Le modèle capitaliste est un régime qui est forcément tyrannique, au sens ancien du terme. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a une telle porosité avec les populismes.
Cependant, il y a toujours eu la revendication en France d'une forme démocratique. La France n'a jamais été une vraie démocratie, et il n'y a aucune vraie démocratie actuellement existante (j'inclus également les démocraties indirectes, puisque contrairement à ce que certains partis veulent laisser penser, une bonne démocratie n'est pas forcément une démocratie directe).
La France a néanmoins longtemps essayé de tendre vers un modèle plus démocratique. L'ouverture de l'éducation à tous était certes très ambivalente, car elle servait surtout à consolider une nation branlante, mais au tournant du XXe, l'école était bien vue comme moyen d'éducation populaire par un spectre qui dépassait la seule gauche traditionnelle.
Je ne crois pas en une école démocratique. Mais je ne crois de toute manière pas en la démocratie dans un cadre actuel. Elle demande un niveau d'éducation bien plus homogène que celui qui est le nôtre actuellement. Et elle demande aussi du temps libre et une liberté d'expression, artistique et discursive, que l'organisation sociale actuelle ne permet pas. En ce sens, je crois davantage à une technocratie artistique et technique, constitutionnelle et à contrôle démocratique, avec un système de contrat sociétal qui valide par référendum le programme politique, et dont le but unique est d'atteindre les conditions d'une démocratie. Le tout avec une conscience des institutions empruntée à Rawls, c'est-à-dire des institutions non maltraitantes et profondément justes. Ce qui veut dire d'abord fondées sur la liberté, et dans un second temps fondées sur l'égalité.