Endo and Kobayashi's Live Commentary on the Villainess : Qui est la méchante
Je dresse les projecteurs pour cet anime qui a besoin d'un peu de lumière.
Endo and Kobayashi's Live Commentary on the Villainess (que l'on abrégera en EKLCV) est une sortie de l'hiver 2023 ou nous suivons les aventures de Endo et Kobayashi, deux jeunes lycéens classiques, qui commentent le jeu vidéo auquel ils jouent, ce jeu est un otome game (jeu de drague ou le but est développer une relation) dans lequel ils ont le pouvoir de communiquer avec les personnages du jeu. Kobayashi a une grande connaissance du jeu et de son déroulement, elle sait que son personnage préféré Lieselotte, la vilaine du jeu, va mourir et que si cela arrive l'humanité sera en danger. Elle fera tout son possible pour sauver Lieselotte de son triste sort ! or ce n'est pas gagné d'avance car Lieselotte est une super tsundere incapable d'honnêteté, et le destin de l'humanité dépend de sa capacité à avouer ses sentiments à son prince Sieg. Kobayashi, accompagnée de son fidèle ami Endo, grâce à leur pouvoir de communication, mettront tout en oeuvre pour rapprocher Lieselotte et Sieg!
EKLCV est probablement l'une de ces sorties qui ont échappé à votre radar, en effet c'est un énième isekai parmi les nombreuses fournées que l'on nous sert toutes les saisons, mais étant gros consommateur du genre je ne pouvais évidemment pas passer à côté.
EKLCV appartient à un sous genre du isekai que l'on pourrait qualifier de "isekai villainess", c'est à dire ces isekais aux airs d'otome game ou un prince rompt son engagement à la "villainess" car il est tombé amoureux de l' "héroine". En général la villainess est une harceleuse de l'héroine par jalousie de l'attention du prince à cette dernière, mais le prince découvrant les agissements horribles sur l'élu de son coeur condamne la villainess à son "death flag", autrement dit son bad ending qui est soit une mort, une exclusion du royaume, ou la perte du statut social. Le principe c'est que nous suivons la réincarnation d'une personne ayant connaissance du livre/jeu vidéo dans lequel l'univers prend place depuis le point de vue de la villainess. Ainsi le "réincarné" subit la situation de la villainess, généralement dans un contexte ou son statut social est au plus bas, et agira ensuite en conséquences en fonction de ses objectifs ou de sa personnalité. Par exemple, l'anime du même genre My Next Life as a Villainess, montre la réaction du monde au changement de personnalité de la villainess Katarina qui passe de fille tyranique et égoiste à fille solaire et enjouée.
EKLCV est donc un "isekai villainess" ou tout l'intérêt de l'histoire repose sur la façon dont la villainess tentera de démêler la situation. Notre villainess à nous vous l'aurez compris s'appelle Lieselotte. Lieselotte est une belle jeune blonde noble étudiante dans une école de magie prestigieuse fiancée au prince Sieg, elle possède un caractère autoritaire et conservateur n'hésitant pas faire des remontrances au moindre comportement socialement inapproprié, ce qui l'amène à être souvent incomprise de ses pairs qui la prennent pour une noble froide et tyrannique. Cependant derrière ce comportement, se cache un coeur tendre plein d'amour et de tendresse qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Comme on peut le constater, villainess ne veut pas dire mauvaise, ici Lieselotte est considéré comme antagoniste à l'héroine à cause d'une incompréhension de ses intentions. Mais elle n'est pas vraiment une villainess, c'est d'ailleurs tout ce contraste qui rend le personnage attachant. Elle est censée être une méchante, elle agit comme tel, mais ses réactions et le sens caché de ses actions nous prouve l'inverse. On comprend aisément que ses actions sont emplies de bienveillance et de maladresse. Vous avez dit tsundere ?
Dans les isekais villainess, il est monnaie courante que les mauvaises actions de la vilaine soient toujours pardonnées ou contrebalancées par un bon fond. La force de ce genre de récit qui tente de subvertir le rôle intrinsèque des personnages, l'héroine devient la méchante et la mechante l'héroine, c'est qu'il crée un capital sympathie immédiat. Nous savons pertinemment que la villainess n'est pas à l'image que lui décrivent les autres personnages, on comprend qu'il y a une incompréhension et l'on se fait supporter de celle qu'on est censé détester. Mon avis pour EKLCV c'est que le pari est tenu, Lieselotte est une villainess mais personne n'y croit, elle est l'ultime tsundere, on s'amuse avec complaisance de ses réactions mignonnes quand Sieg lit entre les lignes de ses soi-disantes mauvaises actions.
Tout l'anime d'ailleurs capitalise énormément sur l' "over-reaction" des personnages, les situations tendues provoquées par TsunLiese et sa morale bien pensante sont toujours désamorcées par un comique de situation. Par exemple TsunLiese au lieu de dire qu'elle a juste envie de voir son Prince Sieg s'invente une excuse genre "je vous surveille pour que vous ne fassiez pas de bêtises", mais Sieg n'est pas un idiot, il sait lire entre les lignes, et il n'hésite pas à dire tout haut ce que TsunLiese pense tout bas ! L'embarras de TsunLiese quand ses intentions sont exposées provoque toujours des "kawaiiii" du spectateur et des personnages devant une TsunLiese de sucre. Il y a donc toujours cette ambiance innocente, légère, et humoristique que l'on appécie beaucoup pour un anime de ce genre.
