M'étant déjà étendu précédemment sur le premier volet de Prisma Illya, il ne sera pas nécessaire d'être très long à propos de cette seconde saison qui ne tente pas vraiment de changer quoi que ce soit. Je vous invite à aller lire cette critique si vous débarquez ici sans savoir de quoi parle cette série.
Dans Prisma Illya 2wei, donc, on garde complètement la formule à la Nanoha qui transparaissait déjà dans la saison 1, avec l'arrivée de Kuro, ce nouveau personnage ressemblant étrangement à Illya. Le déroulement de l'histoire se devine rien qu'en regardant l'opening ou en ayant un brin de familiarité avec le sujet.
La majeure partie de la série est, comme précédemment, un mélange de comédie, de tranche de vie et de fan-service à l'intérêt assez faible. Occasionnellement drôle, médiocrement divertissant, on en ressort quand même avec l'idée qu'on aurait tout de même pu faire quelque chose de plus productif de son temps.
L'élément le plus intéressant reste à nouveau probablement les combats, eux aussi issu d'une sort d'hybridation/imitation plutôt convaincante des styles de Nanoha et Fate/Zero. N'attendez pas de grands enjeux ni une ampleur comparable aux deux modèles cités pour autant, mais ces combats sont pour le moins divertissants et bien foutus.
L'essentiel se trouvant dans le final de la série, les épisodes 8, 9 et la première moitié du 10, les éventuels curieux gagneraient probablement à s'épargner l'indigence de la majorité de la série en sautant directement à cette partie-là. Pour le teasing, l'auteur a choisi cette fois d'opposer tout notre casting de personnages principaux à un antagoniste tiré de Fate/Hollow Ataraxia plutôt carrément badass. Autant dire qu'au moins sur ces passages-là il est difficile de s'ennuyer.
Reste qu'on ne sait toujours pas trop quelle est la raison d'être de Prisma Illya en animé, média autrement plus coûteux qu'un manga, mais les ventes continuent de cautionner sa production au point que 2wei Herz, suite de 2wei, soit déjà annoncée. Gageons que 3rei suivra aussitôt.
Finalement, le plus intéressant dans cette série, c'est peut-être plutôt la façon dont elle est symptomatique de l'évolution de l'animation japonaise ces dernières années.
Rappelons que bien que Prisma Illya ait été pré-publié à la régulière dans le Comp Ace, son auteur reste avant tout issu des cercles amateurs et de la fan-fiction. Et je me répète, mais rien ne décrit mieux Prisma Illya qu'une fan-fiction transposant Nanoha dans l'univers et avec les personnages de Fate/Stay Night.
Ceci marque bien le phénomène du renfermement du marché de l'animation japonaise sur lui-même, de la niche produisant pour la niche et de la connivence qui s'établit entre producteurs et consommateurs, d'une part, et d'autre part un phénomène lié qui est l'effacement des frontières entre l'oeuvre et ses fan-fictions.
Dans un contexte où les fans pourraient difficilement moins se préoccuper de la différence entre une série, ses doujins de shipping yuri et ses produits dérivés, au point que l'on puisse voir une certaine rétro-action du dérivé sur l'original, quel sens y a-t-il à distinguer le Récit et ce qu'en fait sa communauté? Prisma Illya, c'est exactement ça: un mélange de dérivés dans son setting et une bouillie d'éléments "habituels" de pas mal de séries récentes.
Un phénomène à la fois assez fascinant par ce qu'il montre de l'évolution de la relation à la culture dans ce média en particulier, et aux relents un peu malsain par l'hermétisme, le déclin de diversité et surtout le brouillage entre "qualité" et "gratification" (faute de trouver un meilleur mot pour décrire ce concept où ce que veut le fan n'est pas ce qui est bon mais plutôt ce qui répond à une sorte de "liste de critères") qu'il induit.
Mais je vais cesser ici mes élucubrations sur la question, puisque ce n'est pas exactement le lieu pour les développer.