Plantons le contexte. Patlabor est une série d'anticipation un brin comique de 1989, qui se projette en 1999 pour nous compter un quotidien dans lequel les Labors, des mecha conçus pour faire les beaux jours de l'industrie du bâtiment, donnent le rythme. Évidemment, comme à chaque fois que quelqu'un invente un truc cool, c'est forcément détourné pour des causes pas très morales. C'est ainsi que l'on vit rapidement apparaître des crimes liés aux Labors. C'est pour y faire face qu'a été crée la Section des véhicules spéciaux, équipée de Labors conçus pour accomplir des activités de police. C'est la deuxième division de cette Section que l'on va suivre pendant 47 épisodes, et je vous le dis, ça vaut le détour.
Patlabor se démarque d'abord par son cadre. Ici, pas de combat pour le sort du monde ou de conflit titanesque entre super-puissances, juste le train-train quotidien d'un groupe de flics un peu particuliers. C'est cette échelle humaine qui en fait la saveur, la série apporte un soin rare à ses personnages. Un casting particulièrement haut en couleur, que l'on suivra avec grand plaisir.
La deuxième division, c'est plus ou moins un assemblage de bras cassés, suivis à la trace par une réputation de destructeurs et de losers. On y retrouve notamment Noa Izumi, jeune fille pétillante qui aime un peu(beaucoup)trop les Labors, Asuma Shinohara, héritier d'un gros fabriquant de Labors plus ou moins obligé par son paternel à s'engager dans la police, Isao Ohta, véritable allumé de la gâchette qui veut absolument tirer sur tout ce qui bouge, Kanuka Clancy, une policière New-Yorkaise un peu caractérielle(shut up!) et bien sûr leur chef, Kiichi Goto, délicieux mélange de roublardise et de je-m'en-foutisme.
A côté de ça on a tout un tas de personnages secondaires, qui vont des mécanos, très présents via le vieux vétéran Sakaki et sa relève Shige, à Shinobu Nagumo, capitaine de la première division, qui ne laisse pas Goto indifférent.
Les interactions entre les personnages sont véritablement la sève de la série. On a de la franche camaraderie, des rivalités, des engueulades, des délires, des beuveries, tout ce que vous pouvez imaginer dans le quotidien de policiers qui s'ennuient dans un coin pourri entre 2 missions, et c'est toujours bien fait. On est dans de la tranche de vie de grande qualité, qui fait regretter ce qu'on a pu en faire ces dernières années, les personnages y gagnent beaucoup en substance et en vie. La synergie entre les personnages rend l'animé passionnant malgré l'absence d'un véritable fil conducteur, la majorité des épisodes étant des stand-alone.
Patlabor c'est humain, c'est chaleureux, porté par des personnages adorables et pleins d'âme, et l'excuse "je n'aime pas les mecha" ne tient pas un seul instant. Et en bonus, on ne se fout pas de notre gueule niveau robots.
Le traitement des robots est assez surprenant de réalisme pour une série qui adopte souvent un ton comique. L'Ingram coûte cher, et la deuxième division n'en possède que 3 exemplaires, et passe énormément de temps en réparation, d'où l'importance des mécanos dans la série. Il n'y a pas non plus de dogfights improbables ou de robots qui détruisent une ville en un tir, et même les Labors militaires peuvent se faire dégommer par un tank ou un hélicoptère de combat. L'action n'est pas bâclée pour autant, même si le poids du temps se fait sentir, et les designs des Labors sont très réussis, notamment l'Ingram.
Alors certes, c'est moins beau que les OAV. Certes, sur 47 épisodes il y a un lot d'épisodes moins bons. Certes, c'est moins adulte et moins bien écrit que les films.
Mais moi je suis un fanboy, j'ai pris mon pied à suivre les péripéties des bras cassés de la seconde division et j'ai la banane dès que l'adorable Noa est à l'écran, donc je vais mettre un 10.