Critique de l'anime The Diary of Tortov Roddle

Dis, tu me racontes une belle histoire ? Non, mais je peux te conter un beau voyage…

Très court en plus d'être décalé, "The Diary Of Tortove Roddle" n'a pas de scénario. Aucune trame, pas vraiment de personnages secondaires non plus, pas d'action et pas un combat ni aucune animation foudroyante. A cela ajoutez que "The Diary Of Tortove Roddle" ne comporte aucune parole et de ce fait pas un seul dialogue.

Alors que possède cet anime ? N'a-t-il rien pour lui ? A vrai dire je ne sais pas.

Je plaisante chers lecteurs, votre humble serviteur va s'employer à vous révéler ce qui fait l'intérêt de "The Diary Of Tortove". Pour commencer c'est simplement l'histoire de Tortove, un homme bon, en cela son regard ne trompe pas, plutôt d'allure longiligne avec un haut de forme ajoutant à sa grande taille, il trimballe sa grande carcasse sur les routes de Tartalia. Tartalia étant évidemment le monde où évolue notre personnage principal. Donc Tortove c'est un homme ayant belle allure, tel un gentleman "so british" qui voyage écharpe au vent accompagné d'un cochon géant. Ce dernier est à la fois sa monture et son compagnon de tous les jours. Avouons que ce n'est pas commun, en effet mais toute cette mini-série est ainsi faite, que ce soit ses personnages ou sa réalisation nous avons là un produit des plus originaux. L'amateur de shonen rageur risque de s'ennuyer fort, pas sûr non plus vu que j'en suis la preuve vivante, mais soyez au parfum en apprenant que cet anime est bien de ceux que l'on appelle "anime contemplatif". Je vous arrête tout de suite si vous cherchez à vous raccrocher à quelque chose d'habituel ou de cohérent. Cet anime est marqué du sceau de la découverte, et l'unique élément qui vous sera familier c'est celui de la magie de l'animation japonaise. De celle qu'il faut laisser prendre pour vous guider vers du rêve via une ambiance poétique propice à l'évasion comme à l'apaisement des sens. Certainement un bon moyen de nous permettre de nous échapper un instant du tumulte de la vie quotidienne ainsi que de nos animes habituels (cela pour mieux y revenir évidemment). Cet anime prenez le comme un passage que l'on aborde sans ligne blanche pour nous donner la direction. Sa force principale réside dans cette ambiance sonore agrémentée d'une bande son de qualité, de graphismes dépouillés aux couleurs ternes de toute beauté. Ceux-ci renvoyant une certaine mélancolie et reflétant les ambiances d'une saison où il est beau d'admirer par la fenêtre la tombée des feuilles mortes en étant assis tranquillement chez soi un chocolat chaud à la main. Le chara-design est des plus baroque avec des proportions sortant des standards nous offrant des visages aux traits les plus simples. Toutefois cette simplicité a du bon car elle se suffit et crée un univers à part entière où chaque forme, chaque couleur, chaque objet présent dans le décor prend toute son importance. J'ai eu notamment l'impression d'apprécier ces quelques peintures que l'on peut admirer dans les musées ou aux détours de certains livres d'illustrations artistiques. Un anime d'une rare beauté, décliné en quelques courts épisodes dont je vous laisserai le soin d'interpréter vous-même le contenu et de juger de la qualité. Pour ma part il est dommage que ce fut si court car j'ai été charmé, comme bercé et bien à l'aise dans ce voyage sans équivalent notable dans mon animethèque. La seule narration autant qu'elle puisse en exister et s’il en est une ici n'est autre que celle du journal de route de notre protagoniste principal. Comme l'anime est muet alors à l'instar des films de Charlie Chaplin, les dialogues comme la narration s'illustrent sur votre écran via un carré de couleur marron clair, où il est écrit ce que vous devez savoir à chaque étape de cette histoire. C'est pourquoi j'insiste sur le fait que le son, les bruitages, la musique ainsi que les images prennent encore plus de sens ici que dans nul autre anime. C'est la résultante de cette alchimie voulue par Kato Kunio, le Factotum en charge de cet anime, qui fait toute la singularité de « The Diary Of Tortove ».

Alors un prototype, un ovni ou une œuvre créée sans le sou ? Peu importe toutes ces questions et considérations habituelles. Il s'agit juste d'un voyage et somme toute d'une expérience aussi brève qu'onirique que nous offre la Japanimation avec "The Diary Of Tortove". Et rien d'autre à comprendre ou à analyser. En revanche tachez d'apprécier ou pas ce qu'il en est. Certes celui-ci ne plaira pas à tous, mais il ravira ceux qui sauront être touchés par ce genre de découvertes. Clairement cet anime est une petite œuvre aux airs de peintures que l'on suit comme si l'on tournait les pages d'une BD. Pas d'un manga, oui je pense bien à une bande dessinée occidentale. Pour conclure je le conseille à tous parce qu’il n'est jamais inintéressant en soit de pouvoir faire la découverte d'une œuvre sortant de l'ordinaire. De temps en temps ça fait même du bien...

C'est tout pour moi.