[Spéciale Saint-Valentin] KIMI NO SUIZO O TABETAI — Let Me Eat Your Melodrama

» Critique de l'anime Kimi no Suizō o Tabetai par Deluxe Fan le
13 Février 2020
Kimi no Suizō o Tabetai - Screenshot #1

Pour écrire un mélodrame, rien de plus simple qu’une histoire d’amour contrariée ; on prend deux personnages que l’on a envie de mettre ensemble, puis on s’arrange pour leur mettre des bâtons dans les roues. Ce genre de récit est à l’écriture ce que le mode facile est au jeux vidéo : ouais d’accord tu as terminé le jeu mais c’est pas comme si tu avais fait beaucoup d’efforts. Et dans le genre Kimi no Suizo ne s’est pas contenté de choisir le mode facile, il a joué tout du long avec le guide stratégique sous le nez et un onglet ouvert sur les astuces de Supersoluce.com.

Kimi no Suizo o Tabetai (littéralement « Je Veux Manger Ton Pancréas ») est au départ un roman de Sumino Yoru publié à partir de 2014 et qui a déjà fait l’objet d’une adaptation en film live au Japon en 2017. On aurait pu en rester là, mais le succès d’une certaine série et d’un certain film à la même époque a sans doute poussé des producteurs à tenter l’adaptation anime, on ne sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

Kimi no Suizō o Tabetai - Screenshot #2Haruki Shiga est un lycéen asocial qui préfère le monde des livres à la réalité. Sans aucun ami à qui parler, il est rapidement mis de côté par ces camarades de classe qui le considèrent au mieux comme un marginal. Jusqu’au jour où Haruki découvre par hasard qu’une fille de sa classe, Sakura Yamauchi, est atteinte d’une maladie incurable qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. Les deux jeunes gens vont alors commencer à se fréquenter, avec l’ombre de la mort qui plane sur cette idylle naissante.

Le film s’ouvre sur une séquence qui dévoile de manière explicite ce qui arrive aux personnages à la fin ; une manière de prendre en otage le public pour le forcer à voir la tragédie se dérouler. Tout le reste du film nous narre la rencontre de Haruki et Sakura, leur rapprochement, les obstacles divers qui se mettront sur leur route etc. Le personnage principal Haruki débute le film avec une attitude impassible, et son interaction avec Sakura l’amène à agir et se comporter plus comme un être humain. Cet aspect d’évolution du personnage est intéressant, mais comme pour tout le reste le film est trop excessif dans sa caractérisation ; on ne croit pas vraiment à l’attitude robotique exagérée de Haruki, tout comme on ne croit pas vraiment à cette Sakura qui vit avec une maladie incurable comme si de rien n’était et sans que personne ne le sache. Dans une comédie romantique ça passerait sans problème mais ici on se prend particulièrement au sérieux et l’absence de subtilité se remarque d’autant plus.

Kimi no Suizō o Tabetai - Screenshot #3Le film dure près de deux heures et on les sent passer, on aurait facilement pu enlever trente minutes et vers la fin j’avais mon doigt irrésistiblement attiré vers le bouton avance rapide. Vers les trois-quarts du film il y a un gros plotwist que je ne vais pas révéler, mais il ne sert pas à grand-chose à part choquer le public et n’apporte rien au propos et au sujet du film. La dernière partie, interminable, dégouline de pathos et je suppose que c’est là que le film s’attend à ce que son public de gonzesses sorte le paquet de Kleenex mais moi j’avais juste envie d’en finir. Bizarrement, la scène post-générique à la toute fin est celle qui m’a le plus marqué du film, après faut dire que ce genre d’épilogue fonctionne particulièrement bien avec moi.

Le film est produit par le studio Voln qui s’en sort plutôt bien avec une technique compétente sans être impressionnante ; on sent d’ailleurs la volonté de copier le style de Shinkai avec les filtres numériques et le clip musical en guise d’opening. Les décors se veulent colorés et raffinés pour servir de cadre à cette romance adolescente, mais l’effet touche à côté de sa cible : le film évolue dans une sorte de Japon idyllique où tout est beau et propre et dans lequel le CDI du lycée est aussi vaste et luxueux que la bibliothèque du British Museum, c’est certes très joli mais aussi très artificiel. Superposer cette histoire horrible et tragique de jeune fille malade avec ces décors de Disneyland et du placement produit pour des marques de vêtements j’ai trouvé cela d’un goût assez douteux.

Kimi o Suizo o Tabetai est l’exemple typique d’un tire-larmes : chaque élément du film est spécifiquement conçu pour instiller la tristesse, la pitié et la douleur chez le spectateur, au détriment de toute autre considération. Si c’est le genre de choses que vous recherchez alors je vous conseille ce film sans problème ; pour ma part ce n’est pas vraiment mon délire, et je ne comprends pas trop l’intérêt de consacrer du temps à un anime qui n’existe que pour vous faire déprimer et vous faire sentir mal.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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