Mobile Fighter G Gundam — Le point G de l’animation japonaise

» Critique de l'anime Mobile Fighter G Gundam par Deluxe Fan le
30 Août 2017
Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #1

Salut, ça va ?

C’est la rentrée des classes, mais t’as peur de retourner à l’école parce que tu sais que tu vas te faire frapper par le gros Jean-Philippe des CM2 ? T’inquiète petit c’est une situation que je connais parfaitement bien ; sauf que moi à l’école j’étais du côté de ceux qui tapaient, j’étais pas une victime comme toi. Mais rassure-toi, dans ma boutique c’est safe space, on pratique pas la violence. Sauf sur les filles, parce que les filles c’est sale, il faut les exterminer.

Mais là on est entre hommes, et entre hommes on se fait des plaisirs d’hommes. Et comme en ce moment on fête le septième anniversaire de l’ouverture de ma boutique, je vais te ramener l’anime le plus masculin de ma réserve. Le truc qui te fait pousser des poils à des endroits t’as même pas idée.

On est en 1994, Bill Clinton est président des USA et la licence Gundam existe depuis déjà quinze ans. Il y a eu quatre séries télé de cinquante épisodes chacune, cinq long-métrages, plusieurs séries d’OAV, et tout ça dans le même univers sous le contrôle d’un seul mec, Yoshiyuki Tomino. Et le truc c’est que Tomino il commence à en avoir marre de cette histoire de Gundam, il en peut plus. Mais le problème c’est qu’au même moment le studio Sunrise pour qui il travaille se fait racheter par Bandai, le plus grand fabricant de jouets du Japon. Et Bandai ils veulent que Sunrise ils chient du Gundam en continu pour vendre des jouets et remplir leur poches de Japonais avides. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui, soit dit en passant.

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #2Et donc Tomino on le force à continuer Gundam mais le vieux il veut pas, et même il fait exprès de réaliser des animes de merde pour saboter sa propre franchise. Du coup Bandai ils ont une idée, ils virent Tomino et ils expliquent que à partir de maintenant chaque nouvelle série Gundam appartient à une timeline différente, un genre d’univers alternatif à la Marvel où ils peuvent inventer ce qu’ils veulent. Et c’est comme ça que naîtra la séparation entre l’Universal Century (UC), les animes dans la continuité créée par Tomino, et les Alternative Universe (AU), c’est-à-dire tout le reste.

Pour réaliser ce premier anime Gundam dans un univers alternatif ils confient le truc à Yasuhiro Imagawa, un scénariste qui bossait chez Sunrise depuis un moment. Imagawa il était impressionné de prendre la succession de son patron Tomino, du coup il est allé le voir pour lui demander conseil. D’après la légende, Tomino lui aurait répondu avec toute la politesse dont il est capable : « Fais ce que tu veux, j’en ai rien à foutre ». Alors Imagawa il l’a pris au mot et il a fait ce qu’il voulait.

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #3Et putain de bordel de sa race il a eu raison cet enfoiré.

C’est bon petit, tu suis ? Je sais les cours d’histoire de la japanime c’est barbant mais il faut connaître ces choses-là, c’est de la culture générale essentielle. Imagine quelqu’un il t’arrête dans la rue et il te demande c’est quoi la différence entre l’UC et les AU dans Gundam, tu vas quand même pas lui répondre « je sais pas », tu vas passer pour un con. Bon assez discuté, on reprend. Et là écoute bien, c’est la partie intéressante.

Mobile Fighter G Gundam se déroule dans un futur lointain où la Terre a été ravagée par les méchants humains qui passent leur temps à faire la guerre et qui respectent pas la nature. Comme c’est devenu trop sale, chaque nation a construit une Colonie dans l’espace et leurs citoyens les plus riches ils ont le droit de s’y installer. Cet exode marque le début du premier calendrier alternatif de la saga Gundam, le Future Colony.

Pour éviter que les Colonies se fassent la guerre comme avant, les mecs ils décident un truc : tous les quatre ans, chaque pays envoie sur Terre un robot géant appelé "Gundam". Ces Gundams vont s’affronter dans un tournoi à échelle mondiale dont il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur. Le gagnant ramène à son pays le droit de gouverner les autres, jusqu’au prochain tournoi.

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #4La série elle démarre au début du 13e Gundam Fight, le tournoi en question. On suit le pilote de la colonie japonaise, Domon Kasshu, qui pilote le Shining Gundam. Il est envoyé par les gens de sa colonie pour affronter les autres Gundam des autres pays. Sauf que Domon Kasshu il a une autre idée en tête. Il y a un an, sa famille a été détruite à cause d’un Gundam maléfique qui s’est échappé du laboratoire de son père. Domon il veut retrouver le responsable, et le buter.

Le premier truc qui doit t’interpeller dans ce résumé, en tout cas le premier truc que tu devrais remarquer si t’étais un vrai bon critique d’anime, c’est quand on te parle de tournoi. Quand on parle de tournoi dans un anime c’est pas innocent, ça situe directement la série dans une tonalité très précise, celle de la compétition organisée. D’habitude les tournois ça se trouve dans les séries d’action comme Dragon Ball, ou dans les animes de sport comme Captain Tsubasa. C’est très rare de voir des tournois dans des animes de robots géants, et c’est encore plus rare dans Gundam qui est censé être l’anime de robot géant le plus sérieux et réaliste de l’époque, l’instigateur du real robot (j’ai déjà expliqué ce que c’est que real robot, relis tes cours précédents).

