Lorsque The Five Stars Stories débute avec un carton nous expliquant que le récit se déroule en l’an 2988 du calendrier whatever du système solaire whatever, le spectateur est immédiatement plongé dans le bain. A l’image de l’iconique « il y a bien longtemps dans une galaxie très lointaine », quelques mots suffisent à nous envoyer très loin dans un univers de fiction où seule règne l’imagination de ses créateurs. Toute la question est alors de savoir si le voyage vaut le coup.
The Five Stars Stories est le manga culte de Mamoru Nagano, sur lequel il commença à travailler alors qu'il officiait chez Sunrise en tant que designer sur les séries L-Gaim et Zeta Gundam. Son style, qui privilégie des méchas détaillés et faisant moins « jouets » que la normale, fit son petit effet à l’époque et mena à l’adaptation de son œuvre en OAV. Un moyen-métrage d’une heure, produit par Sunrise en 1989, et reprenant une mince partie de l’histoire originale qui constitue à elle seule une véritable mythologie.
La galaxie dans laquelle se déroule l’histoire est partagée entre quatre nations qui se font régulièrement la guerre. Des gigantesques méchas, les Mortar Headds, sont envoyés sur les champs de bataille pour semer la destruction. Ces engins sont pilotés par des spécialistes appelés Headdliners, mais demandent également l’assistance de Fatimas, des humaines artificielles capables de se synchroniser avec le CPU du Mortar Headd et permettre sa manipulation.
Les Fatimas sont créées et élevées en tout petit nombre dans la galaxie, et l’association de la Fatima et de son Headdliner est un enjeu politique majeur pour chaque nation. Et c’est également là-dessus que va se jouer le film, qui adapte le premier tome du manga.
Sur la planète Addler, deux nouvelles Fatimas sont sur le point d’être associées à leurs Headdliners. Des prétendants de toutes les régions se présentent pour être choisis, parmi lesquels de puissants dignitaires de pays lointains. Ce jeu de nobles est suivi de loin par Ladios Sopp, mystérieux jeune garçon qui se trouvé être l’ami d’enfance des sœurs Fatimas.
Si le récit paraît simple dit comme ça, ne vous attendez pas en regardant le film à ce que l’histoire vous soit servie sur un plateau. Adapter un manga aussi long et riche en une petite heure de film n’amène que frustration et le tout se transforme vite en un étrange bazar rempli de personnages, de lieux et de concepts qui restent au stade de l’énonciation. Le véritable intérêt du film, il faudra aller le chercher un niveau visuel.
Le chara-design et la direction de l’animation ont en effet été confiés à ce cher Noboteru Yuki. Véritable star de l’animation japonaise durant l’Age d’Or, Yuki a marqué de son style pas mal de productions plus ou moins cultes telles que Escaflowne ou Chroniques de la Guerrre de Lodoss. Extrêmement reconnaissable, son style de l’époque se situe quelque part entre Yoshitaka Amano et les vieux shôjo manga de Clamp - attendez-vous donc à des beaux gosses à l’androgynie troublante, des jeunes filles longilignes et des costumes extravagants dans les formes et les couleurs. Vu de notre époque, l’ensemble à une saveur résolument kitsch. Mais pour ceux qui ont connu même partiellement cette période (mon tout premier OAV d’anime était une VHS de Gunnm, également dirigé par Yuki), on retrouve condensé en un seul anime tout un pan du style des années 90, style qui a aujourd’hui complètement disparu.
Cela ne sauve toutefois pas l’anime du relatif oubli dans lequel il sera destiné à tomber, son histoire n’étant qu’une mise en bouche de quelque chose de bien plus grand, et les méchas promis n’arrivant que dix minutes avant le générique de fin. Mention toutefois pour l’animation, de haute tenue, et pour la musique composée et interprétée par Tomoyuki Asakawa, un harpiste ayant participé à une quantité stupéfiante de productions dans divers domaines.
Pour ma part, si le style de Yuki vous intéresse malgré tout je ne peux que vous recommander d’autres OAV au moins aussi intéressants, tels que Gunnm ou The Weathering Continent…