Pour cette troisième critique, on va changer radicalement de genre en s'intéressant à une vieille gloire de la japanimation : Hokuto no Ken. Cette critique se voulant sérieuse, je ne parlerais pas de la VF qui a à la fois dénaturé l'oeuvre originale et crée une véritable Abridged Series avant l'heure.
La raison première qui m'a conduit à m'intéresser à cette série est son thème. Le post-apocalyptique, et en particulier le post-apocalyptique qui suit la lignée des films cultes Mad Max en dépeignant un monde dévasté où la seule loi qui demeure est celle du plus fort, n'est pas très répandu dans l'animation japonaise. En tout cas, ce n'est pas faute d'avoir cherché. The Third et Trigun pourraient à la rigueur entrer dans cette catégorie, mais en matière de format long je pense pouvoir affirmer qu'Hokuto no Ken est en situation de monopole.
Graphiquement, ce thème a été plutôt bien retranscrit : les panoramas des villes sont glaçants et la violence ambiante s'en ressent jusque dans le visage déformé des différentes hordes de punks qui passent leurs journées à piller des villes en ruine et terroriser la population civile. C'est sans doute un des points qui m'ont le plus marqué : Hokuto no Ken est un anime violent, mais cette violence est indispensable afin que le thème soit bien traité.
C'est dans cet univers dévasté où le vice est omniprésent qu'intervient Kenshiro, une sorte de Rambo des temps modernes qui se révèle être l'héritier d'un art martial particulièrement cruel : le Hokuto Shinken. Je dois dire que j'ai trouvé le personnage assez unidimensionnel : sa tâche, de l'épisode 1 à l'épisode 109, est de faire régner la justice sur un monde qui en manque cruellement. En cela, il fait la paire avec un de mes personnages préférés de la série : Lynn, une petite fille dont le courage est l'incarnation de la Vertu innocente (voir l'épisode 45 qui m'a fait adorer ce personnage). Le binôme Vice / Vertu m’apparaît en effet comme étant un thème central dans cette oeuvre dans la mesure où ces deux notions justifient entièrement l'étalage de violence dont regorge l'oeuvre.
Hokuto no Ken, c'est donc une série jouissive où l'on prend plaisir à voir un paladin sauver la veuve et l'orphelin en démolissant des légions de punks. En l'état, cela peut donner à la série un aspect manicchéen assez basique. C'est en grande partie vrai. Paradoxalement, je trouve pourtant que cela fonctionne très bien. Toutefois, la série ne se résume pas à cela. Au post-apocalyptique s'entremêle une véritable fresque humaine via l'étude des destins croisés des quatre frères qui ont appris dans leur jeunesse les arcanes du Hokuto Shinken ainsi que des six étoiles du Nanto, une sorte d'école rivale du Hokuto pour faire court. C'est sans doute le point le plus profond de l'oeuvre puisqu'il permet de développer des problématiques que l'on ne s'attendrait pas à voir dans un anime "bourrin" ou considéré comme tel : certes, Hokuto no Ken l'est en grande partie mais on ne peut pas selon moi réduire l'oeuvre à cela. Je ne révélerais rien, mais c'est cet aspect de l'histoire qui est le plus important dans la mesure où il permet d'introduire des personnages charismatiques à la psychologie fouillée et qui ont chacun un rapport différent au destin. Je mentionnerais notamment Souther que j'ai trouvé très bien construit et cohérent.
Hokuto no Ken est donc une très bonne série qui souffre d'une réputation de nanard injustifiée en France à cause de cette VF honteuse qui lui a été accolée. Le spectateur qui apprécie le genre du post-apocalyptique y trouvera son compte, mais l'oeuvre n'est pas réductible à cela. Elle dispose d'une véritable profondeur tant dans son scénario que ses personnages que chacun peut découvrir à condition de voir au-delà des simples combats. On pourra critiquer toutefois que les personnages n'évoluent pas vraiment au cours de la série (sauf Rei). Ce sera donc un 8 pour l'originalité du thème dans la japanimation et la haute qualité de son scénario et de ses personnages.