[SPECIALE SAINT-VALENTIN] OJÔ TO BANKEN-KUN — Like A Dragon Infinite Connerie

» Critique de l'anime Ojô To Banken-kun par Deluxe Fan le
12 Février 2024
Ojô To Banken-kun - Screenshot #1

Comme chaque année, la Saint-Valentin c’est le moment pour les amoureux de se retrouver à deux et de passer d’agréables moments en couple. Et pour nous autres les solitaires incels dégénérés, c’est l’occasion d’essayer de gâcher la fête pour tout le monde et de répandre notre bile nauséabonde partout où c’est possible.

Dans le récent bilan 2023 j’avais cité Ojô To Banken-kun (La Jeune Fille et son Chien de Garde) comme un des pires animes de l’année, sans réellement élaborer sur le sujet. Évidemment j’ai reçu des dizaines de MP me réclamant à corps et à cris une critique qui viendrait détailler cette opinion (ou pas). J’ai donc réuni tout ce qui me reste d’effort pour tenter de retranscrire à l’écrit la nullité de cette série.

Dans le vaste monde des animes pourris, Ojô To Banken-kun présente une particularité; c’est un anime pour filles. C’est même plus que cela, c’est une adaptation de shôjo, puisque le manga original est publié dans le mensuel Bessatsu Friend de l’éditeur Kodansha où sont parues pas mal de séries que vous connaissez sûrement telles que Life de Keiko Suenobu ou Peach Girl pour les plus anciens. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer que les adaptations de shôjo manga sont devenues très rares dans la japanime actuelle, et les quelques séries qui arrivent à être produites bénéficient de moyens dérisoires qui les condamnent à l’indifférence. Et dans le cas de Ojô to Banken-kun non seulement il n’y a pas de moyens mais le matériel de base est manifestement naze au dernier degré.

Ojô To Banken-kun - Screenshot #2Isaku est une jeune fille qui débute le lycée avec pour objectif de vivre une adolescence ordinaire. En effet, elle est la petite-fille du patriarche d’un clan yakuza et a donc toujours vécu au milieu des criminels et autres individus dangereux. Heureusement depuis son plus jeune âge elle est protégée par Keiya Uto, un yakuza qui ne vit que pour assurer sa sécurité. A tel point qu’il décide de se faire passer pour un lycéen afin de suivre Isaku dans tous ses mouvements…

On a donc une histoire de romance entre une jeune fille innocente et un grand brun ténébreux qui est un gentil garde du corps le jour et un violent yakuza la nuit, avec une bonne dose de comédie lorsque le mec qui a toujours vécu dans le monde du crime se retrouve à devoir jouer les bons élèves à l’école. Cela aurait presque pu être intéressant voire amusant si ce n’était pas abordé avec les pires intentions et un script aussi racoleur que malsain.

Mettons les pieds dans le plat avec l’élément qui a tout de suite disqualifié la série pour la plupart des spectateurs ; la romance entre les personnages principaux. On nous explique au début que Isaku a été recueillie par son grand-père le yakuza lorsqu’elle avait cinq ans et qu’elle a été immédiatement mise sous la protection de Keiya qui en avait alors seize. Dix ans plus tard, Isaku est au lycée et Keiya, âgé de 26 ans, et toujours assigné à sa protection. Autrement dit, Keiya a connu Isaku lorsqu’elle était enfant, ce qui signifie que leur «romance» entre dans le champ de ce que l’on appelle en anglais le child grooming et qui en français se définirait simplement comme du détournement de mineur. L’anime sait très bien ce qu’il fait d’ailleurs puisque l’opening démarre sur ce plan assez équivoque avec le personnage masculin qui regarde de haut la fillette avec son nounours dans les bras, genre moi c'est le détail visuel qui me choque le plus en fait, ça suffisait de dire qu'elle a cinq ans, mais ils te la mettent avec un nounours dans les bras pour insister quoi, il manque que le randoseru pour avoir la panoplie complète.

