Qu’elle idée. Me voilà bien. Je suis censé écrire quelques paragraphes sur cette série. Pas évident. D’après la fiche, nous sommes face à un mélange détonnant : shonen-ai, comédie, psychologie, horreur, super-pouvoirs, bishonens, surnaturel, mystère et sexe. Déjà, une étrangeté : Shonen-ai + Sexe. Yaoi + Sexe, je veux bien mais là c’est quelque peu intriguant.
Bon, autant l’écrire, cela signifie que ce sera plus sous-entendu qu’explicite et que le sexe va falloir que vous le cherchiez ailleurs qu’ici.
Enfin, commençons par le commencement, quel est l’intrigue de cet anime ?
Nous suivons des shinigamis qui enquêtent sur Terre.
Ils seront sur les dossiers d’histoires mystérieuses d’humains décédés de morts non naturelles, de possession ou encore de mourants qui retrouvent étrangement leur vitalité.
Les shinigamis ont pour mission principale de guider les âmes des morts.
Cependant, ils ne peuvent pas l’accomplir si des problèmes tels qu’évoqués plus haut se présentent. Tant que le(s) responsable(s) de ces troubles ne sont pas mort(s) ils l’ont dans l’os.
Chaque shinigami est assigné à un secteur et la série débute avec des investigations à mener dans celui… de notre héros qui n’est autre qu’Asato Tsuzuki, un shinigami talentueux possédant soixante-dix années d’anciennetés.
Avec ses capacités, il pourrait aspirer à une meilleure place au royaume des morts. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? Eh bien, nous n’en savons rien sur le moment et on en apprendra davantage plus tard.
Au cours du premier épisode, Asato suit déjà une piste brulante et saignante ; il y est miraculeusement et rapidement tombé dessus au détour d’une ruelle.
C’est alors qu’il rencontre de manière brutale son nouvel équipier shinigami sur Terre : Hisoka Kurosaki, un jeune homme qui est, à ce qu’il parait, récemment mort de maladie.
En plein parc, cet Hisoka lui colle un pistolet dans le dos. Il croit avoir affaire à un individu suspect, plus particulièrement un vampire, vu qu’il voit roder Asato dans le coin depuis tout à l’heure.
On est en plein jour et l’endroit est bondé de personnes. Au passage, les passants n’en ont rien à cirer de la situation alors que le manège d’Hisoka est un des moins discrets que j’ai pu voir. Surement pas assez de budget pour l’animation d’une foule paniquée, c’est la crise.
Ces dix premières minutes brillent déjà par une écriture suspecte et des situations improbables. Elles annoncent la couleur, et la bonne, car la suite de la série ne sera qu’une succession de mises en scène invraisemblable que le caractère surnaturel de Yumi no Matsuei ne sauvera jamais.
Muraki est l'antagoniste de cette série. C'est un mystérieux docteur qui est autant humain que vous et moi. Il trempe dans toutes les affaires que nos shinigamis auront à résoudre.
Muraki s’adonne à des expériences pour des raisons que nous ignorons et il s’intéresse particulièrement à Asato et connaît bien notre jeune Hisoka.
Nos deux shinigamis le rencontreront à de nombreuses reprises sans arriver à le mettre hors d’état de nuire. Nous aurons souvent droit à des fuites abracadabrantes de Muraki et la série se permet même d’être flemmarde au point d’oublier de penser à une raison, même farfelue, de lui permettre de fausser compagnie à nos shinigamis. Parfois, Muraki use de moyens de pressions ou d’astuces afin de garder son impunité mais, globalement, c’est comme s’il se promenait tranquillou, sans stress. Après quelques épisodes, le bon sens voudrait qu’à sa simple apparition, on lui balance la purée, histoire qu’il ne cause plus de soucis et qu’on en finisse avec lui, mais non, ça blablate et… tout le monde retourne à ses occupations après (ou pas !) un affrontement quelconque.
Alors, j’ai bien écrit que cette série était comique. Seulement, ce ne sont que des moments classiques de légèreté qui ne sont pas le cœur de l’œuvre. Non, la série n’est pas une comédie, elle est sérieuse et psychologique.
Muraki oppresse nos deux shinigamis tout au long de la série. De manière brutale, perverse ou vicieuse, il délivre aux spectateurs les principales scènes à caractère homosexuelle. Toutefois, elles ne sont pas très choquantes et surtout peu convaincantes. On finit par comprendre pourquoi nous avons le tag sexe sur cette fiche : une sombre séquence de viol qu’on nous resservira à coup d’image au singulier comme si on était arrivé à la fin d’une route d’un jeu érotique.
Le côté horrifique de cette série est vaguement présent. Quelques morts horribles par-ci, par-là, sans aucune tension particulière, du moins réussies, si bien qu’on ouvre la bouche plutôt pour bailler que pour manifester des émotions plus positives. Le ratage de cette immersion n’est pas à imputer aux musiques, mais à l’animation médiocre qui n’aide pas la mise en scène peu inspirée et à la narration qui enfonce, dans le même temps, le contenu de la série.
D’ailleurs, niveau structure scénaristique, le bon point est qu’une enquête n’est pas égale à un épisode mais à plusieurs. Le problème, c’est que l’écriture est, vous l’aurez compris, mauvaise et qu’une série lambda qui fonctionne dans l’autre sens propose, même à long terme, des épisodes avec un contenu nettement supérieur à ce que nous avons ici.
À la fin, nous pourrons tout de même nous réjouir d’avoir eu, distillés durant la série, des éclaircissements sur le passé et les relations qui lient nos trois protagonistes principaux. Ces mystères-là ne sont plus !
En revanche, on nous livre une pauvre séquence finale qui parviendra à baisser un peu plus encore la qualité de l’anime et qui fera même mine de conclure avant de se décider à revenir sur cette décision. Du grand art.
Dommage que la série échoue à exploiter son univers, ses personnages torturés, ses enquêtes, sa noirceur, ne proposant qu’une copie brouillonne et décevante qui n'a que son caractère étrange pour séduire le spectateur.
Je ne conseille donc pas cette série. Plus particulièrement encore à celles et à ceux qui ne s’intéressent habituellement pas à des séries de bishonens. Quant aux adeptes, à moins que vous soyez du genre à vouloir tous les attraper, préférez-en d’autres, notamment si vous attendez des relations amoureuses. Vous remarquerez que je n’ai même pas évoqué celle de notre duo d’héros Asato/Hisoka vu que… ben… je l'attends encore la romance homosexuelle attendue. Après, bien que nous ayons « shonen-aï » et « sexe » accrochés à cette fiche, « romance », elle, y est absente ! Méfiez-vous !