Un repas appétissant

» Critique de l'anime So I’m A Spider, So What? par Rahvoc le
29 Janvier 2022

Huit pattes et tout autant d'yeux, c'est le minimum syndical qu'il fallait afin d'explorer le monde inconnu et impitoyable dans lequel une jeune lycéenne fût brusquement réincarnée suite à une explosion dans sa salle de classe.
Naissant dans un oeuf d'arachnides au milieu de centaines de ses congénères, sa premiere leçon de vie commencera aussitôt : bouffer un cadavre d'un membre de sa fratrie, en évitant de se faire elle-même bouffer par sa mère, ses semblabes ou autres joyeusetées prédatrices rôdant aux alentours. Le tout au fond d'une immense grotte bien sombre et lugubre à souhait. On aura connu mieux comme nurserie.
Manger, manger, manger, puis dormir, tuer, survivre, évoluer, et surtout emmagasiner des skills plus cheatés les uns que les autres, constituera le quotidien de cette spiderwoman en herbe.

J'avoue avoir retardé le visionnage de cette serie. Je suis, je le confesse, un amateur de issekai. Pourtant, le genre étant à la mode en ce moment, on nous sert un flot continu d'oeuvres s'étalant sur l'intégralité du spectre visible. Du mauvais au génial, en passant évidemment (et surtout) par le médiocre, je craignais que notre petite kumo-chan ne soit qu'un slime du pauvre. Le speech du départ se rapprochant grandement, avouons-le de Tensura, je cragnais le plagiat façon série B. Et puis finalement, un peu parce que je n'avais rien à m'injecter de mieux dans la rétine, un peu ayant la flemme de chercher autre chose, je lui laissais sa chance.

Ce ne fut pas un regret. Du moins en ce qui concerne toute l'épopée de cette drôle d'octopattes.
Aussi gloutonne que bavarde, son périple se suit très facilement. Si le background est quelques peu léger (cf la dernière phrase de mon premier paragraphe), le débit des nombreux monologues de l'héroïne, soutenu par un doublage parfait, comble largement le "vide apparant" en arrière plan. C'est presque du one man show à ce niveau.
Cela me semblait d'ailleurs étrange au début, car la jeune fille réincarnée, Wakaba Hiiro, était tout l'inverse en caractère avant sa réincarnation. Solitaire et associale, renfermée sur elle-même, elle ne parlait absolument pas en public. Les railleries de ses camarades de classes n'arrangeant en rien la chose.
Et puis on avance dans l'histoire et on découvre les autres protagonistes ; les autres camarades de classe, eux aussi réincarnés dans ce monde avec leur professeur, et quasi-tous en humains normaux. On se rend alors compte, que nombreux sont ceux qui ont vu leur personnalité changer en fonction de leur nature et statut. Du coup on comprend retrospectivement le fait que le caractère de Wakaba, devenue alors Kumoko, soit vif et déluré, avec un débit de parole à la minute qui colle parfaitement avec sa caractéristique la plus élevée : la vitesse.

Cette péripétie arachnoïdique est toutefois fractionnée par celle, moins intéressante, moins rapide, moins intense et plus random, de celle des autres élèves.
L'anime se scinde en effet en 2 parties, tant géographique que temporelle. D'un côté nous suivons Kumoko et ses combats acharnés pour sa survie, de l'autre les gamins regroupés (en partie) dans une école de ce nouvel univers par leur ancien professeur, Mlle Okazaki Kanami, alias Filimøs, qui les recherche tous à travers le monde. Dans cette seconde partie, on frôle le banal, pas forcement scénaristiquement, mais dans la forme. Les décors, les mises en scènes, l'animation, les personnages, tout cela laisse un arrière goût de standard bien classique et très moyen. A commencer par le protagoniste, Monsieur Héros-de-Shônen-Parfait. Ce type est le perso que j'ai le moins aimé de l'anime. Son caratère, collant comme je disais plus haut à son incarnation, est niais à en faire chialer les protagonistes de visual novel. Je n'attendais, surtout vers la fin, que son trépas, qui oh !, spoil, ne viendra bien évidemment jamais. C'est pas bien vu dans les shônen que le héro crève parait-il... Dommage. Entre son brother-complex et ses discours barbants, j'ai fini par me demander quels sons plus agréables pourraient produire ses cordes vocales, si, à la manière d'un violon, un antagoniste y faisait glisser la lame de son épée. C'est dire le niveau d'agacement qu'il m'a procuré. D'autant que cela va crescendo durant tout l'anime. A l'inverse de ma patience...

Bref. Hormis cette tache sombre au tableau, le deuxième point négatif est l'animation 3D. Et franchement là aussi, si cela colle plutôt bien dans les passages avec l'araignée, cela ne l'est clairement pas dans ceux avec les autres éleves. Là aussi le studio a dû se dire : "vu que cette partie est banale, va fan c*lo ragazzi, la 3D le sera aussi".
Ouais.
Mais nan.
Car on a parfois des scènes proprement immondes, notamment sur les champs de bataille à la fin, qui viennent gâcher une intrigue plutôt bien foutue.
En ce qui concerne cette dernière, malgré quelques erreurs scénaristiques, celle-ci se suit aisémment, avec quelques rebondissements sympatiques qui nous donnent envie d'en savoir plus (saison 2...).
Notre demoiselle aussi cheatée (mais non sans peine) que déjantée est marrante comme tout et constitue presque à elle seule une raison de se mettre à cet anime.
Ah ! Et nom d'un chien. Enfin un issekai sans harem et sans ecchi... C'est plutôt rare et rien que ça, ça fait du bien !

Enfin, et pour conclure, en ce qui concerne les ost, comme souvent malheureusement, cela reste moyen. Une piste marque cependant : l'ending. Je pense que ceux qui nous l'ont fait passer de leurs cerveaux aux nôtres devraient quelque peu réduire leur consommation de speed et de cocaïne. Vraiment. Je dis ça pour leur bien.

Ps. : pour les arachnophobes au fond de la salle qui hésitent, je suis sur que Kumo Desu ga, Nani ka ? sera un remède efficace à votre phobie.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Rahvoc, inscrit depuis le 24/04/2010.
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