Critique de l'anime World’s End Harem

Il est particulièrement surprenant de constater qu’avant aujourd’hui un site tel que Anime-Kun, connu mondialement pour la qualité de ses membres, le haut niveau de culture générale et surtout son activité bouillonnante et sa fréquentation toujours plus élevée n’avait pas encore produit de critique envers ce chef d’œuvre de l’animation japonaise qu’est Shuumatsu no Harem.

Forcément lorsque l’on voit « Harem » dans le titre on imagine tout de suite quelque chose de grossier et de complaisant, pourtant cette série c’est tout le contraire. C’est une série qui sous ses abords racoleurs raconte une histoire d’un grand intérêt intellectuel qui donne beaucoup à réfléchir sur l’état de notre monde.

Le récit se déroule dans un futur où le protagoniste, Protag-kun, découvre qu’il est atteint d’une maladie incurable avec les moyens actuels de la médecine ; ce qui l’oblige à se faire cryogéniser jusqu’à ce qu’un remède soit trouvé. A son réveil quelques années plus tard, le monde a bien changé ; un virus appelé COVID-19 a éradiqué la moitié de la population mondiale et plongé la planète dans le chaos. Là où cela devient intéressant, c’est que le virus n’a touché que les individus masculins, et donc tous les mâles de la Terre sont morts et seules restent les femmes. Protag-kun est donc le seul et unique homme restant sur Terre…

On ne peut que rester admiratif devant le niveau de créativité qui a permis au mangaka LINK de développer une idée pareille, celle d’un monde où tous les hommes ont disparu et seules restent les femmes, cela n’a jamais été imaginé auparavant. Évidemment la question se pose de la repopulation et ce qui est vraiment intelligent avec Shuumatsu no Harem c’est que l’existence de Protag-kun va devenir un enjeu de pouvoir dans de ce nouveau monde gouverné par les femmes. En effet, les femmes qui copulent avec un des derniers hommes au monde et tombent enceintes acquièrent un statut qui leur garantit confort et sécurité dans ce monde chaotique. Malheureusement la fécondation in vitro ne fonctionne plus dans cet univers parce que le virus est vraiment très fort et du coup ça marche pas. Dès lors l’enjeu principal est de savoir qui va être l’heureuse élue de Protag-kun.

Toutefois, et c’est là le point génial, c’est que malgré la situation Protag-kun se refuse à copuler avec les femmes qui rapidement se précipitent sur lui, parce qu’il est déterminé à accomplir ses propres objectifs et notamment retrouver son amie d’enfance qu’il avait laissé avant de se faire congeler. On a un monde où les hommes ont disparu, où toutes les femmes sont prêtes à tout pour se faire féconder mais le héros refuse, je trouve cela particulièrement courageux car cela démontre qu’il y a plus dans l’humanité que de simplement produire des gosses et transmettre ses gènes. En cela Shuumatsu no Harem porte un remarquable message philosophique à l’égard d’une société productiviste qui nous conditionne vers un modèle où nous devrions être toujours plus nombreux sur cette planète pour travailler et remplir les poches des bourgeois capitalistes rentiers qui nous exploitent.

Toute thèse doit être équilibrée d’une antithèse, et une œuvre aussi sublime que Shuumatsu no Harem ne déroge pas à ce travail dialectique. Très vite on comprend qu’en réalité Protag-kun n’est pas le seul homme vivant puisque d’autres ont été congelés puis décongelés après le COVID-19. Parmi eux se trouve Incel-san, un garçon qui se faisait martyriser à l’école et qui lorsqu’il se réveille découvre qu’il fait partie des derniers mâles vivants. Contrairement à Protag-kun, Incel-san va profiter de ce changement de paradigme pour lui-même changer son statut. Incel-san ne va pas hésiter à jouir de sa position, au sens propre comme figuré, pour se métamorphoser pour quitter son identité de Incel-san et devenir Chad-sama. Ce parcours de Chad-sama est en vérité encore plus intéressant que celui de Protag-kun puisqu’il nous montre bien comment interagissent les groupes dans une situation de rivalité amoureuse et comment la performance sexuelle est l’indicateur du statut social pour l’homme viril, modèle régulièrement attaqué par les féministes woke et autres extrémistes de gauche qui tentent de mettre à bas l’ordre naturel entre les hommes et les femmes.

Restent évidemment à traiter les personnages féminins, que la série caractérise comme des femmes pleines de talents qui poursuivent leurs propres objectifs tout en faisant de leur mieux pour satisfaire Protag-kun dans sa quête de vérité. C’est tout à fait remarquable qu’une série de ce genre respecte autant les personnages féminins en les considérant comme des personnes à part entière et non pas des morceaux de viande uniquement à l’écran pour le service du spectateur. Mention spéciale à cette scène dans un bain où Protag-kun tripote une petite fille prépubère, d’un tel niveau de raffinement que cela mériterait presque un Golden Globe, voire carrément le Prix Nobel.

Du point de vue technique on ne peut que saluer le talent des animateurs et de l’équipe du studio qui ont fourni un travail de haute qualité avec une animation incroyable et surtout un chara-design détaillé qui fait ressortir les nombreuses qualités artistiques de la série, sans tomber dans l’esbroufe prétentieuse d’un Chainsaw Man par exemple.

En bref Shuumatsu no Harem est une série d’animation d’un autre niveau qui traite de sujets aussi profonds que la société, l’amour, la philosophie, la science, la politique, la psychologie et l’humanité de manière générale. Avec ses personnages attachants et son intrigue qui vous accroche du début à la fin, il s’agit d’un anime absolument essentiel et probablement une des meilleures séries que j’ai vu depuis Shingeki no Kyojin The Final Season Part 3 season 2 Part 1.