Critique de l'anime The Sky Crawlers

» par Nakei1024 le
13 Avril 2010
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De mémoire personnelle, la plupart des longs métrages d’animation Japonaise (à quelques exceptions près comme les productions signées Miyazaki) présentent globalement les mêmes qualités et défauts. Dans les qualités, il y a bien entendu un aspect graphique toujours très abouti, avec des décors, une mise en scène et une animation peu souvent mis en défaut, accompagnés par la même occasion d’une bande son digne des plus grandes productions Hollywoodiennes. On peut le dire, les longs métrages nippons sont souvent extrêmement contemplatifs (et poétiques) à bien des égards. Malheureusement, les scénarios se révèlent souvent décevants pour des raisons diverses et variées, qu’il s’agisse d’un univers original mais pas assez approfondi (normal pour des productions qui font entre 1 et 2 heures, mais frustrant quand même) ; d’un récit un peu trop alambiqué qui se donne un côté un intellectuel pour masquer le vide qui le compose ; ou encore d’un rythme vraiment mou du genou qui permet certes de profiter de chaque plan, mais casse aussi mortellement l’ambiance qu’on aurait aimé ressentir… Le plus souvent, il s’agit d’un patchwork de tous ces ingrédients, et TSC ne coupe malheureusement pas à cet état de fait (vous voilà prévenus).

La réalisation est à couper le souffle : l’animation est fluide, les couleurs réalistes et les séquences 3D, réservées aux missions aériennes, sont parfaitement intégrées à l’ensemble. Parlons-en des plans aériens, les avions présents s’inspirent fortement des appareils utilisés durant la seconde guerre mondiale et notamment les derniers temps de celle-ci, où plusieurs nouveaux modèles révolutionnaires firent leur apparition. Bien entendu, japanime oblige, il ne s’agit pas d’un simple copier-coller de vieux coucous, et les modèles piloté adoptent un genre plus high-tech. Qu’on les voie évoluer dans le ciel bleu, au-dessus d’une campagne isolée ou d’une grande ville, on ne peut qu’être frappé par la richesse des détails tant sur les appareils que sur le sol ou les nuages. Et cette impression se renforce encore davantage lors des combats aériens : les moteurs fument, crachent des flammes, explosent en plein vol, et les rafales de mitrailleuses arrachent de morceaux entiers de carlingue sur les infortunés croisant leurs trajectoires.

La musique n’est pas en reste : reposante, dramatique ou nerveuse, elle s’intègre parfaitement à l’action en cours. Au final, on a vraiment l’impression d’être au commande de ces « terreurs du ciel ».

Abordons maintenant le scénario dont les problématiques abordées se révèlent peu à peu au fil des missions. On y suit donc le quotidien de Kannami, jeune pilote talentueux fraîchement affectés dans l’escadron de Suito Kusanagi, elle aussi pilote et responsable de la base. Loin d’être une grande bavarde ou d’attirer la sympathie (malgré son physique attirant), elle semble néanmoins porter à son nouveau soldat un intérêt particulier et inexplicable. Il faut savoir que dans cette guerre opposant deux factions, les effectifs des pilotes sont exclusivement composés d’adolescents dont certains sortent à peine de l’enfance : les Kildrens. Aucune explication n’est donnée quant à ce choix si ce n’est que des scientifiques sont parvenus à trouver un moyen de stopper le vieillissement cellulaire chez de jeunes sujets, et n’ont rien trouvé de mieux que de les envoyer au casse-pipe dans des joutes aériennes fortement médiatisées (inutile de faire grandir ceux condamnés à mourir rappellera régulièrement Kannami). Tel est donc le destin de ces « enfants », forcés de s’affronter dans des missions toujours plus spectaculaires et dévastatrices (les pertes sont parfois colossales) dans le seul but d’amuser les foules.

Des deux factions dissidentes, on ne sait finalement rien : s’agit-il de deux états en guerre, ou bien de groupes industriels qui ont trouvé là une nouvelle manière de ramener des fonds pour leurs actionnaires ? Impossible à dire, mais plus on avance et observe le quotidien des jeunes soldats et les missions qu’ils se voient confier, plus on a l’impression d’assister à un spectacle parfaitement mis en scène (de manière concertée) par les deux « belligérants ». Le cynisme est poussé à son comble avec la découverte du « professeur » : un pilote inconnu appartenant à la faction adverse de celle de Kannagi et ses camarades, dont on ignore s’il est aussi un Kildren ou le seul adulte participant à cette guerre. Toujours est-il qu’il possède une réputation de pilote invincible, mettant un point d’honneur à abattre tous ceux qui se dressent face à lui et traquant impitoyablement les meilleurs as parmi ses adversaires. On découvrira vite que là aussi, tout semble avoir été prévu pour permettre aux deux groupes de ne pas perdre leurs meilleurs pilotes (et surtout leurs compétences), ce qui risquerait de faire baisser le niveau d’acrobatie et de spectacle des opérations « militaires ».

Et la vie des pilotes dans tout ça, une fois arrivés à terre ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils possèdent une marge de manœuvre apparemment suffisamment importante pour leur permettre de vivre un semblant d’existence normale. Malgré leur physique éternellement adolescent, certains parviennent à vivre assez vieux pour arriver à une maturité de corps et d’esprit qui les encourage à trouver des occupations plus « adultes », qu’il s’agisse d’alcool ou de relations intimes (Kildrens et personnes extérieures). Les demoiselles vivant assez longtemps pour en faire l’expérience parviennent même à tomber enceinte, mais là encore les responsables semblent ne pas en tenir compte. Pourtant, on se rend vite compte que cette vie est extrêmement réglementée et que cette liberté apparente s’efface presque instantanément lorsqu’une nouvelle mission est lancée, pas de manière brute, mais plutôt comme un conditionnement. Après tout, où pourraient bien allez ces jeunes gens trop différents du reste de la population s’ils décidaient de fuir. Et même la mort semble n’être finalement qu’une évasion provisoire face aux règles de ce jeu cruel, mais cela seuls ceux qui vivent assez longtemps peuvent s’en rendre compte.

En conclusion, voici encore une production parfaitement aboutie sur le plan technique, mais plus critiquable si l’on aborde le scénario (entre deux missions, qu’est ce que c’est long). L’univers n’est qu’effleuré, mais de manière déjà assez complète au vu des éléments laissés au spectateur pour tenter de comprendre et analyser les tenants et aboutissants de l’histoire. On aurait quand même apprécié en savoir un peu plus sur les différents personnages croisés en cours de route et notamment sur le fameux « professeur ».

Une adaptation vidéo-ludique est sortie récemment sur Wii, peut-être permet elle d’enrichir davantage le background général, à voir.

Verdict :8/10
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