Ojô To Banken-kun - Screenshot #3Après pour être tout à fait honnête, ce type de relations taboues ça fait partie de la grammaire du shôjo manga, cela n’a rien de nouveau ni de spécialement subversif dans ce contexte. La série qui m’a fait découvrir le shôjo il y a vingt ans, Cardcaptor Sakura, traitait déjà de relations sentimentales entre des hommes adultes et des filles (très) jeunes, et c’était un anime qui était diffusé sur M6 à l’époque. Le problème de Ojou to Banken-kun, outre le fait qu’en 2023-24 on fait un peu plus gaffe à ce genre de choses, c’est que cette relation sonne faux dès le départ. On t’explique que Isaku a vécu toute sa vie cloîtrée et que Keiya représentait pour elle à la fois son père, sa mère, son frère et son ami. Elle n’a connu que cet homme dans sa vie, ce qui est censé expliquer pourquoi elle en est amoureuse, mais cela rappelle plutôt ces histoires sordides de jeunes filles séquestrées par des hommes qui finissent par avoir une emprise mentale sur elles au point qu’elles sont réellement persuadées d’être aimées. Ce que cet anime raconte ce n’est pas de l’amour c’est une gamine atteinte du Syndrome de Stockholm envers un criminel violent et pervers, et on essaie de nous faire passer cela pour un truc mignon et romantique, moi j’avais envie de vomir à chaque épisode.

Ojô To Banken-kun - Screenshot #4Évidemment tout cela est extrêmement mal écrit, que ce soit le mec de 26 ans qui va au lycée en seconde et tout le monde trouve ça normal, ou les yakuzas sympas dont la principale activité est de faire le ménage et la cuisine, je veux bien que les dessins animés japonais nous prennent pour des débiles mais là ça se voit quand même. En revanche l’épisode 09 ou l’héroïne subit une tentative de viol par un de ses camarades de classe et quand elle le revoit plus tard à l’école elle lui dit un truc du genre «bon ce que t’as fait c’est pas bien, mais je vais rien dire parce que j’ai pas envie de gâcher le festival culturel» là par contre vous pouvez aller vous faire foutre, à un moment ce n’est plus de l’inconséquence c’est juste inacceptable. A chaque fois qu’il arrive quelque chose à Isaku tu as Keiya qui vient l’aider tel le prince charmant qui sauve la demoiselle en détresse, sauf que Keiya c’est le pire de tous, son attitude est celle d’un prédateur possessif et jaloux qui manipule une fille qu’il connaît depuis l’enfance, c’est insupportable à regarder. Quant aux personnages secondaires ils ne servent absolument à rien si ce n’est de de faire-valoir au couple principal, c’est comme si l’univers entier, le cosmos intersidéral dans sa globalité n’avait pour seule fonction de servir cette relation toxique et cousue de fil blanc.

Ojô To Banken-kun - Screenshot #5L’anime est produit par le studio Project no9, qui avait déjà produit Otonari no Tenshi-sama et une ribambelle d’animes suspects sur des thématiques assez sensibles. D’une certaine manière ce n’est pas surprenant de les trouver là, dès qu’il y a une série potentiellement malsaine ils sont pas loin, même quand c’est du shôjo manga. Comme on peut s’y attendre la réalisation est médiocre avec une animation inexistante et une mise en scène soporifique; vers le milieu de la série la production s’effondre complètement avec un chara-design constamment hors-modèle et d’authentiques erreurs de raccords comme si les mecs avaient diffusé un épisode pas terminé. Les seuls éléments à sauver de ce naufrage audiovisuel ce sont les génériques, en particulier l'ending dont la qualité du design n'a rien à faire dans une production aussi pauvre, mais à part ça la laideur de la réalisation reflète bien la puanteur du récit.

Ojô to Banken-kun franchit la limite qui sépare les animes simplement mauvais de ceux qui sont réellement nocifs. Le récit est bidon, les personnages sonnent creux et leur relation est juste dégueulasse, on dirait la version anime kawaii de ces films pseudo-érotiques minables qui sortent sur Amazon Prime Video avec Ben Affleck et Ana de Armas, sauf que là c’est littéralement avec des enfants. Non seulement je me suis royalement fait chier devant cet anime mais j’étais interloqué de voir que l’un des rares shôjos à se faire adapter c’est ce machin racoleur et stupide ; je me doutais que les filles avaient des goûts de chiottes de manière générale mais c’est encore plus frappant quand on en fait l’expérience directe.

Verdict :3/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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