simplement."