Non, je ne vais pas vous faire la promotion d'un jeu de rôle médiéval-fantastique. Plutôt celles de chroniques de guerre, teintées de sang, d'héroïsme et de légende. Ah, ne partez pas ! Ce n'est pas un gros bouquin bourré de dates et de noms comme La guerre du Péloponnèse, promis ! Bon, la série n'a certes pas le panache du Trône de Fer mais c'est déjà plus dans cet esprit-là.
À la fin du deuxième siècle de notre ère, l'empire corrompu des Han entre en décadence. Des hommes forts entrent alors en scène, afin de relever ou d'achever la dynastie. De part leur force ou stratégie militaire, leur charisme et réputation, ils sont craints comme des Démons ou des Dragons. L'un de ces hommes est Cao Cao, le personnage central de la série.
Je ne comprenais pas, en cours d'histoire, l'intérêt de nous faire dessiner les plans de bataille d'Alexandre le Grand. J'avais du mal à visualiser la complexité des liens féodaux, et tendance à négliger les batailles mineures dans un conflit de longue durée. (Mais ça, c'était avant !)
Sôten Kôro met en scène tout cela. Les rivalités de pouvoir et d'idéologie, l'importance des parentèles et des ressources... par-dessus tout, la part belle est donnée à la stratégie. Certes nous avons des batailles armées, mais bien moins que des dialogues au sein de l'état-major des puissances rivales, des relations diplomatiques, des coups de bluff et d'audace, des complots. Certes nous avons un protagoniste qui se démarque des autres - c'est après tout sa vie que nous suivons sur une trentaine d'années, mais le spectateur n'est pas forcément amené à prendre son parti. Les idéaux de justice et d'humanisme, la croyance en un mandat du ciel et les ambitions personnelles sont complémentaires, tels le yin et le yang. Pas de manichéisme ici, nous sommes bien dans un seinen !
Où le bât blesse-t-il ? Je dirais qu'il réside dans trois choses :
D'une, les larmes à outrance des personnages. Certes, les guerriers de l'épopée homérique ne s'en privaient pas, car c'est un signe de grandeur d'âme... Si vous n'avez pas saisi leur grandeur au terme des 26 épisodes c'est que vous deviez avoir un nuage de poussière dans l'œil...
De deux, le côté shônen de baston introduit avec le personnage de Lu Bu et quelques autres. Je m'attendais presque à des combats version DBZ, HxH ou Naruto à certains moments... Erreur de registre qui résultait peut-être d'une tentative de populariser la série, mais reste un lamentable échec à mes yeux.
De trois, une erreur de tons. Okay, l'opening hard rock donne la patate au début. Après il ne fait que casser les oreilles. La bande-son ne se renouvelle pas, et ce ne sont pas les quelques notes d'instruments à cordes et de flûte qui permettent de se plonger dans une ambiance médiévale. Déjà qu'entendre des noms chinois prononcés à la japonaise ne donne pas le pays, la musique ne donne pas l'époque non plus. Dans le genre, Bakumatsu Kikansetsu Ironihoheto s'en tira bien mieux.
Enfin, je pourrais ajouter que la série tourne court. Elle a parfois des longueurs, nécessaires toutefois, mais nous n'avons pas le droit à quelque chose qui ressemble à une fin, même ouverte. Juste quelques mots résumant des faits ultérieurs... "Qu'il en soit ainsi"...! (mais cela reste un peu frustrant).
Je donnerais bien un 7 en note finale, mais comme j'ai pu intervenir dans un cours d'histoire de la Chine grâce à cette série, petit point bonus !