Onigamiden – la sakugaphilie, parlons-en

» Critique de l'anime Onigamiden - La Légende du Dragon Millénaire par Deluxe Fan le
05 Avril 2014
Onigamiden - La Légende du Dragon Millénaire - Screenshot #1

Sur le cul.

Sur le cul, c’est là où je me trouvais la plupart du temps durant le visionnage de Onigamiden - La Légende du Dragon Millénaire. Produit en 2011 par le célèbre studio Pierrot (Naruto, Bleach), ce long-métrage sorti dans l’anonymat quasi-total ne fut suivi que par certains forums ultraspécialisés dans l’animation, au sens technique du terme. Un coup d’œil rapide sur le staff en explique la raison : un réalisateur novice très peu connu, secondé par des directeurs de l’animation extrêmement talentueux et expérimentés (Tetsuya Nishio, Shinji Hashimoto) : on est là face à un film d’animateurs. Ce genre de films qui existent par et pour l’animation, sorte de défouloir pour ces artistes qui se cantonnent la plupart du temps à réaliser une ou deux scènes de sakuga par saison pour telle ou telle série, et qui trouvent là un terrain de jeu à leur convenance.

Onigamiden - La Légende du Dragon Millénaire - Screenshot #2Je pourrais comme il est de coutume vous raconter succinctement l’histoire du film mais ce serait passer à côté du sujet. On se contentera donc de ce scénario convenu dans lequel un jeune gamin japonais, Jun Tendo, se retrouve propulsé à l’époque Heian (Xe ~ XIIIe siècle). Une époque trouble où les démons sèment la terreur parmi la population. Heureusement, Jun est l’Élu qui viendra les sauver, même si lui-même ne sait pas trop comment. Pour la petite histoire, Jun est doublé par Kensho Ono, un jeune doubleur pas encore très connu ici mais qui est ze star au Japon puisque c’est lui qui faisait la voix japonaise de Daniel Radcliffe dans les films Harry Potter. C’était l’instant Wikipédia.

J’ai réellement commencé à baver au bout de la première demi-heure, lorsque le film lance sa première vraie scène d’action. On y voit notamment un passage où les personnages utilisent une sorte de catapulte tournoyante pour balancer un projectile sur un monstre. Là où 99,99% des animes post-2010 aurait réalisé le truc en CG, Onigamiden le fait à la main. Oui messieurs-dames. Quelques minutes plus tard, un combat de magiciens sur l’eau donne l’occasion aux animateurs de nous sortir une putain de séquence de FX que j’ai dû me repasser quatre ou cinq fois sur le moment. On enchaîne aussi sec sur du combat à l’arme blanche avec caméra dynamique et effets de vitesse, pour finir sur le réveil du Dragon qui donne son nom au film, animé à la main évidemment. Ouuuuuuh, Seigneur Dieu.

Onigamiden - La Légende du Dragon Millénaire - Screenshot #3Par la suite, arrivé à la moitié du film, le rythme se ralentit et l’histoire commence doucement à se prendre un peu plus au sérieux. La dramaturgie prend de l’ampleur et le récit quitte son cocon de simple conte pour devenir une véritable quête initiatique du héros, avec ce que cela comporte en termes de symbolisme et de stéréotypes. Des clichés pas forcément mal utilisés ici, mais qui rendent le récit assez prévisible – et donc un peu déceptif - pour tout ce qui concerne le dernier acte.

Mais on ne suit ce scénar cousu de fil blanc que d’un d’œil, ou plutôt que d’une oreille puisque nos yeux sont trop occupés à ne pas perdre une miette de cette animation de folie qui habite chaque plan de ce film. Même dans ce détail de merde au fin fond d’un décor avec une rivière, on trouve des effets d’eau superbes qui hypnotisent le spectateur éberlué. Et après un tiers de film à vitesse modérée, le moteur se remet à rugir pour un combat final à retenir dans les mémoires. Globalement je ne crois avoir pris autant de pied en termes d’animation au cinéma depuis… Depuis Bleach Jigoku-Hen en fait. Réalisé lui aussi par le studio Pierrot un an plus tôt. Ils sont forts ces cons.
(Le Vent se Lève de Miyazaki était pas dégueu non plus, loin de là, mais c’est pas le même style. Ghibli utilise une animation extrêmement propre et constante, qui se rapproche plus des films Disney que de l’animation limitée à la japonaise)

Au niveau sonore c’est tout de suite pas le même niveau. L’OST ne ressemble à rien, alors qu’il aurait été si simple de reprendre les excellents thèmes de la série Naruto qui se trouvaient dans le tiroir d’à côté. Les doublages des persos principaux ne convainquent pas, les seiyuus ayant des voix trop âgées pour les personnages qu’ils incarnent (à moins que ce ne soient les designs qui les font paraître trop jeunes). On peut pas être bon partout.

Après plusieurs séries télé désastreuses techniquement, ou se contentant du minimum, regarder Onigamiden fait l’effet d’un grand nettoyage de printemps. Oui l’animation traditionnelle à de l’avenir, oui il y a des gens qui maîtrisent leur sujet et ce savoir-faire doit être protégé et chéri à n’importe quel prix. Quand on voit que la dernière série du studio Pierrot, Kingdom, a décidé d’opter pour le tout-cellshading on a le cœur qui se fend et les yeux qui saignent. Mais si Pierrot continue, même dans l’indifférence complète du public, à sortir des démonstrations de force telles que Onigamiden, alors c’est qu’il y a peut-être quelque chose à sauver quelque part.

Les plus
- Un dessin animé RÉELLEMENT animé
- Des scènes d'action de fou
- Moins cul-cul qu'il n'y paraît...

Les moins
- ...Sans pour autant dépasser son cliché
- OST à jeter dans la corbeille

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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