Qu'essayes tu donc de me raconter ?

Bon alors Kiznaiver, c'est un anime original des studios Trigger (ayant réalisé Kill la kill, entre autre) qui vient d'achever sa diffusion samedi dernier et possédant à son compte 12 épisodes de 24 minutes chacun. Pour être brève dans ma présentation, je dirais simplement que Kiznaiver raconte l'histoire d'un mec qui ressent pas la douleur, d'un projet scientifique, d'amnésie, de 6 personnes aux personnalités bien trempées et d'amitié. Oui, mon résumé ne veut absolument rien dire mais, en même temps, il est assez difficile de décrire ou bien même d'expliquer en quoi consiste cet anime, car moi même, je ne le sais pas.

Bon plus sérieusement, alors ça raconte l'histoire de Katsuhira Agata, lycéen d'apparence totalement ordinaire mais qui ne ressent pas la douleur, ce qui lui empêche d'éprouver de l'empathie pour qui/quoi que ce soit. Un beau jour, une jeune fille mystérieuse, prénommé Sonozaki annonce à lui et à 6 autres lycéens de sa classe, qui ont été choisis, qu'ils vont être sujets à une expérience voulant établir la paix mondiale et qui est un système de connexion de la douleur, c'est à dire que si un des membres de l'expérience souffre, les 6 autres vont souffrir également. Ainsi, Katsuhira et ses 6 nouveaux camarades vont être connectés émotionnellement : ils deviennent alors des Kiznaivers.

Le scénario est bien pensé. Assez étrange mais tout de même bien pensé. Le truc, c'est que c'est pas le scénario le problème, vu que comme je l'ai dit, il est pas mal trouvé et puis, il est assez original, faut s'le dire. En fait, je pense que le majeur problème de cet anime, c'est son incohérence ainsi que son manque de profondeur. Car oui, après tout, nous avons un scénario qui tient la route, un graphisme excellent (et je ne parle même pas du chara, qui est juste sublime), une soundtrack tout à fait plaisante, une petite flopée de personnages aux personnalités diverses et variées...Donc pourquoi, ô, pourquoi donc l'anime n'est il pas arrivé à faire un sans faute, de sortes à ce que je lui mettes la note maximale ? Et bien, c'est justement à cause des deux éléments cités ci dessus : L'incohérence et le manque de profondeur.

Je vais par exemple parler du système Kizna, censé "partager équitablement" la douleur avec toutes les personnes qui composent le projet. Et bien, même si au début j'ai trouvé ça ingénieux, j'ai vite déchanté, tout simplement parce que je n'ai rien compris, ou que du moins, rien n'est vraiment expliqué. En fait, même le système Kizna lui même est incohérent. Il est bien précisé que ce système a pour enjeu quelque chose de "mondial" donc que toute l'humanité en fera partie. Mais putain, qu'est ce que c'est con. Déjà parce que ce système ne servirait pas à grand chose vu que si la douleur d'une personne est divisé par sept milliards et bien la douleur ne se sentira même pas, elle sera totalement nulle (ou quasi-nulle du moins). Et puis il y aura également une disparation de la douleur de chacun (individuelle), c'est à dire que peu importe si je saute d'un pont ou que j'avale des couteaux trachants, dans tout les cas, je ne sentirais rien. Et à l'inverse, la douleur serait quelque chose de continuel, c'est à dire que dès qu'une des 7 milliards de personnes présentes sur terre, va tomber de son lit le matin, toute l'humanité ressentirait cette douleur ? Enfin pas vraiment vu que ça serait divisé mais c'est à dire que personne ne sentirait la douleur ? Ou que tout le monde l'a sentirait ? Parce qu'avec ce système, qui est censé être "utopique", soit on vit dans un monde dénué de douleur, soit on vit dans un monde, qui à l'inverse, est dans l'omniprésence de celle ci. Donc on en revient à ce que je disais, c'est à dire qu'avec le système, on est obligé de vivre dans un monde qui fait les deux, donc un monde sans douleur mais avec de la douleur quand même. Totalement incohérent, en effet.

