Lupin III – L’Or de Babylone : la vieille et le trésor perdu
Troisième long-métrage de Lupin III, L’Or de Babylone occupe une place particulière dans la saga en ce qu’il fut produit durant la diffusion de la troisième série, celle où Lupin porte la veste rose.
Lupin III Part III est la troisième série TV de la saga, diffusée entre 1984 et 1985. Cette série est encore moins connue que le reste de la saga en Occident, car elle fut déjà relativement peu populaire au Japon. Très portée sur la comédie, cette série reste globalement fidèle dans le ton aux autres opus mais propose un chara-design détonnant avec notamment cette veste rose du plus bon goût. Anyway, la série reçut un accueil mitigé au Japon et aucun autre anime de Lupin III ne reprit son design ; sauf ce film.
L’histoire raconte la chasse au trésor de Lupin, qui recherche le trésor perdu de Babylone. Selon une légende qui lui fut contée par une mamie SDF alcoolique de New York (!), un dieu aurait caché la richesse en or de la cité avant sa mythique destruction. Une histoire qui se teint de réalité lorsque sont découvertes des tablettes anciennes révélant l’emplacement du trésor…
Évidemment Lupin ne sera pas seul sur le coup puisque la plupart des tablettes sont détenues par Marciano, chef psychotique de la mafia new-yorkaise, qui est obsédé par le trésor. Et n’oublions pas l’Inspecteur Zenigata qui se voit attaché une équipe féminine façon « Gendarmettes » pour l’assister dans sa traque de Lupin…
Beaucoup de gens ayant vu pour la première fois l’Or de Babylone l’ont détesté, à cause d’une part de son design cartoonesque, mais également de son humour à base de gags aux ras des pâquerettes. Le début du film notamment fait plus penser à un épisode des Looney Tunes qu’à un Lupin The Third.
La suite n’ira pas en s’arrangeant car malgré de bonnes séquences d’action et une animation correcte, le récit part dans le WTF le plus total ; ce qui, selon les standards de Lupin III, est une forme d’exploit.
Pour comprendre cet OVNI, il faut regarder le staff dans lequel on trouve au poste de co-réalisateur M. Seijun Suzuki. Ce bonhomme n’appartient pas à l’industrie de l’animation japonaise mais est cinéaste ; il est notamment connu pour avoir réalisé plusieurs dizaines de films de séries B à partir des années 60. Très controversé même dans son propre pays, où il devenu une icône de la contre-culture, il est crédité au générique de Lupin III part III en tant que scénariste de l’épisode 13, qui est sans doute l’épisode le plus surréaliste que j’aie jamais vu en japanimation.
On devine donc d’où provient la dose de folie qui anime le scénario et qui l’emmène vers une conclusion aussi surprenante que farfelue. Toutefois, un délire peut être plaisant dans un format court de dix-vingt minutes, mais il l’est rarement dans un long-métrage d’une heure quarante. Ainsi, L’Or de Babylone est à n’en pas douter un indispensable pour le Lupinologue de par sa place unique dans la saga, mais son intérêt ne va pas chercher beaucoup plus loin. 5,5/10