Lupin III – Mine Fujiko To Iu Onna est un peu l’accomplissement d’un fantasme longtemps refoulé. Après une longue carrière à la télévision, malheureusement trop datée pour être connue du jeune public occidental, le héros créé par Monkey Punch vers les années 1970 était devenu silencieux, se contenant d’annuelles apparitions dans des films ou téléfilms tantôt brillants, tantôt oubliables.
Quel amateur de Lupin III n’a jamais rêvé de retrouver ces personnages, cette ambiance, dans une nouvelle série qui irait botter le cul de cette industrie devenue trop lisse au goût de beaucoup de monde ? Comme si cette plainte lancée en l’air avait été entendue, le studio TBS profite du quarantième anniversaire de la franchise pour lancer une nouvelle série, la première depuis vingt-sept ans. Et ce fantasme si désiré, ce sera à la réalisatrice Sayo Yamamoto, à la scénariste Mari Okada et au chara-designer Takeshi Koike de le réaliser.
S’adressant aussi bien aux néophytes attirés par les noms ronflants du générique, qu’aux vieux fans désabusés, Mine Fujiko To iu Onna se présente comme un retour aux origines du mythe. Lupin porte la veste verte de la première série, signe parmi tant d’autres de la volonté des réalisateurs de revenir à ce qui fait l’essence de Lupin III ; une série pensée, dirigée et produite par des adultes et pour des adultes.
L’histoire est racontée principalement du point de vue de Fujiko Mine, la femme fatale qui ne s’embarrasse pas de scrupules pour atteindre ses objectifs. Ses aventures nous permettront de rencontrer les différents personnages de Lupin III, à commencer par Lupin lui-même. Si le scénario peut sembler décousu de prime abord, il est par la suite évident qu’en réalité la série forme un tout cohérent, comme un long-métrage dont on aurait fait durer le plaisir sur treize épisodes. Une cohérence qui se poursuit dans le chara-design, la direction artistique et la musique, qui ont tous bénéficié d’un travail monstrueux et d’une finition exemplaire. Mine Fujiko To Iu Onna ne s’explique pas, il faut le regarder et le vivre par soi-même pour se rendre compte du degré de maîtrise et de maturité atteinte par cette production. Pour être honnête, j’ai beau l’attaquer par tous les bouts je n’y trouve pas de faux pas, de fausse note. Même au niveau du doublage, servi par des superstars de l’animation japonaise, on a toujours l’impression d’avoir affaire à des gens qui connaissent leur métier et qui nous le prouvent à chaque réplique.
Les plus sceptiques pourront toujours reprocher à Sayo Yamamoto d’avoir adapté Lupin III de manière trop personnelle, trop orientée. Mais c’est déjà ce qu’avait fait Hayao Miyazaki à son époque, pour notre plus grand plaisir. Mine Fujiko To Iu Onna n’est ni une réécriture ni une rétrogression, c’est simplement une autre page qui s’écrit dans une licence enracinée dans l’Histoire de la japanime.
Je pourrais continuer ainsi dans le namedropping, en vous disant par exemple que Dai Sato a collaboré au scénario ou encore que la musique est produite par Shinichiro Watanabe. Mais ce qui compte plus que les noms, c’est bien la quantité de travail produit, qui ici ne fait pas de doute. Après les sensibilités peuvent diverger ; c’est le propre de l’art que de ne pas plaire à tout le monde. Mais en l’espèce, Mine Fujiko To Iu Onna tape en plein dans le mille de mes goûts, de mes attentes en matière de divertissement animés. S’il fallait avoir un exemple de ce qu’est un anime de luxe, il est là.
Les plus
- Le retour triomphal de Lupin The Third
- Production value extraordinaire
- Un style tranché et assumé
- Ambiance adulte sans être austère
Les moins
- Animation souvent très limitée