J’avais abandonné Phantom : Requiem for a Phantom dès le premier épisode. En règle générale, je n’aime pas les histoires de mafia, de guerres des gangs modernes. Je n’aime pas non plus les séries qui se donnent une apparente profondeur psychologique, alors qu’il y a qu’une fine couche de vernis à gratter. Pour desservir plus encore ce premier épisode, cette première impression gâchée, on retrouve Ein en soubrette (ce qui n’est aucunement pathologique à l’anime) et des mouvements habillés d’un effet de flou violacé, représentant la grande vélocité de l’action… en lenteur, pour sauter au-dessus d’un bac-à-fleurs et donner un ton vaguement médiocre à ce que seront les affrontements de la série. Soit dit en passant, ces effets de vitesse seront par la suite exploités avec justesse, sans excès.
Des mois, sinon des années plus tard, ayant eu de bons échos de cette série que j’avais dénigrée pour ses seules vingt premières minutes, je m’essaie une nouvelle fois à la visionner.
Et mon impression est… mitigée. Phantom ne fait pas partie de mon genre de prédilection, en cela, j’imagine que je suis un peu plus sévère, mais même si j’admets que l’œuvre est « regardable », qu’on puisse y trouver une certaine distraction, que c’est « bien » (et je tiens à mes guillemets), on ne m’ôtera pas de l’esprit que c’est également affreusement plat.
Lisse, serait un meilleur mot. Lisse, parce que j’aurais regardé l’ensemble, avec ses hauts et ses bas, sans jamais avoir été ému. Lisse, parce qu’il est impossible de prendre en empathie les personnages principaux, alors que l’œuvre tente de nous y pousser, tâche de jouer sur notre attachement dans des scènes qui se veulent dramatiques, mais laissent de marbre, souvent ponctuées du cri du cœur du personnage principal, que l’on finit par voir venir, paf, réglé comme sur du papier à musique.
Je me montre dur parce qu’aucune qualité de Phantom ne m’aura jamais enthousiasmé en 26 épisodes. C’est bien, souvent pas mal, mais jamais une étincelle de plaisir ou de surprise, jamais un frisson. Du fait, (parce que c’est lisse…) mes yeux auront beaucoup plus accrochés les défauts de l’œuvre, ces quelques aspérités sur lesquelles on revient constamment et qu’on finit par trouver fichtrement agaçantes.
Ce qui descend la série dans mon estime, c’est réellement la psychologie de ses personnages principaux. Je veux bien qu’ils soient froids, vides, cela s’explique, surtout au début. Là n’est pas le problème. Ce que je leur reproche réellement c’est cette inaptitude particulière à réaliser l’évidence, à agir en fonction de leurs sentiments et non pas selon cette espèce de travers Japonais comme quoi les malentendus se doivent d'être diabolisés et irréparables, une logique sur laquelle vogue le scénario. A croire que chaque conflit entre les protagonistes aurait pu être réglé en lâchant le pistolet et se faisant un gros câlin. Un travers qui signe et persiste, mais que l’on avale, car dans cette omelette plutôt goûteuse qu’est Phantom, ce n’est finalement que l’équivalent de quelques coquilles. Jusqu’à l’explosion sur les 5-6 épisodes de fin… où le conflit devient puéril, se cristallise dans une mauvaise foi évidente pour vous rester coincé dans le fond du gosier.
La série Phantom a prévu ses retournements de situations, ses conclusions, et peu lui importe les bricolages - psychologiques ou non - qu’il lui faudra exercer pour arriver à ses fins. J’y vois une volonté persistante de toucher l’affect, de vouloir bousculer, et tant pis si ça en devient artificiel. Néanmoins, côté scénario, on y voit tout ce qu'on voulait. L'oeuvre se découpe en trois axes, trois phases où la situation et l'intérêt savent se renouveler.
A côté de ça, on a une action bien calibrée, jamais désagréable, qui au minimum présentera des plans un peu fixes, des scènes un peu lentes. Les altercations sont souvent très agréables malgré tout.
La bande-son est hybride, métamorphe, comprenant à la fois des pistes mettant en valeur l’image, et d’autres, moindres mais plus curieuses, entremêlant approximativement notes de boîtes à musique un peu rouillées et gémissements subjectifs plutôt déplacés.
Pour finir, Phantom est une « bonne » série. Avec laquelle on peut passer un bon moment, même si comme moi on ne se sent aucune affinité avec les thèmes explorés. Je ne lui aurais pas vu d’éclat particulier, rien qui la mettrait au niveau d’un de ces anime dont on lance l’épisode suivant avec anticipation, avec des attentes et une réelle joie. Elle a ses défauts, qui à mes yeux reposent sur l’incapacité de ses protagonistes à s’expliquer et au montage d’une espèce de triangle amoureux muté, tronqué, malade, qui ne pouvait déboucher sur aucune saine conclusion.