SONO BISQUE DOLL WA KOI WO SURU — Marine fait de La Pen

» Critique de l'anime My Dress-Up Darling par Deluxe Fan le
28 Mars 2022
My Dress-Up Darling - Screenshot #1

Depuis quelques temps on remarque une évolution dans le genre de la comédie romantique. Habituellement réservée aux motifs classiques du triangle amoureux ou du harem, ces séries s’orientent vers des formats où toute l’attention est centrée sur une seule fille qui concentre toutes les qualités que le public recherche, et sans concurrence. C’est le cas de séries telles que Nagatoro, Komi-San, et surtout celle qui nous intéresse aujourd’hui, Sono Bisque Doll wa Koi wo Suru (Cette Poupée de Biscuit qui Tombe Amoureuse).

Initialement un manga de Shinichi Fukuda prépublié au Japon dans le magazine seinen Young Gangan de Square-Enix, cette série raconte l’histoire de Wakana Gojo, un adolescent qui rêve de reprendre l’atelier familial de conception de poupées hina. Une ambition peu courante pour un garçon de 2022, ce qui l’empêche d’avoir des amis ou une vie sociale en dehors de son art. Jusqu’au jour où il rencontre Marine Kitagawa, qui est son exact opposé : populaire et extravertie, elle attire tous les regards. Sauf que Marine a un secret, elle adore les animes et les jeux vidéos et le cosplay. Marine n’a toutefois aucune compétence en stylisme ; ce qui tombe bien car Wakana est justement destiné à devenir couturier. Les deux jeunes gens s’associent donc autour de leur passions respectives, avant d’aller vers quelque chose de plus sentimental.

My Dress-Up Darling - Screenshot #2La grande qualité de cette série, qui sera aussi son plus gros défaut, c’est la caractérisation de ses personnages. Ils sont conçus précisément pour être les plus sympathiques possible, et ça marche. Wakana est un garçon gentil, honnête, attentionné, compétent, poli, respectueux, etc. Pareil pour Marine, elle semble avoir un fort caractère mais en réalité elle est tout aussi gentille, enjouée, passionnée, et puis c’est un putain de canon aussi. Son seul défaut c’est qu’elle ne sait pas faire la cuisine mais c’est pas grave parce que Wakana lui il sait tout faire, du coup ça se complète bien. Ils sont tellement beaux et gentils et mignons que leur relation est une évidence. Contrairement aux deux autres séries que j’ai cité plus haut qui essaient d’installer du conflit en caractérisant les personnages avec des défauts marqués, ici on reste dans quelque chose de très soft, facilement assimilable par le spectateur comme un bonbon sucré qui fond sur la langue.

Autre point en faveur de la série, c’est plutôt bien réalisé. L’adaptation est produite par le studio Cloverworks, filiale de A-1 Pictures et de Aniplex, dont la qualité du travail est irrégulière. Une de leurs premières productions fut la nullissime adaptation de Persona 5, avant d’enchaîner sur la très réussie première saison de Neverland. Puis le studio a enchaîné les bides avec le ratage de la seconde saison de Neverland et le plantage de Wonder Egg Priority à cause de problèmes internes au studio. Bref un studio de commande qui malgré les immenses moyens de Aniplex ne parvient pas à s’extraire des pièges inhérents à l’industrie de la japanime moderne. Concernant Bisque Doll c’est heureusement dans la moyenne haute, le character-design en particulier est très soigné tout comme l’animation desdits personnages ; on sent que les artistes se sont fait plaisir, et du coup ça nous donne du plaisir également.

My Dress-Up Darling - Screenshot #3Maintenant, le gros défaut de la série, c’est que c’est quand même très complaisant ; et je ne parle même pas du fan-service présent en larges quantités. L’écriture s’efforce d’éviter toute forme de conflit ou de difficulté s’agissant de ses personnages principaux ; par exemple le fait que les parents de nos protagonistes soient décédés n’a pas l’air de leur poser le moindre problème, c'est juste un détail. Pareillement, au début je pensais que ça pourrait s’orienter vers du drama scolaire avec Wakana qui se ferait traiter de pédé par ses camarades parce qu’il aime la couture, et Marine de salope parce qu’elle vient en classe maquillée comme une voiture volée. Rien de tout cela finalement, la série évacue très vite le milieu scolaire pour se concentrer sur les rendez-vous de notre jeune et joli couple qui vit dans une sorte de bulle où tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil.

Et que l’on soit clair, cette complaisance ce n’est pas un problème d’écriture de la part d’un auteur qui ne saurait pas s’y prendre, c’est un choix délibéré à l’attention du public. D’un côté Marine n’hésite pas à s’exhiber devant le protagoniste, et de l’autre elle rougit dès que ce dernier lui fait une remarque vaguement positive. Elle est légère quand il le faut et prude l’instant d’après, parce que ça arrange l’auteur et surtout ça arrange le public otaku qui veut sa dose de décolletés mais qui rejetterait une héroïne trop dévergondée et "impure". C’est ce genre de caractérisation schizophrène qui, je trouve, rend l’anime artificiel.

J’ai bien aimé Sono Bisque Doll wa Koi wo Suru, mais je sais que je l’ai aimé pour de mauvaises raisons. C’est une série conçue pour provoquer un certain type d’émotions chez le spectateur et elle y arrive bien, quitte à emprunter des raccourcis et mettre de côté toute difficulté ou simple vraisemblance. Au début ça passe tranquillement, avant de devenir indigeste au bout de dix épisodes où l’anime a fait plus ou moins le tour de son sujet ; je vais être franc j’ai passé les deux derniers épisodes en avance rapide. Cette série est à l’image de son héroïne avec ses faux cheveux, ses faux ongles et ses faux cils ; elle est très attirante, mais il n’y a rien de naturel. 6,5/10

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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