Il paraît que lorsque l’on sort un poisson rouge de son bocal il est capable de tenir quelques minutes à l’air libre avant de mourir asphyxié. Ben c’est pareil pour Deluxe ; si on le sort de son milieu naturel et qu’on le force à regarder des animes récents il finit par lentement mais sûrement dépérir. Et mon oxygène à moi c’est les OAV des années 90.
Nana Toshi Monogatari est au départ un roman de Yoshiki Tanaka, auteur célèbre pour Arlsan Senki (un peu) et Legend of the Galactic Heroes (surtout). C’est un des moins connus des travaux de Tanaka, qui n’a pas produit que des best-sellers il faut se l’avouer, mais qui a quand même eu droit à son adaptation animée en deux épisodes de trente minutes, ce qui comparé aux 110 épisodes de LOGH fait un peu pitié quand même. Il existe également une version manga récente, sans doute plus complète et de qualité, mais vous savez bien que les mangas on s'en fout ici alors allons-y pour l’anime.
Le récit se déroule dans un futur où la Terre a été touchée par un cataclysme qui a anéanti les trois-quarts de l’Humanité et complètement changé la géographie des continents. Quelques survivants se sont échappés sur la Lune où une colonie a été construite, mais une épidémie de COVID a décimé cette population qui était suffisamment avancée pour construire une base spatiale mais pas pour produire un vaccin apparemment. Réduite à quelques dizaines de millions, les humains restés sur Terre se sont établis en sept cités-états qui se battent pour les dernières ressources naturelles.
Le problème, c’est qu’avant de disparaître les colonies spatiales ont laissé un cadeau ; un système de satellites armés qui ont pour instruction de détruire tout objet qui s’élèverait à plus de 500 mètres d’altitude. Les satellites étant automatisés et ayant une durée de vie estimée à deux siècles, cela interdit aux nations d’utiliser quelque arme volante que ce soit pour se faire la guerre, laissant la navigation comme seule réelle tactique.
Tout ce lore-building compliqué ne sert qu’une finalité, c’est d’expliquer pourquoi Nana Toshi Monogatari est un récit de science-fiction où le conflit se règle par bateaux. Parce que oui il s’agit d’un anime de bataille navale, ce qui est finalement assez rare ; le seul exemple qui vient immédiatement en tête c’est Zipang, adapté du célèbre manga de Kaiji Kawaguchi. Ou alors on a Kantai Collection mais c’est pas tout à fait le même délire.
Ces OAV en particulier s’intéressent au conflit entre deux cités, New Camelot et Aquironia. Lorsqu’un aristocrate d’Aquironia en disgrâce décide de s’exiler vers New Camelot, il convainc les politiciens locaux de lancer une attaque contre son ancienne patrie dans le but de récupérer le pouvoir. La puissance militaire de New Camelot étant évidente, l’issue du conflit devrait être simple mais c’est sans compter sur le talent des soldats d’Aquironia…
La manière avec laquelle le récit s’articule ressemble fortement à LOGH, ce qui est assez logique. Comme dans LOGH, les deux camps ne sont pas blancs ou noirs, chaque nation est minée par ses propres luttes internes et il n’y a pas réellement de gentils ou de méchants. Surtout, toujours à l’instar de LOGH, le conflit va s’incarner dans l’affrontement entre deux hommes exceptionnels : du côté de New Camelot se trouve Guilford (doublé par Akio Ôtsuka), un meneur rigide et calculateur qui accomplit toutes les missions qui lui sont confiées, même lorsque les ordres viennent de politiciens incompétents. Chez Aquironia se trouve Aswaer (doublé par Koichi Yamadera), un soldat de terrain jugé insolent par l’état-major mais qui est respecté par ses hommes sur le terrain. La comparaison avec Reinhard et Yang de LOGH est tellement évidente que c’est presque idiot de la relever mais tant pis, je viens de la faire. Et du coup si vous êtes fan de LOGH et de ce genre de récit politique, vous serez vite en terrain familier.
Un autre élément intéressant de ces OAV c’est leur style hyper-réaliste. Bien qu’il s’agisse d’un univers de science-fiction, la direction artistique propose une esthétique qui rappelle le milieu du XXème siècle. Les bâtiments, navires, véhicules, armes et uniformes ont bénéficié d’un détail particulier et les nerds de repérer quel type de fusil d’assaut manipule ce figurant au début de l’épisode ou sur quel modèle de char d’assaut les animateurs se sont-ils basés pour ce plan. Après il ne faut pas survendre le produit, certes c’est recherché mais d’un point de vue technique cela reste très banal pour l’époque ; les OAV sont sortis en 1994 c’est-à-dire deux ans après Stardust Memory et la même année que Macross Plus, autant dire que les standards ne sont pas les mêmes.
Nana Toshi Monogatari reste un anime sympa pour les fous furieux de récits de guerre et de politique qui se prennent ultra au sérieux, le genre qu’on ne fait plus trop aujourd’hui. Toutefois avec seulement deux maigres épisodes le récit reste embryonnaire et la qualité technique ne représente pas ce qui se faisait de mieux à cette période. A réserver aux curieux qui patientent entre deux saisons de Die Neue These.