Mashiro-Iro Symphony : l’embarras du choix
Il est de coutume, en ces derniers jours de l’année, de saluer une dernière fois la mémoire de ceux qui nous ont malheureusement quittés. Mais comme Shingo Araki et Kim-Yong Il étaient déjà pris, j’ai choisi de faire l’oraison funèbre du studio Manglobe.
Ce studio fondé en 2002 par des anciens de Sunrise s’est fait connaître en produisant ce qui pour moi reste comme une des meilleures séries d’animation, Samurai Champloo. Puis il transforme l’essai avec Ergo Proxy, anime expérimental écrit par le grand Dai Sato.
Puis, après ça ? Rien ou presque. Le studio s’embourbe dans des productions anecdotiques et bien souvent oubliables. En l’an de grâce 2011, le studio saute à pieds joints dans la médiocrité. Souhaitant probablement copier ses petits camarades en voulant s’assurer des revenus stables, il se lance dans l’adaptation de shônen avec Kaminomi zo Shiru Sekai et Deadman Wonderland, qui se sont avérées être deux des plus grosses escroqueries de l’année.
Et pour parfaire cette lente descente aux enfers, voilà que Manglobe nous sort Mashiro-Iro Symphony, une adaptation d’eroge. Ils auraient voulu tomber au plus bas qu’ils ne s’y seraient pas mieux pris.
Tout commence dans une ville quelconque d’un Japon qui ne connaît pas la crise. D’un côté nous avons un lycée cossu exclusivement féminin, et de l’autre un établissement low-cost mixte. Cette année, il fut décidé de tenter un mélange entre les deux institutions. Un groupe issu du lycée mixte étudiera dans le lycée pour fille. C’est là que débarque notre chanceux protagoniste, Ûryu Shingo, dont le charisme est à peu près aussi négatif que l’imagination des scénaristes.
Mais je vous arrête tout de suite. Mashiro-Iro Symphony est-il un anime harem ? Je crois que tout le monde l’aura compris. S’agit-il de suivre la vie trépidante d’un mâle alpha entouré d’un troupeau de stéréotypes ? je pense ne pas vous surprendre en répondant par l’affirmative. Mais est-on en face d’un anime vulgaire ? Cela dépend. Si vous recherchez humour bas-de-plafond, blagues salaces pour puceaux frustrés et autres cochonneries, passez votre chemin. L’herbe semble bien plus grasse chez le voisin Boku wa Tomodachi ga Sukunai. Mashiro-Iro Symphony c’est du harem certes, mais du harem haut-de-gamme s’il vous plaît. Le harem que l’on sert le soir du Reveillon, un harem présentable.
Toute la composante ecchi de l’anime se limite aux quelques premiers épisodes d’exposition. Par la suite on entre dans la vif du sujet avec une présentation successive de chaque demoiselle à conquérir. Sera-ce Airi, la jolie tsundere aux cheveux blonds ? Ou alors Angie, la maid aux cheveux verts fluo ? Ou peut-être Miu, la senpai aux cheveux violets pâles ? Et pourquoi ne pas rester dans la famille avec Sakuno, la propre sœur du protagoniste aux cheveux bleus ? Tout est possible en japanime. Sans parler de Sena, l’autre tsundere aux cheveux fushia…
Une fois que toute la marchandise a été examinée, soupesée et comparée, il est temps de faire un choix. Si mes souvenirs sont bons, le protagoniste le fait trois ou quatre épisodes avant la fin.
Car oui mesdames messieurs, l’anime se termine sur un choix. Je sais, c’est inconcevable, inimaginable, mais c’est la vérité. Le protagoniste finit avec une fille, et une seule. Et il n’y a même pas de paradoxe spatio-temporel qui nous fait étrangement revenir au début de l’anime pour voir ce qui se serait passé avec une autre fille. Tout est clair et limpide. Calme, luxe et volupté.
Grâce à cette mise en scène révolutionnaire, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher Mashiro-Iro Symphony de prétendre au titre de meilleur anime de l’année, voire de meilleur anime de tous les temps. Si toutefois on exclut le chara-design kitsch, la réalisation statique, les personnages ennuyeux, les dialogues émétiques, la storyline indigente et l’aspect ostensiblement alimentaire et publicitaire de cet anime qui nous sert une route parmi d'autres pour appâter le client qui pour voir le reste ira acheter le jeu vidéo qui, comme par hasard, est ressorti il y a quelques mois sur PSP.
Mashiro-Iro Symphony n’est sûrement pas le pire anime que j’aie vu cette année (Hoshizora e Kakaru Hashi et Starry Sky sont champions toutes catégories), et ne parvient même pas à se hisser au rang des animes nuls mais attachants comme le seraient Ro-Kyu-Bu ou Softenni. Il se situe quelque part entre les deux, au royaume des animes fades et sans intérêt qui brillent par leur vacuité totale.
Sur ce, on se retrouve très bientôt pour la saison deux d’Amagami SS qui démarre dans quelques semaines. L’année 2012 s’annonce déjà sous les meilleurs auspices.
Les plus
- Les génériques ?
Les moins
- Une GROSSE sensation de déjà-vu
- Chara-design obsolète
- Narration tortueuse voire aléatoire
- Des persos qu'on a parfois envie de flinguer