Il est des séries que l’on ne termine que pour avoir le plaisir de se défouler sur le papier aussitôt la dernière minute de ces 26 épisodes achevées. Sans nul doute, je peux vous affirmer que KBS fait bien partie de ce type de série. Laissez-moi donc coucher ce plaisir sur le papier.
Alors, alors. Parlons déjà du positif, car non seulement il existe, mais en plus il est vraiment de bonne qualité. Pas le petit point positif que l’on cherche vainement au fond d’une production histoire de dire que, quand même, il y a eu un travail fournit avec. Là clairement l’animation et le graphisme ont été vraiment travaillé, même si les couleurs font très cartoons par moment, et manquent cruellement de noirceur, les personnages ont une gestuelle bien étudiée (pour la première fois j’ai vu des personnages rire avec les vrais mouvements qui vont avec, si, si !), la 3D est utilisée de façon plus qu’honorable pour une série datant de 3 ans, les mouvements de méchas sont fluides….etc, n’en jetez plus.
Hé oui, j’ai aujourd’hui vu quelque chose de très rare. Une série qui manifestement à du se voir allouer un budget technique assez conséquent, sans que pour autant il ne serve un instant le scénario.
Je m’explique.
Généralement c’est plutôt l’inverse. Fréquentes sont les productions dotées d’un scénar plus que correct, mais dont la production technique est bien loin d’être à la hauteur, ou bien trop irrégulière (TSB, Noir, Kenshin, Naruto….etc). Là on se demande bien ce qui a piqué le studio Bones. Chantre de séries novatrices au début de ce siècle, il semble bel et bien qu’il ait connu un réel passage à vide vers 2004-2005, perdant ainsi ce label. Lâchons donc le morceau, Kenrah Butoh Sai souffre d’une maladie incurable à ce niveau : le scenario et l’ambiance. Car non content de nous offrir une histoire aussi passionnante qu’une retransmission de curling, le staff nous propose également un concentré de nazitude concernant les personnages, les dialogues, l’univers… un florilège que j’ai rarement pu voir livré en paquet dans une seule et même série.
Déjà les personnages. Non mais là…. Franchement…. Quand même… Autant de certains studio on peut sinon le tolérer, au moins l’accepter, mais là c’est du concentré, du bon ! Rare fut les moments ou je ne me retrouvais face à mon écran en train de soupirer à ce point. Tout d’abord le héro. Absolument dénué de charisme, c’est une sorte de caricature « happy face » du héro de shonen. Par là je veux dire, qu’en plus d’accumuler à la pelle tout les défauts du genre (excepté le coté braillard) le bonhomme se trouve totalement dénué du minimum syndical de part d’ombre qui rend ce type de personnage sinon attachant, un minimum intéressant.
Ici notre personnage est tout bonnement insipide, d’un optimisme béat contenu dans une tête sans la moindre personnalité, infoutu de raisonner autrement que par des actes et belles paroles pleins de bon sentiments dégoulinant à chaque moment (tu as tenté de m’occire, je te sauve – classique du genre-, je veux sauver tout les enfants du monde, chacun à du bon en soit, ce qui est important c’est avant tout ce que tu portes dans ton cœur, ….etc)
Passé cet individu flasque, l’équipage qui l’accompagne ne trouve pas plus de quoi se réjouir. Ce sont des pirates (c’est super sympa un pirate, vous verrez, au bout de la 200eme fois que vous l’entendrez, vous penserez comme moi) plats comme des limandes, caricaturaux comme pas permis, avec la panoplie de personnages stéréotypé qui va avec. Et puis on peut également supposer que les scénaristes (ou le charadesigner) aient quelques soucis avec la boisson ou autre substances illicites car, allez comprendre pourquoi, mais deux membres de l’équipage sont des animaux parlant, un chat, et un dauphin dans une armure. Ca pourrait être passable, si au moins ils étaient pas les seuls animaux parlant de toute la planète. M’enfin de toute manière on est pas à une connerie prés dans cette série. Et s’il fallait s’arrêter à chacune d’entre elles, on aurait pas fini.
Bon rien que ça c’est vraiment navrant. Mais là ou ça pourrait être frustrant, ça devient minable lorsque l’on évoque le scenario. A la rigueur, que les acteurs soient mauvais (eh oui, le doublage est à la hauteur des personnages, on peut donc parler ici de réussite, car associer à ce point l’incompétence, c’est pas loin d’être formidable) ça peut se concevoir. Mais que le scenario soit à ce point insipide, surtout pour un shonen, c’est proprement scandaleux. A savoir que la trame scénaristique est proche du néant ! Pis encore elle utilise les codes du shonen et du mécha (personnage adulte ayant un passé que nous ne connaissons pas, un artefact mythologique, un robot que seul le gentil héro il peut piloter…etc). Non seulement Kenrah Butoh Sai se permet de créer des pistes de scenario qui sont certes classique (mais à la fin, c’est qui ce héro, c’est quoi son passé ??) mais présente au moins la qualité d’exister. A ceci prés qu’aucune de ces questions ne voient l’ombre d’une explication cohérente.
Je développe : Au tout début, le personnage principal manque de se noyer. Quand soudain le pendentif à son cou se met à briller vigoureusement, et que surgit un robot qui vient le sauver. Bon outre le fait que Graham le pilote avec une facilité déconcertante pour une première fois (pff on passe même pas par la phase initiatique du héro, j’vous jure, tout se perd), on aura jamais une once d’explication du pourquoi du comment. Tout juste les scenaristes proposeront une réflexion en toute fin d’animé, mais sans aucun fond. Et les exemples similaires sont légion (tiens par exemple : COMMENT ça se fait que le dauphin et le chat parlent !!!!!!!!).
Le pire étant que la quête (chasse au trésor) s’avère, là aussi bâclée que non développée. Bref elle n’a strictement aucun intérêt, les rebondissements tombant à plat, car là aussi, absolument pas expliqué.
Tant et si bien que l’on parvient à la fin de la série perplexe. D’autant plus qu’il nous faut supporter l’abrutissement de dialogues absolument niaiseux, remplis de grande envolée lyriques à la Francis Lalane, ou tout bon utopiste qui soit, et qui nous ressasse pendant 26 épisodes que:
- Y a du bon en chacun de nous. Si si !
- Pirate c’est d’la balle. Que c’est ça l’esprit des pirates !
- Qu’en étant brave, en écoutant son cœur, hé bien on déplace des montagnes (alors imaginez si on est pirate en plus !)
Je caricature sans doute sur les dialogues, mais je peux vous assurer que plus humaniste (béat) on a du mal à trouver.
Grosso modo, pour résumer je dirai que KBS fait mal. Physiquement ! En effet, j’en suis sorti perclus de crampes au final : à force de lever mes mains en haussant les épaules d’un geste dubitatif, laissant échapper quelques « gnééé ??» d’incrédulité face à tant de nullité, je me suis bloqué le cou.
Alors une question me tarabuste depuis quelques jours. Mais comment, au grand comment, Bones à t’il pu contribuer à faire subir à l’humanité une telle nullité ? De plus, depuis je rêve que je parle avec mon chat qui bouffe du dauphin…