J'avais regardé avec un peu de curiosité mais aussi un peu de condescendance l'adaptation de Goblin Slayer. Pourtant régulièrement loué par les lecteurs, j'y voyais un issekai qui ne s'assume pas et comme il en pullule tant en ce moment qui essaye avec sa violence graphique racoleuse de se démarquer. Le vieux con est rapidement descendu de son piédestal.
Alors on va quand même évoquer les points négatifs les plus évidents avec ce chara-design générique, entre le frère jumeau de Guts et les femmes aux poitrines à la géométrie non-euclidienne. C'est malheureusement tellement répandu que je ne devrai même plus le relever mais ces dessins bas de gamme mérite quand même des moqueries comme il se doit. Au moins si les femmes font trop souvent office de pot de fleur, c'est à tout le moins raccord avec les autres personnages eux aussi mis en retrait du protagoniste même si pour l'occasion, il y a un vrai message mais on y reviendra.
La série (je ne me prononcerai pas sur le manga que je n'ai pas lu) souffre également d'un rythme en dents de scie. S'il serait exagéré de parler de fil rouge absent, l'enchainement des différents arcs n'est pas vraiment naturel et ne permet que modérément de voir une évolution de l'histoire ou des personnages.
Mais le personnage de Goblin Slayer et ce qu'il implique valent pourtant le détour. Les gobelins sont de la piétaille donc je trouvais le gimmick d'en faire le seul ennemi de la série intéressant sur le papier et en même temps assez bas de gamme. Mais la série a trouvé là un axe intéressant en montrant la force du nombre, que ce soit aussi bien du côté des "gentils" que des "méchants". Là où l'heroic fantasy (ou ce fac-simulé de JDR) se concentre à quelques figures charismatiques et notamment le héros, Goblin Slayer insiste bien sur l'idée de groupe. Le protagoniste est peut-être un solitaire mais - et c'est là l'axe de progression de la série - il devient fort en groupe. C'est le nombre et la stratégie qui sont clés plus qu'un acte isolé suicidaire.
Les gobelins attaquent en horde et savent exploiter le terrain mais le Goblin Slayer et ses joyeux drilles savent également s'appuyer sur les forces de chaque membre qui se renforcent les uns les autres et surtout s'appuient sur l'expérience. Mieux, certains sorts ou techniques sont utilisés à contre-emploi mais de façon pertinente. Et c'est là que la violence s'exprime pleinement. J'apprécie qu'elle soit plus psychologique que visuelle et si je regrette certains artifices faciles, de fait la série est assez réaliste. Clairement elle s'inscrit dans la gritty fantasy à la mode ces dernières années et nous permet, spectateurs, de se projeter plus facilement, dans cet univers.
De fait, j'en ressort malgré tout avec un gout d'inachevé. Comme si elle avait peur de ses propres ambitions, Goblin Slayer ne sort pas complètement du moule alors même qu'elle posait les bases pour une exploitation moins monodimensionnelle et plus proche encore du réelle.