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #5Mais tout ça c’est fait exprès, parce que G Gundam n’est pas un anime de robots. G Gundam est un shônen, avec des robots.

A partir du moment où tu as compris ça, tu as tout compris à cette série. Tous les ingrédients du shônen ils sont là : le tournoi donc, mais aussi le héros, le rival et le mentor, qui sont les trois archétypes fondamentaux du genre. T’as de la comédie, du drame, des révélations, des entraînements pour apprendre des nouvelles techniques, etc. Mais surtout tu as ce que l’on appelle le nekketsu, le dépassement de soi, une ardeur des personnages pour s’imposer, vaincre et remporter la victoire. Et ça c’est complètement inédit, voire unique dans la saga Gundam. Cette saga est normalement conçue comme un récit de guerre futuriste, avec des gamins forcés de se battre et pour lesquels on est censé éprouver de l’empathie. Dans G Gundam c’est très différent, les persos ils sont là parce qu'ils veulent se battre, ils veulent gagner.

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #6Du coup pour faire marcher tout ça, Imagawa il a décidé de jeter à la poubelle le style real robot de Gundam et il est parti sur un truc beaucoup fantasque à la super robot. Genre les Gundams ils ont des super-pouvoirs complètement invraisemblables, les lois de la physique on s’en bat les couilles et les designs sont parfaitement stupides en plus d’être racistes ; genre le robot mexicain il s’appelle le Tequila Gundam et il est en forme de cactus avec un sombrero. Et y a plein de ce genre de bêtises tout au long de l’anime, genre le Gundam qui est monté sur un robot en forme de cheval piloté par un vrai cheval dans le cockpit. A certains moments c’est juste complètement débile avec des mecs qui détruisent des Gundam à main nues ou qui balancent des lasers avec les pieds ou je sais pas quoi. C’est très stupide mais c’est hilarant, on a envie de voir le prochain épisode juste pour savoir quelle sera la prochaine connerie au menu, et on est jamais déçu.

Mais G Gundam c’est pas juste des combats rigolos, c’est une vraie histoire aussi. Je t’avoue la première douzaine d’épisodes c’est un peu chaud, la série met en place ses personnages et on se fait légèrement chier. Mais à partir du premier twist ça s’emballe et ça monte et ça monte encore et ça redescend jamais. A partir de la deuxième moitié de la série c’est la phase finale du tournoi, ça ressemble vraiment à un truc du genre Yu Yu Hakusho ou machin comme ça. Et putain c’est juste un des meilleurs tournois que j’ai vu dans le genre, j’ai kiffé chaque minute. Même un filler du genre l’épisode 35 qui sert à rien dans l’intrigue principale, je l’ai regardé quand même et c’est le seul de la série où j’ai versé une larme à la fin, une larme virile.

Mobile Fighter G Gundam - Screenshot #7L’autre truc qui m’a fait kiffer ma race c’est la réalisation. J’ai vu la série dans sa version remasterisée Blu-Ray qui est sortie l’an dernier et dont les screens illustrent cette critique. Et bordel, c’est beau quoi. C’est coloré, c’est détaillé, tous ces robots géants animés à la main selon un savoir-faire désormais perdu ; je crois que c’est la série télé Gundam qui m’a le plus impressionné techniquement relativement à son époque. Les doublages jap sont exceptionnels (un des comédiens qui double un personnage masqué se ramenait au studio avec une serviette sur la gueule pour interpréter le truc) et la bande-son c’est du top niveau, c’est du Kohei Tanaka. A partir d’un moment la série se déroule entièrement à Hong-Kong et genre en plein combat tu commences à avoir des insert songs en chinois ; et là tu te retrouves plongé dans ton enfance, quand tu regardais les vieux films d’action des années 80 avec Jet Li et Chow Yun-Fat. Rien que d’y penser, je serre les dents.

Mais bon, dans les animes comme dans le reste toutes les bonnes choses ont une fin. G Gundam a été un succès à son époque, après tout même les Japonais quand ils ont un produit de qualité devant les yeux ils savent le reconnaître. Mais les connards de Bandai et Sunrise ils ont trouvé que c’était trop différent (ou trop meilleur) que le Gundam habituel de Tomino, du coup ils ont foutu Imagawa dehors et pour la série suivante ils sont revenus à une recette plus classique. C’est comme ça qu’après G Gundam, qui est unanimement considéré comme un des pinacles de la franchise et du genre en général, on a eu l’année suivante Gundam Wing qui est probablement la pire série de la saga ; et la seule à avoir été diffusée à la télé en France, parce qu’en France on aime bien ce qui pue, les fromages comme les mauvais animes.

C’est pour ça que je tiens ma boutique depuis tant d’années mec, je peux pas laisser tomber dans l’oubli ce genre de chef d’œuvre que personne connaît alors que la moitié du fandom est en train de se palucher sur la dernière merde de la saison. Mobile Fighter G Gundam c’est tout ce que tu cherches dans l’animation japonaise : action, comédie, drame, romance, arts martiaux, robots géants, des mecs qui crient et qui pleurent, c’est le genre d’anime que les filles ne peuvent pas comprendre. Mais comme toi t’es pas une sale fille, alors t’y a droit. Bon je sais c’est dur de se faire taper dessus par le gros Jean-Philippe des CM2 mais faut pas désespérer petit, un jour tu seras un homme. Mais prends ton temps, c’est pas pressé.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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