En tenant compte du fait que j'ai lu les romans d'origine (du moins ceux sortis actuellement en anglais) ma vision de l'animé en est donc modifiée.
Contexte
L'histoire se déroule dans les années 1920 d’un monde uchronique .
- où la première guerre mondiale n'as pas eu lieu.
- où la situation politique interne de l’Allemagne (nommé L'Empire dans cette Uchronie) est celle précédant 1914.
- où une certaine forme de magie existe, ressemblant plus à une énergie "psionique" (un truc de pouvoirs mentaux chez les mutants) pouvant être exploitée, au travers d'objets technologiques, à des fins militaires.
Si je devais faire une analogie, les "mages" de ce monde pourraient être comparés à des hélicoptères de combat dans le notre.
En 1920 "L'empire"(Allemagne) se sent menacé par ses voisins frontaliers et est donc fortement militarisé.
- A l'ouest la "République" (France) avec en arrière plan le "Royaume-Allié" (Angleterre)
- Au Nord "l'Alliance" (Danemark/Norvege/Suede)
- A l'est la "Fédération de Russy" (l'URSS)
- Au Sud-Est le "Royaume de Daccia»" (équivalent au Royaume de Hongrie de l'époque)
Histoire
L’aperçu donné par le premier épisode ressemble à une bataille de tranchée de la première guerre mondiale où une espèce de loli maléfique volante en uniforme allemand avec une tronche de coccinelle provoque de méga-explosions en compagnie d’une autre fille dotée d’une tronche de poulpe.....
Et là tu te dis..... Ouais.... C'est cela...... Y a des petites filles nazis avec des charas design moches qui jouent aux avions, qui ont des champs de force et qui font tout péter.... Y'a combien d'épisode?... 12... Ouais.... C'est cela....
Au moins elles portent des combis fourrées contre le froid (ouf, pas de fan service), ce qui évite de poser l'inévitable question devant ces magicals girls qui volent en jupettes: "Mais comment qu'elles font pour pas avoir froid au cul?"
Probablement pour des raisons d'accroche, le premier épisode relate des évènements plus tardifs de l'histoire.
Le véritable début est l'épisode 2. C'est celui à regarder afin de savoir si le scénario peut vous attirer.
Nous démarrons avec "Trouduk" (j'attribue ce nom car l'individu ne nous donne pas le sien).
Trouduk semble être un mâle nippon célibataire d'une trentaine d'année vivant dans les années 2010 de notre monde.
Trouduk représente le concept de la ressource humaine idéale de l'ultralibéralisme.
Trouduk élève pratiquement au niveau de religion les lois du libéralisme, de l'entreprise, de la productivité et de la carrière.
Trouduk méprise les gens ne se pliant pas aux préceptes précédemment cités
Trouduk travaille aux ressources humaines et a pour boulot de virer ceux n'atteignant pas les objectifs fixés par l'entreprise, et ceci sans états d'âmes.
Trouduk privilégie la logique aux sentiments.
Trouduk serait-il un vulcain?.... Non car il n'a pas les oreilles pointues.
Trouduk serait-il un sociopathe?.....
Et Trouduk se fait pousser sous un train par la dernière "ressource" qu'il a viré.......
Et.... Time Stop......
Alors qu'il va se faire écraser par le train, le temps se fige et Dieu s'adresse à lui, lui faisant remarquer son manque de foi, de compassion, etc....
Et dans une magnifique démonstration de logique, Trouduk déclare:
- qu'il réfute l'existence de Dieu dans une société technologique,
- qu'au mieux cette entité douée du pouvoir d'arrêter le temps pourrait être appelé "Etre X",
- que si la foi se perd, c'est que le modèle économique et marketing de vente de celle-ci est nul,
- que dans une société moderne en paix, seul les déchets éprouvent le besoin de croire en un dieu.
Un peu énervé par ce raisonnement, Dieu/Etre X décide donc de faire découvrir la foi à Trouduk en le réincarnant dans un monde alternatif moins technologique et y rajoutant les éléments suivants:
- Tu seras un fille
- Tu seras orpheline
- Tu seras pauvre
- Tu vivra dans un monde au bord de la guerre
- Si tu ne réussis pas à mourir d'une mort naturelle dans ce monde tu ne seras plus jamais ré-incarné.
- Ainsi soit-il!!!
Et Trouduk renaît dans l'Empire de l'Uchronie en 1913 et devient....... Tanya
Tanya est donc une orpheline qui grandit, comme il se doit, dans un orphelinat tenu par des sœurs; à crever la dalle; dans une société patriarcale; sans grand espoir pour son avenir.
Sauf que Tanya est Trouduk avec l'ensemble de ses connaissances et souvenirs de son ancien monde.
Sauf que Tanya fait partie de la minorités de personnes possédant un accès à la magie, une chance croit-il/elle.
