Imaginez Harry Potter et ses copains dévaliser Joué Club et Toys’R’us et invoquer des sorts avec leur butin avant de s’attaquer au rayon confiserie. Voici Yume Tsukai.
Cette série est un rêve de gosse, une fantaisie orchestrée par un réalisateur facétieux qui a retrouvé une âme d’enfant le temps de la série. Quel gamin n’a pas souhaité combattre des méchants imaginaires avec sa figurine Transformer ou en brandissant un biscuit en forme de pistolet ? Les dessinateurs et scénaristes s’en sont donné à cœur joie en métamorphosant jeux et jouets en armes dantesques et farfelues qui trouveraient facilement leur place dans Men In Black. De même, ils ont rivalisé d’imagination pour matérialiser les cauchemars. Cet anime est ainsi sans doute le seul où vous verrez une glace à la vanille devenir une arme de destruction massive ou encore un ours en peluche se changer en un démon cauchemardesque.
Mais les cinq Yume Tsukai (littéralement « utilisateurs de rêves ») ont également un rôle de chaman. Brandissant chacun une sorte de bâton de sorcier que l’on croirait tout droit sorti d’une tribu papoue, revêtant en un tourbillon un costume de cérémonie immaculé, les voilà gardiens de la frontière entre rêve et réalité. Ils peuvent alors intervenir pour délivrer les gens de leurs pulsions inassouvies et pensées interdites qui, en prenant de l’ampleur, ont échappé à tout contrôle. Les thèmes abordés au gré des cauchemars sont variés et surprennent parfois par la maturité de leur traitement, même si certains n’échappent pas aux lieux communs. Je regretterai également l’irrégularité de l’histoire d’un épisode à l’autre, avec par exemple certains passages trop gamins.
Globalement indépendants, les épisodes se suivent pourtant en se ressemblant souvent, selon un axe phénomène paranormal – identification (très rapide) d’un cauchemar – enquête – explication de la cause et combat du monstre engendré. Ca manque assez de diversité. Heureusement, les scénaristes ont malgré tout accordé plus ou moins d’importance à telle ou telle phase ce qui évite une trop grande répétition. De même, les derniers épisodes développent un cauchemar plus particulier qui se révèle intéressant et bien traité en éclairant sous un autre jour la personnalité de Touko.
Niveau graphismes, il se révèle plutôt de qualité avec un choix de couleurs bien marquées qui colle à l’ambiance « grand rayon de jouets ». Le chara-design, lui, est très reconnaissable et rappellera un peu le style Clamp avec des membres très effilés (mais là curieusement, j’adhère plus au style dans Yume Tsukai que dans une œuvre de Clamp). Le choix de certaines voix est par contre plus douteux (je pense notamment à Rinko et Satoko) car franchement trop niais et shôjo des familles (accessoirement, pourquoi Rinko louche-t-elle tout le temps ? Mais c’est un détail).
Enfin, la musique reste dans le tempo avec de bonnes surprises (tant musicalement que graphiquement) pour l’opening et l’ending.
Un anime atypique signé Madhouse et qui regorge de trouvailles (le lance-pierre activé par un baiser de la vierge), mais son manque d’homogénéité et son caractère parfois vraiment trop gamin risquent d’en rebuter plus d’un. Dommage.