Notons aussi la performance de Tomori Kusunoki, la seyuu de TsunLiese, qui par l'efficacité de son doublage parvient à renvoyer l'image hautain/harceleur des scènes qui sont censés l'être.
A coté les autres personnages ne sont pas reste, nous avons Fiene et Baldur, l'autre couple du jeu, et évidemment Kobayashi et Endo. Ils sont tous appréciables et remplissent bien leurs rôles. De plus, ils nous divertissent beaucoup dans leurs combats pour gérer l'ultime tsundere tout en avancant dans leurs propres relations.
EKLCV est un cas particulier de isekai villainess puisqu'il introduit cette notion de "communication" entre les deux mondes, il y a l'univers de Lieselotte & co et le monde moderne représenté par Kobayashi & Endo (K & E). En introduisant cette jonction l'auteur à tenter une approche pour le moins audacieuse, mais aussi risquée, faire coexister deux histoires en une est une approche casse gueule car une histoire peut prendre le pas sur l'autre si elles ne sont pas équitablement écrites et agencées, c'est le cas pour l'anime So I'm a Spider, So What? ou la partie araignée surclasse la partie humaine comme expliqué dans cette excellente critique. Si effectivement K & E font avancer l'action, l'histoire se passe dans le monde de Lieselotte & co, l'interaction entre K & E tranche tellement avec l'univers de Lieselotte & co qu'on a parfois l'impression d'être dans deux animes différents. Il y a cette impression de superficialité dans le temps qui leur ai consacré, on suit leur quotidien au lycéen, ils se baladent ensemble, ils commentent des matchs sportifs, ils flirtent, mais au fond quel est l'intérêt quand l'avenir du monde dépend de l'avancée de Lieselotte & co ? Cette partie dans le monde réel semble comme déconnecté de l'intrigue principal, elle prend néanmoins son sens dans le dernier épisode, mais cela ressemble plus à une tentative de justification qu'à une fin mûrement réfléchie. (toutefois je ne remets absolument pas en cause l'importance de K & D dans l'intrigue)
Il faut comprendre que sous ses airs de isekai, EKLCV est avant tout une romance. Il serait même plus juste de dire qu'il s'agit d'une comédie romantique qui UTILISE le concept de isekai pour appuyer son propos AVANT d'être un isekai. En tant que comédie romantique son but c'est d'atteindre l'osmose du couple principal, mais en tant que isekai son but c'est de sauver le monde à coup d'épée et de magie, il y a donc deux objectifs à remplir, EKLCV combine astucieusement les deux genres pour donner toute sa force à la dimension amoureuse.
D'abord l'idée de "communication" avec les personnages K & D de l'autre monde permet de délier la relation Lieselotte & Sieg et de la faire progresser, on passe de deux personnages incapables de se comprendre à deux amoureux transi, Kobayashi utilise ses connaissances du jeu et son pouvoir pour guider Sieg dans la bonne direction, cette façon de briser le 4ème mur pour faire évoluer une relation est très originale, et cela n'est possible que dans un contexte isekai.
Enfin, l'aspect médiéval/fantasy permet de poser un cadre que l'on ne voit pas souvent pour un anime qui est littéralement un "shojo" sur fond de isekai. Les "shojos" animes classiques se déroule généralement dans un cadre tranche de vie/lycée ou les avancées se font à coup de drame ou clichés du genre, en concentrant son action dans la fantasy EKLCV permet à ses personnages de se confronter davantage à des épreuves variées qui font avancer leurs relations, au cours de l'histoire l'amour de TsunLiese et Sieg est constamment testée à coup de pouvoir magique, ce brin de fantasy est utilisé intelligemment par l'auteur pour développer chaque couple de personnages.
En plus, on apprécie de voir en tenue de soldats assortis à son chéri TsunLiese.
Pour conclure, à bien des égards Endo and Kobayashi's Live Commentary on the Villainess au delà d'être un isekai villainess, c'est avant tout une comédie romantique sur fond de fantasy, autrement dit un "shojo de fantasy", portée par un personnage faussement décrit comme une "méchante" dont on appréciera les réactions et l'évolution. On passera sur l'aspect WTF de la fin, car EKLCV est l'un de ces très rares animes qui se suffit à lui même, l'histoire a terminé ce qu'elle a commencé et ne laisse aucune insatisfaction dans sa conclusion. J'ai beaucoup apprécié cet anime pour son humour, sa légèreté et ses personnages, c'est pour cette raison qu'un 8 n'est pas de trop. (en plus j'aime bien l'OP)
(le terme shojo est ici utilisé à des fins de description d'un anime généralement destiné aux filles et qui en utilise les codes, ceci est un disclaimer pour les extrémistes des classifications)