Dans un pays fort fort lointain, un jeune homme se présente au cabinet d'un docteur. D'un physique banal si l'on fait abstraction de ses boutons d'acné purulents, le pauvre diable est atteint d'une maladie rare : la mythomanie otakuenne, qui le pousse à inventer milles subterfuges afin d'embellir tout titre qui lui plait. Heureusement, le spécialiste en la matière Gastredar est là pour guider cette âme perdue vers la vérité...
-Entrez, s'il vous plaît!
Timidement, le patient s'avance dans la pièce. Un fauteuil lui est désigné, et il s’assoit.
-Voyons-voir... Eustache Clarks... 21 ans... célibataire... vit chez ses parents... dernier de la classe en rugby au lycée... ne connaît pas sa table de 7...
-Oui, c'est bien moi! s'exclame le malade, afin de faire cesser la triste litanie
Le docteur plisse les yeux, mets ses lunettes, et se tourne lentement vers Eustache.
-Savez-vous pourquoi vous êtes ici?
-Afin de... discuter? répond une voix hésitante
-Exactement, discuter! Mettez-vous à l'aise, très cher. Voilà, vous êtes mieux ainsi. Maintenant, parlons de cette série qui vous tient tellement à cœur que vous en avez harcelé vos proches afin que ceux-ci la regardent... Hai-Furi, c'est cela?
A la simple évocation de ce nom, Eustache sembla se transformer : son teint s'éclaircit, ses yeux s'allumèrent, son buste se redressa, et d'une verbe sans pareille, il se lança :
-Une merveille mon ami, une vraie merveille! Intelligent, percutant, émouvant! Un vrai bijou!
-Vous voici tout d'un coup bien éloquent! Mais dites-moi, vos amis me disent que ce qui est appelé "fan service" est omniprésent, qu'en pensez-vous?
Tout de suite, l'individu se renfrogna, ses yeux devinrent méfiants, et il répondit sèchement :
-Balivernes que cela! S'il est vrai que certaines scènes sont là pour détendre l'atmosphère, il est impensable de comparer cela à du fan...
Bang! Le docteur adressa une baffe magistrale à son interlocuteur, le coupant dans ses paroles.
Hébété, Eustache toucha sa joue endoloris, jeta un coup d’œil stupéfait à l'individu en face de lui, puis tenta de se redresser. Las! il était accroché par deux solides ceintures qui le maintenaient fermement à son siège.
-Qu'est-ce donc que ceci? s'enquit d'une voix tremblante le patient
-Ceci? demanda le docteur en tapotant les lanières Juste pour m'assurer que vous restiez discuter jusqu'à la fin de la séance! Maintenant, expliquez-moi donc ces scènes, voulez-vous?
Sur une vieille télévision accrochée aux murs passèrent des extraits de l'animé : jeunes filles en maillot de bain, tripotage de fesse, petites excursions en salle de bain...
Et bien, qu'en dites-vous?
-Il s'agit d'humour, bien évidemment! répond bravement son interlocuteur
Bim! Un crochet parfait du droit avait été asséné au visage de l'impertinent, et du sang commença à s'écouler lentement du creux de la bouche d'Eustache.
-Que pouvez-vous voir en ce moment sur la scène qui vient de se jouer?
Le passage de malaxage de postérieur repasse une seconde fois
-Une femme... en train de se faire masser par une autre...
-C'est déjà mieux! sourit le docteur
-Mais vous savez, ce n'est pas ce qui fait l'intérêt de la série... le plus important, c'est la profondeur et la justesse du scéna...
Boum! Un coup de genou ingénieusement bien placé vient cueillir le malheureux en plein nez, et tandis que l'hémoglobine coule à flot, Gastredar poursuit son interrogatoire, impassible :
-Mon ami, pouvez-vous me donner une bonne raison de regarder cette série?
Le visage tuméfié, le jeune homme tente hardiment une réponse :
-Pour son apport en connaissances maritimes?
Bing! Un uppercut fulgurant renverse Eustache sur le dossier. Ce dernier, n'en pouvant plus, fond en larmes:
-Mais que me voulez-vous, bon sang? Oui j'ai un peu exagéré, mais...
-Vous n'avez pas exagéré, Eustache, vous avez menti à vos amis!
Prenant conscience de cette réalité, le patient s'arrête brusquement dans ses sanglots. Non, il n'avait pas embellit les choses, il les avait maquillé...
-Oui, c'est vrai... je n'aurai pas du faire croire ce genre de choses...
Clac! Les liens de cuirs se détachèrent, et le prisonnier retrouva sa liberté. Sans demander son reste, celui-ci fila, en jurant, mais un peu tard, de ne plus commettre la même erreur.
Tandis que le docteur Gastredar essuyait ses mains devenues rouges au cours de la "séance", un autre individu s'avança dans la pièce :
-Bonjour, je suis là pour parler de Monster Musume no Iru Nichijô : je suis cet animé pour son côté mythologique très poussé!
Des hurlements de douleurs résonnèrent dans la pièce tandis que l'homme à blouse blanche caressait avec un rictus la cravache qu'il venait de sortir : ce cas allait être plus corsé...
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Je vous arrête avant de me faire égorger : Hai-Furi (Highscool Fleet pour les intimes ayant remarqué le changement de nom ninja avant le lancement des premiers épisodes) m'a énormément plu.
Très peu fan des quelques séries d'animation originales que j'ai pu voir, peu de choses sont à reprocher à celle qui nous intéresse aujourd'hui. Car Hai-furi s'assume, et c'est pour cela qu'il faut que les spectateurs assument aussi.
Une cohorte de demoiselles, des graphismes moe, du fan service à gogo? Qu'importe, car c'est bien fait.
L'ambiance est dès le départ annoncée : Hai-Furi est là pour vous divertir, pour vous faire passer un moment de calme, de douceur avec plein de jolies filles en maillot de bain.
Pourquoi bien fait?
Car chaque épisode a son intérêt indépendamment les uns des autres, tout en étant construits de manière semblables. Cela permet d'instaurer une très forte régularité et à habituer le spectateur.
Car contrairement à ce qu'on peut voir ailleurs (oui Charlotte, je parle de toi), on a vraiment l'impression d'avoir un travail finit, avec des personnes ayant bien réfléchit à ce qu'ils allaient faire et comment.
Car même si le rythme est un peu lent et que la fin manque de punch, je préfère ça à une fin bâclée faute de temps.
Et car même si les personnages sont superficiels, que le pitch est basique, et que le développement de l'histoire se fait de façon légère, on ne s'ennuie pas.
Ensuite, j'ai peut-être été un peu dur. Vous aurez quelques rappels des principes maritimes de base : bâbord c'est à gauche, tribord à droite. Un mille marin est égal à 1 852 mètres, et un nœud correspond à un mille marin par heure. Pour les plus curieux, vous apprendrez que le Musashi était le plus grand et puissant cuirassé jamais construit, et le Harekaze un destroyer coulé pendant la seconde guerre mondiale. Mais très franchement, vous n'apprendrez pas grand chose de plus en navigation.
Que dire d'autre? Que j'ai passé un bon moment devant. Que c'est bien foutu et que ça fait du bien de voir ce genre de thèmes sortant de l'ordinaire faire l'objet d'une adaptation réussie. Et qu'il faut que vous regardiez Hai-Furi.