Yoru wa Mijikashi — Vagabondage au bout de la nuit

» Critique de l'anime Yoru wa Mijikashi Arukeyo Otome par Deluxe Fan le
30 Décembre 2017
Yoru wa Mijikashi Arukeyo Otome - Screenshot #1

Sorti au printemps 2017 au Japon, Yoru wa Mijikashi Arukeyo Otome est le premier gros projet de Science Saru, le studio fondé il y a plusieurs années par Maasaki Yuasa afin de créer un environnement créatif à la mesure de son talent. Car si Yuasa est sans l’ombre d’un doute un des réalisateurs les plus géniaux de l’industrie, il aura passé la majeure partie de sa carrière à louer ses services à divers studios (Madhouse, Toei, Tatsunoko…) avant de finalement sauter le pas et de créer sa propre boutique. Et le pari fut vraisemblablement réussi, puisque en outre du film commenté ci-après, Yuasa a déjà sorti un autre long-métrage (Lou et l'Ile aux Sirènes), et le géant américain Netflix lui a également commandé une série (Devilman Crybaby) qui sera diffusée début 2018.

Conquérant YWM, il s’agit d’une adaptation d’un roman de Tomihiko Morimi, connu pour être l’auteur de Uchoten Kazoku mais aussi et surtout de The Tatami Galaxy. D’ailleurs, YWM se situe dans le même univers que TTG, partage les mêmes thèmes et certains personnages ; si bien que l’on pourrait presque parler de spin-off. Il est donc tout naturel que la chaîne de télé Fuji TV, qui avait produit et diffusé The Tatami Galaxy dans sa case Noitamina en 2010, fasse appel à Yuasa et à son équipe qui gagne.

Yoru wa Mijikashi Arukeyo Otome - Screenshot #2Le récit se déroule donc à nouveau au sein du campus universitaire de Kyoto, où le protagoniste est encore une fois fou amoureux d’une fille dont il n’arrive pas à trouver la bonne approche. Les choses vont changer lors d’une nuit de fête, où la fille à la robe rouge va parcourir les rues de la ville à la recherche de son destin. Le protagoniste la suivra partout où elle ira dans l’espoir de l’aborder enfin, sans savoir que les dieux eux-mêmes sont de sortie lors de cette longue, longue nuit.

De la même manière que The Tatami Galaxy s’articulait autour d’une astuce de boucle temporelle, Yoru wa Mijikashi est construit comme une sorte de déambulation hors du temps, où les nuits s’enchaînent pour ne former qu’une seule gigantesque parade de séquences toutes plus surréalistes les unes que les autres. Après un concours de beuverie contre un usurier collectionneur de caleçons, on suivra une dégustation de produits épicés sous l’œil du Dieu des Livres d’Occasion avant de finir sur une comédie musicale itinérante sur la romance entre le prince qui ne change pas de sous-vêtement et la princesse Daruma frappée par les pommes qui tombent du ciel...

Yoru wa Mijikashi Arukeyo Otome - Screenshot #3Suivant le même style que TTG, la narration du film est ainsi particulièrement intense avec au moins un gag toutes les trois secondes ; je n’imagine pas l’état cérébral de ceux qui l’ont vu en salles. Heureusement ces gags sont tous très drôles et inattendus, on retrouve cet humour absurde et ce regard bienveillant que porte Morimi sur la jeunesse et les amours de ses personnages. Certains détails du récit sont d’ailleurs directement liés à The Tatami Galaxy, ce qui risque peut-être de perdre les nouveaux venus. De toute façon vous avez eu huit ans pour regarder cette série, si vous ne l’avez pas encore fait c’est que vous avez vraiment cherché à l’éviter.

Le film reprend globalement le style visuel de la série avec notamment le chara-design très particulier de Yusuke Nakamura, mais avec quelques modifications à la marge. La série télé utilisait souvent des images en prises de vues réelles incrustées dans l’animation, ce qui s’accordait bien au style chargé de l’anime mais donnait un rendu parfois un peu dégueulasse. Pour le film Yuasa a abandonné cette technique et s’est contenté de décors dessinés, ce qui rend le film plus clair et moins fouillis que la série. Pour le reste les trouvailles visuelles sont toujours présentes en grande quantité, l’œil du spectateur est constamment sollicité et l’heure et demie de film semble durer bien plus tant le film est dense ; Yuasa semble s’être fait plaisir avec cette occasion de revenir huit ans plus tard dans un univers aussi unique que celui de Morimi.

La filmographie de Maasaki Yuasa est un sans-faute et ce film, qui n’est finalement qu’un épisode bonus de The Tatami Galaxy, en est une nouvelle excellente addition. Ceux qui ont apprécié la série à l’époque peuvent y aller, et les autres n’ont rien de mieux à faire que de se précipiter sur ce chef d’œuvre qui est pour ma part un des Meilleurs Animes de Tous les Temps, une des plus grandes réalisations d’un des plus grands réalisateurs de l’animation japonaise.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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