Les "mages" étant suffisamment rares pour que les femmes et les enfants soient acceptés dans les glorieuses forces de l'Empire; à une époque où la protection de l'enfance n'est pas vraiment une priorité; Tanya/Trouduk décide de s'engager à 7 ans dans l'armée afin d'y bâtir tranquillement son avenir.
Malheureusement pour Il/Elle, la guerre va se déclencher et foutre en l'air son plan de carrière, sans compter les interventions intempestives de Dieu/Etre X.
Nous allons donc suivre Tanya, qui s'appuie sur les connaissances historiques de son monde d'origine pour garantir sa survie durant la guerre à venir et sa progression au sein de l'armée impériale.
Et voilà pourquoi nous avons sous les yeux un personnages de petite fille avec un comportement adulte à la limite de la sociopathie……. ce qui induit un jouissif sentiment coupable.
Analyse
C'est Trouduk qui raconte l'histoire.
Il se considère comme un passager dans le corps de Tanya dont il parle souvent à la 3eme personne. Il n'y a donc aucune ambiguïté de genre et il maudit la plupart du temps les limitations de ce corps de gamine qui le force à faire 4 fois plus d'efforts pour être pris au sérieux par ses supérieurs.
Le lecteur des romans n'a jamais l'impression d'avoir à faire à une enfant, si ce n'est épisodiquement dans les réactions renvoyées par les adultes qui l'entourent.
Le chara-design particulier de Tanya et de son adjointe est une adaptation visuelle probablement destinée à limiter le côté dérangeant d’une adorable petite fille en train de fabriquer des sushis à coup de baïonnette.
Avec ce chara-design et ces expressions diaboliques:
- on n’a jamais l'impression d'être réellement devant une enfant.
- on évite le malaise du spectateur face un marmot tuant sans état d'âme.
Le propos de l'auteur n'est pas de parler d'enfants soldats mais de rejouer l’enchaînement inéluctable menant à la guerre mondiale (en réalité une fusion des 2 guerres mondiales) au travers du protagoniste et en profitant du récit pour démonter:
- L'ultralibéralisme
- Le communisme (plus tard dans les romans)
- Le nationalisme
- La religion
- La guerre
Contrairement à ce que dit le titre "Tanya the Evil", le personnage n'est pas maléfique. Il manipule son environnement dans le strict respect des lois en vigueur pour en tirer un profit personnel maximal.
Toutes les prises de risques pouvant sembler d'apparence héroïque ont été mûrement réfléchies pour un maximum de rentabilité.
Exemple: Il protège un de ses subordonnés
Ce que pensent les autres
- "Elle a vraiment du coeur!. "
Ce que pense Trouduk
- "Vu le temps que j'ai dépensé pour former cette précieuse ressource il faut la préserver pour le moment ou j'en aurais besoin comme bouclier."
ou
- "Avoir trop de pertes au sein des troupes sous mon commandement va plomber mes évaluations de performances."
Non Tanya n'est pas le mal, Trouduk est ce que l'on enseigne aux jeunes pour réussir dans notre monde actuel et à venir.
Et quelque part, c'est encore plus effrayant!
Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un shonen. Exemple, c’est grâce aux connaissances issues de notre monde que Tanya va permettre le bombardement d’une ville peuplée de civils en toute légalité.
Et je vais finir schizo à basculer du Il/Elle et du Tanya/Trouduk.
Avis
Alors qu’est ce que je pense de Youjo Senki
- Le personnage est intéressant, la dichotomie permanente entre son apparence et ses pensées en fait un des MC les plus perturbants que j’ai pu voir ces derniers temps,
- L’identification des évènements et personnages historiques (parfois fusionnés) est un exercice amusant si l’on s’y prête (et requiert Wiki pour les plus nuls en Histoire).
- l’animation n’est pas fulgurante mais agréable à regarder,
- Le chara-design, (en dehors de Tanya et de son adjointe Viktoriya qui sont volontairement déformées) utilise des proportions plus proches de la normalité que du Disney,
- La musique colle parfaitement aux situations.
- Quelques passages amusants, souvent après l’ending sont là pour détendre la situation.
Alors oui j’ai pris plaisir à regarder cette adaptation animé. Les héros «shonesques/Shojesques», par nature manichéens finissent par être ennuyeux et des personnages aux caractères plus nuancés, donc plus proche de la nature humaine, finissent par faire du bien.
Si vous n’avez pas d’affinité pour les histoires à la Tom Clancy (romancier militaro/politique) sans les pages de descriptifs techniques sur le dernier missile M65B26XmodV:-), il est possible que vous vous ennuyez, Pour les autres, lancez-vous.
NB Le traducteur (pour le sous-titrage) semble s’être mélangé les pinceaux dans ses traductions d’entités militaires, ce qui rends parfois les situations incohérentes. Du coup, après analyse, je corrige:
4 sorciers = 1 peloton
3 pelotons = 1 compagnie
3 à 4 compagnies = 1 bataillon