Il fallait bien que quelqu’un se colle à l’adaptation des romans d’Agata Christie en animation, et ce sont les japonais qui ont mis la main dessus. Il faut dire qu’il y avait de quoi être galvanisé par le succès de Détective Conan commencé la décennie précédente.
C’est donc durant l’été 2004 qu’est apparu Agatha Christie no Meitantei Poirot to Marple. Il est peut-être passé inaperçu à l’époque car il faisait face à une dure concurrence. Après tout, Elfen Lied, Kakurenbo et l’épisode spécial Pikachu's Summer Festival étaient quand même sortis au même moment et avaient de quoi faire tourner toutes les têtes (surtout le dernier).
Commençons par le point principal : l’adaptation. Amatrice des romans d’Agata Christie (et tout aussi fan des adaptations cinématographies et sur petit écran qui ont été faites – à 90% des cas), je connais très bien les histoires originales et la façon de les monter, ce qui me permet de faire une comparaison entre l’œuvre de base et l’adaptation, sur le fond comme sur la forme.
Souhaitant apporter une originalité (et puis les petites filles et les animaux c’est trop mignon), la série ajoute aux histoires la présence de la nièce de Miss Marple, Mabel, ainsi que celle de son animal de compagnie, un canard nommé Oliver. Cela va être à peu près le seul décalage entre les romans et la série, ce qui va créer des changements minimes dans l’avancée de l’enquête (Oliver qui découvre un pistolet dans l’herbe par exemple, ou Oliver qui cancane pour signaler une action étrange). Je dis cela sans aucune critique négative car la présence d’Oliver était certes inutile, mais tout de même appréciable. Ces détails mis à part, inhérents à la présence de ces nouveaux personnages, la narration se fait conformément aux œuvres originales, sans pour autant faire des plagiats de scènes déjà vues dans les adaptations live.
Les épisodes vont donc traiter des histoires différentes de l’écrivain, parfois en un seul épisode, parfois en plusieurs. Cette narration est adaptée car elle permet de ne pas se précipiter à condenser un roman en seulement vingt minutes. Les nouvelles courtes vont alors être résumées en un épisode, quand ABC Contre Poirot par exemple sera construit en quatre épisodes, soit l’équivalent d’un long-métrage.
On sent la patte d’une adaptation non européenne, qui a eu quelques difficultés avec l’histoire originale en anglais d’un détective belge qu’on confond souvent avec un français. Le staff s’est toutefois essayé à glisser des noms occidentaux dès que cela était possible (Madame Lemon n’en est qu’un exemple) et à montrer à l’écran des lettres et notes écrites dans un franco-anglais approximatif, ce qui est aussi le cas quand on se penche en détails sur la géographie européenne. Ce n’est pas parfait mais ne dit-on pas que c’est l’intention qui compte ?
Les screenshots présents sur la fiche sont très jolis mais ne sont pas représentatifs des affreuses couleurs ton sur ton utilisées à tire-larigot. Genre Mabel habillée en vert clair (pour ne pas dire le vert pomme affreux qu’aucune personne sensée ne porte), sur une banquette de train vert clair de l’exacte même couleur. Les couleurs ont été gérées de la même façon que lorsque je m’amuse à colorier quelque chose en ayant seulement deux feutres différents. Cela peut sembler anecdotique mais cette malheureuse gestion des couleurs se reproduit à de multiples occasions, et bon Dieu que ça fait mal aux yeux.
J’aborde également l’opening, qui n’a rien à voir, mais vraiment rien à voir, avec le thème policier. Il est très plaisant à écouter et à regarder (peut-être un peu agaçant au début mais on y prend goût), mais le côté pop avec des images de canard (certes, il s’agit d’Oliver) et des paroles en mode « I love you », me paraissaient un peu WTF. Au final il parvient à se fondre dans les épisodes, mais j’ai tout de même un doute sur la pertinence de ce choix de musique pour une série policière.
Agatha Christie no Meitantei Poirot to Marple est une bonne série pour les amateurs d’enquêtes et saura ravir les fans de l’auteure car elle ne détruit pas le modèle mais apporte une originalité que je n’aurais pas pensé trouver dans cet anime. La narration est fluide et on se retrouve à enchaîner les épisodes avec une facilité déconcertante. Je m’en vais maintenant regarder Pikachu's Summer Festival afin de voir si l’année 2004 était véritablement un bon millésime.