Lupin III – Tokyo Crisis : la médium et le détective
Sorti en 1998, Tokyo Crisis est un téléfilm de Lupin III considéré par une large majorité des fans comme faisant partie du meilleur de ce que la licence a pu proposer sous ce format. Cet opus fait suite à Walther P38 qui voulait orienter la franchise dans une direction sombre et violente ; mais Tokyo Crisis répond en ramenant la licence vers ses sources et ce qui a fait son succès.
Le récit débute alors que Lupin est sur la trace du trésor de la famille Tokugawa, la dynastie qui a régné sur le Japon durant la période Edo. La clé du trésor se trouverait dans deux photographies de Yoshinobu Tokugawa, le dernier des shoguns. Et justement, un richissime entrepreneur, Michael Suzuki, a fait l’acquisition de ces deux photographies pour les exposer lors de l’ouverture de son gigantesque complexe industriel situé en pleine baie de Tokyo, Aquapolis.
Mais partout où il y a du Lupin, l’Inspecteur Zenigata n’est jamais loin. Il suit donc de très près les préparatifs de l’inauguration, et est lui-même suivi par une jeune journaliste, Maria.
L’inévitable confrontation entre Lupin et Zenigata ne tarde pas à arriver, mais une troisième partie vient chambouler le scénario. Bien vite, la chasse au trésor prend un tour dramatique lorsque les véritables intentions de Suzuki sont révélées…
Pour dire la vérité, les qualités de ce film ne viennent pas vraiment de son histoire. Très prévisible et pas spécialement bien écrite, elle reste dans la moyenne. Tokyo Crisis brille surtout par son humour omniprésent et par la grande justesse avec laquelle les personnages iconiques de la série sont décrits. En particulier, cet anime redonne ses lettres de noblesse à l’Inspecteur Zenigata, qui est mis sur le même pied d’égalité que Lupin. Son interaction avec Maria et l’attachement presque paternel qu’il éprouve fait écho aux rares caractérisations du personnage que l’on avait pu voir, par exemple, dans le Secret de Mamo. Son obsession pour la capture de Lupin est mise en perspective lorsque les deux rivaux devront, au moins un temps, mettre leur querelle de côté pour sauver la demoiselle en détresse.
Les personnages secondaires eux aussi sont intelligemment traités : en très peu de temps le scénario arrive à les rendre intéressants en détournant leur personnalité habituelle. Le plus flagrant est Goemon qui dans ce film est privé de son sabre Zantetsuken, ce qui change complètement son attitude.
Je disais plus tôt que le film était bourré d’humour et il est vrai qu’ici on se prend rarement au sérieux. Même les scènes d’action, telles que la poursuite en voiture du début, se transforment bien vite en grand n’importe quoi hilarant. Toutefois, le drama est bel et bien présent et des thématiques très sérieuses sont abordées, telles que la bioéthique par exemple. Cela reste malgré tout très caricatural et l’ajout d’une touche de science-fiction maintient l’ensemble dans son petit nid douillet de série B très sympathique.
Si jamais vous devez voir ce téléfilm, il sera impératif de privilégier la VO, en raison du casting vocal. Maria est interprétée par Megumi Hayashibara, la plus grande comédienne de doublage de cette industrie faut-il le rappeler. Michael Suzuki est lui doublé par Koichi Yamadera, autre très grand acteur qui, pour l’anecdote, et celui reprendra le flambeau de Goro Naya dans le rôle de Zenigata dans les plus récentes itérations de la franchise.
Tous ces éléments et bien d’autres font partie de ceux qui ont permis de ranger Tokyo Crisis comme un des meilleurs épisodes de la saga sous sa forme de téléfilm. Très équilibrée, respectueuse de la franchise tout en grattant un peu la surface des personnages, la réalisation accomplit ici un travail tout à fait remarquable, et pas seulement pour les fans de Lupin. 7,5/10
Les plus
- Personnages brillamment mis en scène
- Humour, drama, action, tout est là
- Réalisation très correcte
- Musiques et doublages originaux très réussis.
Les moins
- Des plot devices parfois insensés