Lupin III - Le Secret de Mamo : La femme fatale et le savant fou

Tel le prospecteur qui recherche des paillettes d'or dans les rivières, il faut s'armer de patience et de persévérance pour trouver des perles dans la franchise Lupin III. En quarante ans de carrière, cette dernière n'a pas fourni que des bons animes loin de là. Tout le monde a en tête le film réalisé par Hayao Miyazaki, qui est d'ailleurs son premier chef d’œuvre et le Lupin III le plus connu en Occident. Toutefois, j'ai fini par trouver une pépite encore plus grosse.

Et elle n'était pas difficile à repérer puisqu’il s'agit du tout premier film de Lupin III, sorti en 1978 sous le nom Rupan vs. Fukusei-Ningen. Ce long-métrage réalisée par Sôji Yoshikawa (grand scénariste d'animes des années 70-80, avec à son actif des séries cultes telles que Votoms ou Les Cités d'Or) est de l'avis général le plus fidèle à l'univers imaginé par Monkey Punch dans son manga orignal. Et à mon avis, c’est le meilleur tout court.

Le film commence de la manière la plus brutale qui soit avec la mort de Lupin, exécuté par pendaison. Mais l'Inspecteur Zenigata refuse de croire en la mort de sa némésis et va jusqu'à profaner sa tombe... Il découvre alors que le bougre est en réalité bel est bien vivant ! Il s'enfuit alors sous les yeux du policier médusé.

Lupin reprend alors ses activités en rejoignant ses complices Jigen et Goemon pour voler une pierre qui aurait dit-on le pouvoir de conférer la vie éternelle. Celle-ci était demandée par Fujiko pour le compte d'un mystérieux commanditaire... Mais les choses ne se passent pas aussi bien et la bande à Lupin devra bientôt affronter un ennemi implacable disposant de pouvoirs quasi-divins !

Je n'ai pas de mot pour exprimer la richesse de l'intrigue de ce film. Alors certes, on nage en pleine pseudo-SF de série B, digne des James Bond de l'époque Roger Moore (L'Espion qui m'aimait, Moonraker…). Mais je suis justement assez client de ce type de films et ce Lupin s'inscrit parfaitement dedans. L'histoire nous ballote à travers le monde ; en Transylvanie, en Égypte, en France, en Espagne, dans les iles des Caraïbes pour finir en Amérique du Sud. L'action est permanente, l'humour - souvent grivois - est omniprésent, il est impossible de s'ennuyer.

Mais ce qui fait la qualité d'un Lupin, ce sont ses personnages iconiques, et en cela Le Secret de Mamo fait figure de modèle. Sorti juste avant le hold-up de Miyazaki sur la licence, le film est d'une grande loyauté envers les personnages de Monkey Punch ; ainsi Lupin n'est pas ici un chevalier servant au grand cœur mais bien un voleur roublard à l'esprit pervers. Fujiko, Jigen et Goemon ne se cantonnent pas à faire de la figuration et leurs interactions, voire leurs dissensions, apportent certains des moments les plus intéressants du film pour tous ceux qui se prétendent réellement fans de Lupin III.

Au niveau technique, il est évident que ce premier film de 1978 se fait écraser par la mise en scène de Miyazaki, mais il compense largement avec beaucoup d'idées. Le long-métrage nous sert une animation soignée, un chara-design fidèle à la série originale et se permet quelques petits délires arty sympathiques, comme cette scène où Lupin se promène dans des tableaux de Dali (!) avant de croiser Hitler (!!). La musique n'est pas le point fondamental du film mais le thème principal de Yuji Ohno est resté dans les annales de la japanimtion.

Autre élément notable, ce film est le seul et unique Lupin III à avoir eu droit à un doublage français avec son nom d’origine, avant que des complications juridiques ne l’obligent à changer de patronyme (doublage français désormais introuvable dans le commerce).

Incompris par une grande partie des spectateurs qui ne voient Lupin III que par la réinterprétation de Miyazaki, Le Secret de Mamo est un témoignage de ce qu’aurait pu, de ce qu'aurait dû être Lupin III si ses adaptations animées étaient restées fidèles au matériau original. Inventif, drôle, explosif et résolument pulp, c'est là le Lupin III que j'aime et que ceux qui veulent vraiment connaître la licence se doivent d'aimer. Inégalable.

Les plus
- Une histoire riche et variée
- Personnages exploités à fond
- Caractères fidèles aux racines pulp de la licence
- 100% humour, 100% action
- Le thème mythique de Lupin III
- LE James Bond de l'animation japonaise

Les moins
- Allergiques aux vieux animes s'abstenir