Psycho-Pass nous revient en 2019-2020 avec une troisième série mais avant d’en parler, sans doute est-il utile de faire le point sur la franchise.
Après deux séries (2012, 2014) et un film (2015), ce cybperunk a été largement mis en pause en dehors de la publication de manga (Inspector Shinya Kogami, 2014-2017), et d’un jeu-vidéo (Mandatory Happiness en 2016). En 2019, un triptyque de films (Sinners of the Sytem) remet l’oeuvre sur le devant de la scène, avec trois petites histoires cloisonnées, presque optionnelles en dehors de la troisième. Enfin, en 2019 est diffusée la troisième série, composée de huit épisodes (45 min. chacun). Cependant, il est important de souligner qu’elle a été complétée par la suite avec trois épisodes finaux, qui forment une conclusion à part entière, appelée ‘First Inspector’.
Ne passons pas par quatre chemins : Psycho-Pass est avec ce nouvel opus bel et bien mort et enterré. Non pas que cet anime soit mauvais, c’est même une amélioration notable par rapport à la deuxième saison selon moi, mais les piliers la première itération ont été balayés autant que possible. Oubliez le système Sybil, les dominators et Akane, ce ne sont plus que des éléments tertiaires dans cette nouvelle mouture.
Pour marquer ce nouveau départ, nous nous retrouvons à suivre deux autres protagonistes, Arata Shindou et Kei Ignatov. Ces deux inspecteurs de la Division 1, accompagnés par d’anciens et nouveaux Enforcers, vont être confrontés à des incidents, orchestrés par une organisation mystérieuse appelée Bifrost, qui menacent la stabilité de leur société japonaise dystopique.
Si vous arrivez à effectuer la gymnastique cérébrale nécessaire pour vous adapter aux nombreux changements qui marquent cette suite, Psycho-Pass 3 est en revanche un drama policier futuriste plutôt bon et je me suis surpris à regarder la plupart de ses épisodes sans voir le temps passer. Les enquêtes sont dans l’ensemble agréables à suivre si l’on passe outre le jargon sibyllin entourant Bifrost ainsi que l’utilisation discutable de thèmes contemporains (immigration, crise des subprime de 2008) qui profanent le monde précédemment établi.
Concernant les personnages, le bilan est positif. Les nouveaux membres de la Division 1 ont une présence bien mieux cimentées que lors de la deuxième, et même première, saison grâce à des interactions bien plus abondantes. Par ailleurs, on aura également le plaisir de voir de temps à autres des anciennes figures qui continuent leur bout de chemin (Shion et Yayoi sont adorables). En revanche, le jeunot Arata est un Mary Sue incontestable à qui le(s) scénariste(s) a donné tous les « pouvoirs » cools possibles et imaginables. Une grosse tâche, si vous me permettez l’expression.
Côté visuels, j’ai été impressionné par la qualité et la consistance de la production du studio I.G. : c’est propre, c’est détaillé et nos yeux ne s’ennuient jamais à observer les nombreuses vues scéniques de villes ou d’intérieur urbains. En outre, les scènes d’actions se montrent fort réussies, et continuent de proposer des chorégraphies réalistes comme ses prédécesseurs : une orientation laborieuse qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours et donc d’autant plus appréciable.
Psycho-Pass 3 est donc loin d’être un anime médiocre et je conseillerais de lui laisser une chance. Attention que la conclusion ‘First Inspector’ devient alors tout simplement indispensable, surtout le dernier épisode qui apporte beaucoup de réponses.
Malgré ses qualités indéniables, le goût d’amertume qui entoure cette nouvelle direction de Psycho-Pass est persistant et a de quoi donner la nausée. Le cyberpunk n’est ici plus utilisé un comme monde imaginaire futuriste permettant de questionner la direction de nos sociétés, et ainsi le potentiel de cette franchise que j’avais projeté à ses débuts semble avoir complètement disparu, laissant place à un anime à la fois d’excellente facture tout en étant décevant.