Macross Plus, série d’OAV sortie durant l’Age d’Or de la japanimation (fin des années 1990), a fait l’objet en juin 2013 d’une réédition en Blu-Ray, contenant les quatre épisodes ainsi que la version long-métrage, le tout remasterisé en haute définition. L’occasion idéale de découvrir une œuvre qui transcende facilement son appartenance à la saga Macross pour livrer une vraie perle du genre.
Si Macross Plus aligne des têtes connues de la saga comme son créateur Shôji Kawamori à la supervision générale, on retient surtout la présence à la réalisation de Monsieur Shinichiro Watanabe, qui à l’époque sortait un peu de nulle part mais qui s’est depuis illustré comme un des créateurs incontournables du média. C’est d’ailleurs beaucoup plus facile d’aborder ces OAV comme un terrain d’expérimentation de Watanabe pour ses futures créations que comme un simple succédané de luxe de la saga Macross.
L’histoire se déroule après les évènements du premier Macross, et même si les références n’apparaissent que tard, il est tout de même utile d’avoir une connaissance même partielle de son contenu. Isamu Dyson, pilote de Valkyrie, est l’archétype du militaire insubordonné au sang bouillant. Ses frasques le conduisent à être muté sur la planète Eden en tant que pilote d’essai. Sur place, deux prototypes d’engins se font concurrence pour obtenir un juteux contrat avec l’état-major. Isamu est assigné au pilotage du prototype YF-19, tandis que l’équipe adverse tente de vendre son YF-21. Et il se trouve que le pilote d’essai de ce dernier est Guld Bowman, ancien ami et camarade d’Isamu…
A la rivalité professionnelle des deux hommes va rapidement se superposer une intrigue amoureuse lorsque Myung Fang, une vieille connaissance des deux hommes, débarque sur Eden. La suite du récit ne décroche pas la mâchoire par leur audace narrative, mais les choix dans la mise en scène de Watanabe font évidemment mouche et transcendent un pitch que les publicitaires résumaient, non sans pertinence sans doute, au "Top Gun de l'animation japonaise".
Pour commencer, la réalisation proprement dite éblouit dès les premières minutes. Les joutes aériennes qui constituent l’essentiel de l’action sont sublimes avec leurs mouvements de caméra vertigineux et les décors dynamiques intégrés à l’action. Ce travail est encore plus appréciable à l’heure où aujourd’hui la moindre boîte de conserve est animée à l’aide de CG ; dans Macross Plus TOUT est dessiné à la main, la 3D n’intervenant que pour quelques effets spéciaux à la marge.
Ajoutons à cela un travail conséquent sur les environnements, les architectures, et le monde de Macross Plus en général. Un des points intéressants de la série, et qui est d’ailleurs un point commun qu’elle aura avec Cowboy Bebop, est que le récit se déroule dans un univers fictionnel bien plus vaste que ce qui est montré au cours des quatre épisodes. Cela accentue le dépaysement et oblige le spectateur à prêter attention aux moindres détails. Notons à ce sujet la mémorable séquence du concert au début de l’épisode 2, sorte de trip onirique-érotique-psychédélique, où les animateurs se lâchent dans un exutoire que seul le format OAV aurait pu autoriser alors, jusqu’à ce qu’un certain Evangelion ne sorte un an plus tard.
Comme souvent dans les grandes sagas de l’animation japonaise, de grands créatifs sont parfois mobilisés pour mettre leur talent au service d’une licence bien ancrée dans l’imaginaire collectif des animefans. A ce titre, Macross Plus reste loyal envers la saga de Kawamori mais a également le parfum et la qualité des productions dans lesquelles trempe Watanabe. Amateurs de SF, d’animes d’aviation ou simples nostalgiques, ne manquez pas cette pépite.
Les plus
- Dogfghts et combats magnifiques
- Mise en scène soignée et inventive
- Dialogues ciselés typiques de la grande époque
Les moins
- Seconds rôles transparents
- Boss final assez moyen