Outre l'incohérence du scénario, on pourra aussi parler du manque de profondeur. Par exemple, l'insensibilité du héro quant à la douleur, n'est pas du tout exploitée alors qu'avec un sujet aussi intéressant, ils auraient pu en faire quelque chose de cool, par exemple. C'est un peu la même chose avec les personnages d'ailleurs. Ils sont tous très attachants (enfin tous à part peut être une) mais au fond, on ne sait pas grand chose sur eux (enfin, sur la plupart). Autant certains personnages ont eu un certain traitement, autant d'autres ont totalement été délaissés et c'est dommage car ce sont généralement les plus inintéressants qui sont traités, au détriment de personnages qui ont l'air bien plus prenants. Outre ça, on peut quand même noter un manque total d'évolution de ceux ci, c'est à dire qu'à part, peut être un ou deux, ils restent tous au même stade au fond. Et puis certaines évolutions laissent à désirer, tant elles sont longues et lentes à venir, je parle notamment à celle de Chidori, qui a lieu que pendant 2 épisodes (les deux derniers épisodes, qui plus est). Puis après ça devient un peu n'importe quoi, surtout aux niveaux des sentiments des protagonistes, vu que y'a un polygone amoureux qui se forme. Il y a des amourettes lycéennes qui sortent de je ne sais où, sans aucune raison et qui brisent un peu la relation d'amitié qu'avaient les personnages entre eux.

D'ailleurs en parlant de ça ! "Amitié", "amitié"...Je m'emballe peut être un peu trop car je ne sais pas si on peut vraiment parler d'amitié entre les personnages. Je sais qu'ils finissent pas être proches et qu'ils s'autoproclament "amis" mais j'ai plutôt l'impression que l'anime a essayé de faire des paires entre eux, plutôt que d'approfondir la relation d'amitié. J'aurais d'ailleurs beaucoup aimé que la relation entre les persos reste totalement d'ordre platonique et amicale et n'aille pas plus loin que ça. Malheureusement ce n'est pas trop le cas. Par exemple, on nous montre bien la relation entre Yuta et Maki, leur amitié et peut être même leur amour naissant mais c'est tout. Yuta par exemple, à part avec Maki, je ne vois pas du tout avec qui il est spécialement proche. Et c'est pareil pour tout les autres. Donc, pour résumer, Kiznaiver, ça manque de profondeur, de cohérence et surtout d'évolution, ce qui nous ramène constamment à cette question :

Kiznaiver veut me raconter quoi ? Qu'essaye t-il de transmettre ?

Parce qu'au fond, on ne sait pas. Il ne manque pas de péripéties, il s'en passe pas mal de trucs, d'ailleurs. Mais au fond, rien n'arrive à faire bouger l'histoire, on a donc l'impression regarder un anime juste pour le plaisir de regarder et pas de réfléchir un minimum. Encore, si Kiznaiver était un ecchi harem magic school, j'aurais compris. Dans ce genre d'anime, c'est très rare, pour ne pas dire inexistant, de devoir réfléchir et utiliser ses neurones. Sauf qu'ici, Kiznaiver est un anime qui se prend au sérieux, on attend donc du sérieux en retour (logique, j'ai envie de dire). Sauf que comme je l'ai dit, ce n'est pas le cas et c'est putain de dommage, vu tout le potentiel de l'anime.

Sinon, et pour finir sur une note positive, je tiens à dire qu'au niveau de la forme, c'est excellent. Le graphisme est magnifique, c'est propre, le chara design est sublimissime et original (qui plus est), les OST sont très sympas et collent super bien à l'ambiance de l'anime. L'opening déchire de fou et l'ending aussi. L'animation est de qualité et le rendu graphique et sonore est un petit régal, autant pour les yeux que pour les oreilles. J'ai l'impression de n'avoir fait que du bashing sur Kiznaiver, mais loin de moi l'envie de dénigrer cet anime car figurez vous que j'ai beaucoup aimé (oui, ça contraste pas mal avec ma critique, je vous l'accorde). Kiznaiver, à défaut d'être aussi sérieux qu'il le prétend, est quand même un bon divertissement, regorgeant de personnages attachants et débordant de fraicheur. Les scènes sont bien réalisées et ça transmet les feels.

Ça fait le taff quoi.

6,5