"Mais qu'est-ce que je suis en train de regarder?".
C'est la question que risque de se poser à plusieurs reprises le spectateur non-averti en se posant devant ce film.
Le spectateur averti aussi d'ailleurs. Et pourtant, celui qui se lance dans Project A-ko a toute les chances d'être tombé dessus par curiosité des productions devenues un peu obscures des années 80. Autant dire qu'il sait un peu ce qui l'attend.
Et quand bien même on ne se serait pas posé la question de ce qu'allait contenir ce film, même après une introduction des plus banales (une jeune fille en retard et son amie venue la chercher qui sont nouvelles venues dans la classe… je continue?), on flaire direct l'embrouille quand on commence à introduire nonchalamment un mobile suit dans un contexte pas du tout militaire.
Ben ouais, on est dans un film pour public de niche des années 80. On va parler SF, robots et fan-service. La base. Version parodie pour aujourd'hui.
Project A-ko, c'est donc un film qui s'est produit un peu par hasard, à partir de concepts originellement prévu pour la série d'OAV Cream Lemon (dont nous n'aurons malheureusement pas le loisir de parler ici sur AK). Son succès mènera à la production de la suite et d'un spin-off en OAV dans les années qui suivent.
L'histoire se centre essentiellement sur la rivalité entre A-ko, jeune fille ayant pour une raison quelconque une force surhumaine, et B-ko, fille d'une riche famille possédant un génie pour la construction de machines en tout genre. A ceci se greffent diverses péripéties et éléments de SF, impliquant l'objet de leur rivalité: l'amitié de C-ko.
On admirera déjà l'originalité du choix des noms des personnages ("Ko" signifiant enfant en japonais, ce sont typiquement les noms de figurants défilant dans des crédits de films). On touche déjà ici à l'essence de Project A-ko: son contenu hautement parodique. (Le titre aussi est une parodie, celle d'un film de Jackie Chan. Ça vous donne le ton?)
On trouvera d'ailleurs aussi pas mal de références, dont évidemment à la culture populaire de l'époque avec du Gundam, du Macross et du Hokuto no Ken.
Donc bien sûr, on va avoir de l'action, des vaisseaux spatiaux et des robots géants, mais ici pas question de se prendre au sérieux: les situations absurdes pleuvent.
C'est cette surprise, que j'évoquais déjà au début, qui fait la force de ce film.
Il ne suffit pas en effet de balancer en vrac tous les éléments "cools" de la culture pop de son époque pour obtenir quelque chose de bien: il faut donner de la structure au tout. Et Project A-ko est bien construit. La situation au départ terriblement banale évolue progressivement en surenchérissant dans les éléments introduits, provoquant un renouvellement de la surprise et de l'intérêt du spectateur. Ce qui en fait un divertissement furieusement efficace: comment refuser un bon mélange de tout ce qu'on aime dans une époque, pris à la légère et sans que l'on s'ennuie une seule seconde?
Ajoutons à cela que le plaisir des yeux est présent aussi. Loin d'exploser les canons de son époque, le film se fend quand même de quelques belles séquences d'animation pour ses scènes d'action, et est très loin de se foutre de nous à ce niveau-là. Les gars bossant sur A-ko se sont d'ailleurs plus illustrés en tant qu'animateurs qu'autre chose par la suite.
L'utilisation d'une esthétique un peu cartoonesque pour certains gags peut aussi être notée, étant assez rare à ma connaissance. On rit bêtement devant la tronche que tirent parfois les personnages.
Il n'y a guère plus à dire que cela: A-ko, c'est un bon film, bien divertissant, mais qui ne va pas tellement plus loin. Nul doute que les amateurs y trouveront leur bonheur.
Les suites n'offrent pas assez de matière supplémentaire pour justifier leurs propres critiques: tout ce que je viens de dire y reste vrai, et il semble logique de s'attaquer à ces 3 OAVs après avoir vu le film. Le spin-off A-ko: the versus est, par contre, assez passable.