Décidément, Satoshi Kon est en passe de devenir l'un de mes réalisateurs préférés (aux cotés de Miyazaki, Mamoru Hosoda ou Shinkai Makoto). Une fois encore, voici un petit bijou qui nous plonge entre rêve, fiction et réalité, à travers la biographie de l'extraordinaire parcours de Chiyoko Fujiwara, étrangement lié à un objet en apparence aussi insignifiant qu'une petite clé dont on ne sait même plus à quel coffre ou porte elle appartient.
Comme à son habitude, le réalisateur aime brouiller les pistes pour nous perdre dans les méandres de la mémoire de cette vieille actrice qui nous fait systématiquement passer entre sa véritable histoire et les films dans lesquels elle a joué, entrainant au passage un vieux metteur en scène admirateur secret de son parcours, accompagné de son jeune caméraman qui finira lui aussi par se prendre à ce petit jeu du chat et de la souris.
Dans sa mise en scène, ce film est digne des plus grandes heures du cinéma Hollywoodien des années 50-60, période faste pour laquelle l'expression "magie du cinéma" prenait tout son sens, avec ce qu'il faut de créativité, d'imagination mais également de poésie et de naïveté. Telle Audrey Hepburn, Chiyoko nous offre une carrière faite de succès et de productions grandioses qui finiront par la porter au sommet, malgré les revers et aléas de la vie. Le tout en parvenant à rester une personne aux goûts et désirs simples, essentiellement motivée par la recherche d’un jeune inconnu rencontré dans sa jeunesse. Cette rencontre brève et fugace est pourtant le leitmotiv de tout une vie, et la force des sentiments qui en découlent permettront finalement à la grande actrice de sublimer son jeu d’actrice, de faire ce que personne d’autre n’aurait pu faire et d’aller la où personne ne pouvait la suivre.
Pour ce deuxième film, Satoshi Kon avait donc une fois encore frappé très fort et prouvé qu’il méritait d’être connu comme un des plus grands réalisateurs de son époque.