Si le titre de Super Robot Taisen ne vous évoque pas grand chose, c'est assez normal vu qu'il s'agit d'une de ces très nombreuses franchises de jeux vidéo presque exclusivement japonaises. Mais certains habitués de karaoké et autres intéressés d'AMV japonaises, de JAM Project et surtout des deux en même temps risquent d'être plus habitués à la vue de ce titre qui aujourd'hui encore se démarque par la qualité de ses séquences animées en 2D remplies de robots géants, d'explosions, de rayons lasers et d'encore plus de robots géants. Pensée à l'origine comme un simple cross-over entre plusieurs séries de robots géants (Gundam, Mazinger et Getter Robo), la franchise a vu son succès grandir et ses ambitions revues à la hausse au fur et à mesure des années 90. Après presque une dizaine d'années de service, Super Robot Taisen n'avait pas seulement permis à des héros de se rencontrer au cours de batailles toutes plus improbables les unes que les autres, elle avait également commencé à poser les bases d'un univers propre, avec ses personnages, son intrigue et surtout ses robots géants. Au début des années 2000, dans un éclair de génie certain, Banpresto sort alors un jeu, Super Robot Taisen : Original Generation (ou SRT:OG, de son petit nom), au concept incroyable : un cross-over de cross-over mais sans les cross-over*.
Comme l'indique son titre, SRT:OG est un jeu qui reprend le contenu original des opus précédents. C'est-à-dire que toutes les licences connues ont été retirées et qu'il ne reste plus que les personnages qui n'étaient à l'origine présents que pour lier différents univers entre eux, avec une intrigue reformulée pour être prise indépendamment du reste. Cet opus et sa suite directe sont les seuls à avoir vu le jours sur le sol occidental sur Game Boy Advance. Et la série critiquée ici est donc l'adaptation du premier de ces deux jeux.
Tant de name dropping pour en arriver ce qui intéresse tout le monde : cette série ne demande aucune réelle connaissance de la franchise globale pour être vue. Il est possible de passer à côté de quelques éléments de l'intrigue, mais rien qui n'empêche réellement de comprendre ce qu'il se passe. Du moins, pas à cause d'un manque de connaissance de la franchise.
En effet, si cette série ne se démarque pas réellement par l'incroyable originalité de son intrigue la densité d'information à saisir à la minute est par contre assez élevée. La nature même de l'histoire fait que les personnages se bousculent un peu à l'écran pendant que les sous-intrigues se multiplient. Alors que le deux premiers tiers sont relativement exhaustifs, la série arrive rapidement à un point où il reste beaucoup d’événements à couvrir, mais plus vraiment de temps pour le faire. Alors d'un coup, les choses se précipitent un peu. Malgré tout, il faut saluer la volonté de restituer le plus possible d'éléments du jeu, le plus de scènes iconiques et de ne pas réellement occulter certains personnages. La série se permet même quelques adaptations assez intéressantes (et d'autres plus douteuses), bien que susceptibles de froisser les amateurs du jeu.
Le réel avantage dans tout ça, c'est qu'on s'ennuie assez rarement. En sachant que la série essaie d'adapter plus d'une quarantaine de batailles en 25 épisodes, c'est la garantie qu'il y aura des robots géants et qu'ils ne seront pas là pour servir de barbecue. Super Robot Taisen est une franchise qui avance en terrain conquis, elle n'émet pas un dixième d'effort pour essayer de séduire les odieux réfractaires à la cause du groboto. Au contraire, on y essaie sans cesse de reprendre à sa sauce le moindre concept du genre et de l'intégrer quelque part dans son cast ou son déroulement. Ça donne des machines de guerre produites en masses se battant aux côté de robots héroïques uniques et autres appareils alimentés à la magie sans que personne n'y trouve quelque chose à redire. Le résultat est finalement très sympathique et pas aussi aléatoire qu'on pourrait le croire. Cette ambiance 9000% robot-friendly constitue certainement le plus gros point fort de la série. Et malheureusement, un des rares points forts.
Là où le bât blesse réellement, c'est au niveau visuel. Tristesse et déception, toutes les machines sont en 3D et pas mal ne ressemblent à rien. Les Grungust accusent notamment plus que jamais de leur design de jouets démesurés, ce qui détonne toujours un peu avec la puissance qu'ils sont supposés dégager. Le Cybuster perd aussi irrémédiablement en classe, même s'il reste une des vedettes cachées de la série. La suite logique, c'est que les batailles sont très brouillonnes et qu'on y comprend souvent pas plus que l'essentiel. Dès que le décors à le malheur d'être un peu sombre, plus aucune action n'est lisible et c'est réellement dommage. Il est bien de rappeler que la qualité d'animation était un des point forts du jeu d'origine et si les limitations de la GBA pouvaient excuser la simplicité du jeu d'origine à ce niveau, on peut difficilement pardonner à une série animée d'être aussi désagréable. En reste que la mise en scène n'est pas mauvaise, même si de manière général quelques personnages ont vu leur capacités revues à la baisse (cf: Latooni touchée par un tir ennemi, la plus grosse invraisemblance de la série). La tension de certains passages y est finalement un peu mieux rendue mais ça reste assez moche.
C'est par contre plutôt l'inverse en dehors des combats, là où le jeu était vraiment très cheap à ce niveau. Mais je pense pas avoir besoin de signaler qu'un SRT avec des dialogues mieux adaptés que les scènes de batailles, c'est pas forcément le meilleur des compliments.
Mais du coup, est-ce que cette série à le moindre centième d'intérêt ? Juste à côté, il y a Super Robot Taisen OG : The Inspector avec beaucoup moins de 3D et Obari à la réalisation. Est-ce que ça vaudrait pas le coup de laisser de côté une série un peu tiède pour ce qui ressemble quand même assez sérieusement à un gigantesque rêve humide grobotophile ? Et bien justement, non.
Aussi moyen que puisse être Divine Wars, c'est la première partie de l'histoire et passer à côté serait comme prendre le train en route. Et au-delà de son apparence bas de plafond, Super Robot Taisen n'est absolument pas une série vide avec juste de machines humanoïdes qui se cognent dessus sans raison. Elle a son propre univers et ses personnage ont leur histoire, prendre le train en marche risque surtout d'être plus déroutant qu'autre chose. Surtout que la série n'est absolument pas mauvaise, juste esthétiquement peu convaincante. Ce qui aurait pu ressembler à juste un amas de clichés débouche finalement sur quelque chose d'assez unique dans le genre. Comme si la série avait réellement assimilé la plupart des caractéristique du genre pour le restituer de la manière la plus cool possible. On pourrait lui préférer le jeu dont il est adapté, mais en plus d'être très dur à trouver il est malheureusement assez daté. Cette série est finalement un bon point d'entrée dans la franchise. Dommage qu'elle ne soit pas un peu plus que ça.
*: C'est pas exactement vrai, en fait.
Il existait déjà Masô Kishin : Lord of the Elemental qui reprenait des personnages entièrement originaux et qui raconte l'histoire de Masaki Andoh avant sa première apparition dans un SRT. C'est d'ailleurs de cet univers que vient la série Cybuster.
Je sais, j'ai donné des informations erronées juste pour le lolz. Je ne mérite plus ce site.