Une des grandes questions qui se pose à celui qui se veut commentateur d’animation japonaise est de savoir ce en quoi consiste la Qualité. Ce mot est si souvent utilisé mais personne ne réfléchit vraiment à sa signification ; la Qualité est-elle une notion objective, qui est atteinte lorsque l’anime remplit convenablement toutes les cases qui lui ont été arbitrairement décidées ? Pour ma part, la Qualité c’est cet état de pure satisfaction, d’intense contentement qui survient lorsque l’on a envie d’aller prendre son billet pour le Japon, d’aller trouver le mec responsable de l'anime et de le féliciter pour son travail avec une bonne poignée de main bien virile.
Et pour illustrer cette idée de Qualité, l’anime qui en est le plus représentatif de ce premier semestre 2017 est sans aucun doute Bloodspray of Goemon Ishikawa, nouveau film de Takeshi Koike dans la lignée des précédents animes Lupin the Third, sur lesquels il a travaillé comme designer puis réalisateur. Je ne reviendrai pas sur cette continuité, j’en ai déjà parlé en long, en large et en travers depuis maintenant assez longtemps pour que vous ayez eu le temps d'aller voir de quoi il en retourne.
Bloodspray of Goemon Ishikawa s’intéresse comme son nom l’indique au personnage de Goemon, le samurai sans maître qui suit Lupin dans ses aventures depuis maintenant cinquante ans. L'histoire est plutôt classique, puisqu’il va s’agir pour Goemon d’affronter un tueur à gages ayant un contrat sur la tête de Lupin, Jigen et Fujiko. Honnêtement le scénario n’est pas particulièrement intéressant, faute à une intrigue assez vague et qui n’aboutit pas à grand-chose. Mais l’histoire dans un Lupin the Third on s’en fout un peu, c’est pas ça qui compte.
Ce qui compte, c’est la même chose que les précédents Lupin version Koike ; cette Qualité extrême dans la direction artistique, l’animation, la mise en scène, et la forme de manière générale. Les scènes d’actions sont superbes avec des combats de sabres violents et des poursuites en voitures géniales, les animateurs ayant décidé de poser leurs couilles sur la table avec des véhicules entièrement dessinés à la main. C’est limite si les bagnoles et les motos ne constituent pas les personnages principaux de l’anime tant la mise en scène les met en valeur de manière presque pornographique.
La Qualité d’un film c’est aussi la Qualité de ces personnages, et sur ce point difficile de prendre à défaut une licence telle que Lupin the Third dont les personnages sont tellement géniaux qu’on leur consacre des animes depuis cinquante ans sans discontinuer. Bloodspray of Goemon Ishikawa apporte une nouvelle tête à cette mythologie, et pas des moindres : Hawk est déjà un des meilleurs antagonistes de la licence, avec son style de combat brutal et sa dégaine à la fois bonhomme et menaçante, évidemment inspiré par le personnage du Requin de James Bond. Et un anime qui référence un nanar tel que Moonraker c’est nécessairement la classe.
La classe, c’est le mot qui définit le mieux cet anime, et le style de Takeshi Koike en général. Avoir la classe c’est difficile, mais Lupin the Third n’a aucune difficulté à rester élégant et cool quelles que soient les circonstances, sans en faire jamais trop et restant fidèle à ses traditions ; et c’est sans doute là que se trouve le secret de sa Qualité. 7,5/10