[Spéciale Halloween] ARAGNE NO MUSHIKAGO — Habitation à Loyer Meurtrier

» Critique de l'anime Aragne no Mushikago par Deluxe Fan le
26 Octobre 2019
Aragne no Mushikago - Screenshot #1

Bienvenue dans le Manoir Deluxe, un lieu où se chevauchent réalité et fiction… On raconte qu’il y a bien longtemps, cet endroit était habité par un individu passionné d’animation japonaise, à laquelle il avait consacré toute son existence. Mais au moment de sa mort, il n’avait pas fini de regarder ses dessins animés favoris ; son esprit continua donc d’errer en ce monde, sa soif d’anime ne pouvant être étanchée. Et il paraît que le soir d’Halloween, ceux qui se rendent dans son Manoir peuvent entendre la voix de cet esprit leur parler d’animes horrifiques.

Produire de l’horrifique en animation japonaise c’est difficile, et pour trouver des animes d’horreur dignes de ce nom il faut souvent se tourner vers le milieu de l’indépendant ; là où sont parqués ces animes étranges, difformes et inhabituels que public mainstream regarde de loin avec un œil dédaigneux mais mêlé d’appréhension.

Et puisque l’on parle d’indépendant, difficile de faire mieux que Aragne no Mushikago puisque ce film a été produit par une seule personne, un animateur freelance nommé Saku Sakamoto qui est crédité comme réalisateur mais aussi auteur, scénariste, storyboardeur, animateur, monteur et même compositeur de l’OST. C’est assez fréquent de trouver des courts-métrages d’animation réalisés en solo, c’est d’ailleurs comme ça que beaucoup d’animateurs se font remarquer dans l’industrie, mais un long-métrage de plus d’une heure réalisé par un mec tout seul c’est beaucoup plus rare. Et le pire c’est que le gars a choisi de faire de l’horrifique, autrement dit le genre le moins accessible qui soit, histoire de bien poser ses balloches sur la table.

Aragne no Mushikago - Screenshot #2Le mal-logement des étudiants dans les grandes métropoles est un sujet important qui touche beaucoup de jeunes, et Rin Shiida fait partie de ces filles qui galèrent à trouver une place dans la ville surpeuplée. C’est donc avec joie qu’elle accepte d’emménager dans un appartement au loyer très abordable situé dans un immeuble PAS DU TOUT SUSPECT près de la zone industrielle. Rin va alors prendre contact avec ses nouveaux voisins, des gens assez ordinaires tout compte fait mais qui peuvent cacher un côté un peu moins sympathique voire légèrement caractériel. Autant dire que les nuits de Rin vont se trouver assez agitées…

Si c’est de l’horreur que vous recherchez alors vous serez servis parce que Aragne reprend tous les modèles d’écriture des films d’horreurs aussi bien japonais qu’occidentaux. C’est d’ailleurs un des soucis du film, l’auteur semblait tellement content de faire son film d’horreur à lui tout seul qu’il a mis tout ce qu’il pouvait dedans : le tueur en série, les insectes dégueulasses, les hallucinations morbides, les psychopathes les zombies les fantômes les esprits folkloriques ainsi que le must du must, le plot-twist par excellence, les expériences secrètes gouvernementales, putain si je gagnais dix balles à chaque fois qu’un scénario fait le coup quoi. Cela rend un film assez brouillon en général, plutôt que d’installer une angoisse sur le long terme à l’aide de concepts simples, Aragne délivre l’horreur de manière directe et ostentatoire ; on est finalement plus proche du film de monstres vaguement sanglant que d’un vrai thriller horrifique qui aurait eu droit à une écriture travaillée.

Aragne no Mushikago - Screenshot #3Du coup je me suis trouvé finalement plus intéressé par l’aspect technique ; après tout on parle d’un film d’animation réalisé par un seul mec, ça mérite qu’on s’y intéresse. Évidemment pour un tel projet le budget fut restreint, le film s’est en partie financé par crowdfunding avec notamment deux millions de yens levés sur des sites japonais – l’essentiel de l’argent a probablement servi à payer le cachet de Kana Hanazawa qui double le personnage principal cependant. Niveau animation proprement dite, le film alterne constamment entre 2D et 3D, parfois d’un plan à l’autre, sans logique ni raison. Le film n’est pas moche, loin de là si on considère ses moyens limités, mais cette esthétique bâtarde ne favorise pas l’immersion ; j’étais plus occupé à regarder si l’image était en 2D ou 3D plutôt que de profiter réellement de la mise en scène, relativement recherchée par ailleurs.

Aragne no Mushikago n’est pas une expérience agréable ni marquante mais c’est un film valable malgré tout. Outre l’exploit de Saku Sakamoto d’avoir produit un tel long-métrage par lui-même, on doit lui faire crédit de la volonté de s’inscrire dans un genre qui n’existe pratiquement pas dans l’animation japonaise actuelle. A ce titre, le film n’intéressera sans doute pas les fans d’animes mais les fous furieux du genre horrifique pourraient y jeter un œil averti.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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