Ce qu'il y a de compliqué dans le fait de rédiger une critique sur une œuvre que vous vouliez voir depuis longtemps, et qui plus est une qui réunit à nouveau un duo artistique dont vous appréciez le travail (en l'occurrence Takashi Nagasaki et Naoki Urasawa), est qu'il est assez difficile de trouver le juste milieu entre un discours supposé objectif et une subjectivité trop évidente.
Pour le cas précis de Master Keaton, si sur certains aspects la série est largement qualifiable de redondante et conventionnelle, elle n'en demeure pas moins originale à bien des égards.
L'histoire met en scène Taichi Hiraga-Keaton, un anglo-japonais multifacettes. Ayant d'abord appartenu au SAS en tant qu'instructeur aux techniques de survie en milieu hostile, devenu ensuite archéologue semi-professionnel puis professeur d'histoire à la faculté. C'est en tant qu'investigateur en assurances pour le compte de la Lloyd's (célèbre marché de l'assurance britannique) que l'histoire va se dérouler. Si d'histoire il est possible de parler...
En effet, la série est mise en scène à la manière d'un talk-show américain classique. En l'occurrence une enquête par épisode ainsi que quelques épisodes flashbacks çà et là qui nous en apprennent un peu plus sur la vie de notre héros.
On suit Taichi Hiraga-Keaton au jour le jour (ou presque) sans espérer un quelconque dénouement. Exception faite des deux derniers épisodes qui forment une seule et même histoire, n'espérez donc rien d'un point de vue scénaristique, car c'est le néant total.
Il n'empêche que l'ensemble n'en demeure pas moins intéressant, même très intéressant pour quiconque est friand d'anecdotes relatives à l'Histoire et plus particulièrement l'archéologie. Le 20e siècle est d'ailleurs régulièrement abordé, comme, par exemple, la chute de l'empire chinois, en passant par les camps de concentration liés aux différentes guerres ou le mur de Berlin à plusieurs époques, ainsi que bien d'autres choses tout aussi fascinantes.
Sur la forme, notamment l'aspect visuel, difficile de nier la grande réciprocité entretenue avec la série Monster. Bien que le temps soit passé par là et ait rendu obsolète l'animation, elle n'en reste pas moins sympathique et facilement regardable. On imagine d'ailleurs assez mal une personne autre que Takashi Nagasaki (pour la patte graphique s'entend) pour l'aspect visuel tant celui-ci se marie parfaitement aux autres spécificités de la série.
Dont les musiques. Si chacun se fera un avis sur celles-ci d'un point de vue strictement individuel, soit extérieurement à la série, force est de constater qu'elles sont troublantes de concordance avec le reste de l’œuvre et apportent un réel plus à l’ensemble.
En conclusion, si pour vous l'absence totale de scénario n'est pas synonyme d'ennui et que vous souhaitez visionner une série singulière, alors Master Keaton risque fortement de vous intéresser.