Haha désolée, je suis une pipelette!
-Pour la scène d'introduction: certes, c'est tape-à-l'oeil, mais bon, même si ce n'était que ça tu devrais bien reconnaître que visuellement et musicalement c'est... *___* Je n'ai jamais vu une apparition de titre aussi réussie, et la mise en scène et à tomber par terre.
Ensuite, je trouve qu'il y en a, de l'émotion. Certes, la fille qui sanglote dans son lit avec en fond la voix de l'actrice chantant "Sweet Dreams", ça peut faire cliché, mais... je trouve que sans rien dire, il y a beaucoup d'émotion, dans les jeux de regards avec la soeur, mais aussi et surtout avec le beau-père.
D'entrée, on le déteste, on comprend qu'il est néfaste, et pourtant, pas un mot n'est pas prononcé. Honnêtement, moi il m'a fait froid dans le dos. La scène où elle se rue dans sa chambre et où il tente de bloquer la porte m'a vraiment heurtée. Le moment où elle le menace, et tue accidentellement sa soeur aussi.
Cependant je conçois bien que ça ne te parle pas. On en a longuement parlé avec mon chéri, et on est tombés d'accord sur le fait que sous couvert d'être un film pour hommes (filles sexy, univers geek, action/bagarres), l'histoire se joue sur des émotions, des ressentis proprement féminins. Et j'ai par ailleurs pas mal constaté que les filles appréciaient plus le film que les hommes. Je pense que les thématiques nous parlent, je pense que la peur du viol c'est quelque chose de commun à toute femme. Et rien que pour ça, la première scène est très forte, elle nous heurte. En même pas deux secondes j'étais autant à fond sur Babydoll que je pouvais l'être d'autres personnages après plusieurs heures de visionnage. Donc je la trouve redoutablement efficace. On nous montre très vite sa force, mais aussi sa fragilité. Ca m'a suffit à m'identifier à elle.
Pour la danse, rien à ajouter, je maintiens que c'est un bon choix
Mais je pense que les indices sont là. On comprend (après coup), que la réalité du bordel est assez similaire à celle de l'asile.
On en déduit naturellement qu'elle devait faire autre chose que danser dans l'univers de l'asile pour réussir à les distraire... mais je trouve qu'encore une fois, le fait qu'on ne fait que nous le laisser supposer est une vraie force. On voit les choses à travers les fantasmes de Babydoll, qui voile la réalité par des éléments plus "innocents", telle que la danse... sous couvert de naïveté, Snyder nous raconte une histoire bien plus sombre. Nous savons bien, en tant que spectateurs, que danser ne suffit pas à distraire un esprit, nous sommes lucides.
-Oui, je pense que tu as raison. Mais c'est ce qui fait la force de ce film. Snyder sème des indices ça et là, mais il ne nous dit rien. On ne saura jamais ce qu'il en est vraiment. Je crois avoir lu un interview de lui qui disait justement avoir fait un film sur l'imagination afin que nous-même laissions parler la nôtre. Je pense que ce résultat, c'est celui qu'il voulait obtenir.
C'est de la masturbation intellectuelle, certes, mais pourtant on sent que rien n'est fait au hasard, qu'il n'a pas semé des indices contradictoires sans réfléchir juste pour qu'on se fasse notre délire. Tout est pensé, du plan final sur Babydoll où l'on cache totalement son visage pendant deux minutes, au moment où Blue et son beau-père parlent, et où l'on voit à chaque fois qu'une moitié de son visage, droite ou gauche selon celui qui parle. Là, je pense qu'on peut faire une comparaison avec la fin d'Inception: au fond elle aura permis à tout le monde de se prendre la tête sur le "Cobb rêve-t-il cette fin ou non"? Et j'ai pu lire des analyses qui remettaient tout le film en question rien que pour ça! Pareil pour Shutter Island. Le doute plane. La différence, c'est que seule la fin change la construction reste la même (je ne dis pas ça pour rabaisser ces films je précise, je les adore). Dans SP, c'est le contraire: je pense qu'il y a plusieurs façons de voir et comprendre le film et chaque fois, cela se tient, quel que soit notre théorie.
Pour Inception, oui, c'est vrai que pourtant je suis sur l'idée que la toupie ne s'arrête pas à la fin mais t'as compris l'idée!
-Et sinon, j'ai bien compris ce que tu voulais dire. Mais là, c'est du pur ressenti, parce que je n'ai pas cette impression. Je suis rentrée dans l'histoire, j'ai éprouvé de l'empathie pour les personnages, j'ai même versé la larmichette à deux reprises
Mais ça c'est parce que je suis rentrée à 100% dans l'histoire de Babydoll, j'avais sa rage, sa peur, sa tristesse, son dégoût. Je suis sortie effondrée du film!
Contrairement à
Avatar, où pour le coup j'ai trouvé les personnages sans profondeur aucune tellement ils étaient clichés, dans leur paroles, dans leur comportement, je pouvais trop les anticiper, au point que je ne suis pas rentrée dans le film. J'étais devant un écran, pas à Pandora. Moi qui peux pleurer pour rien, je suis restée insensible au film (j'ai même eu quelques fous rires devant certaines phrases confondantes de banalité... j'ai eu l'impression d'être devant une bande-annonce de 2h!) Donc bon, je doute un peu de la qualité d'écriture des personnages pour le coup. Je pense que Jack Sully aurait pu mourir sans que ça me fasse sourciller, idem pour la schtroumpfette. Là, pour le coup, c'était du Disney, parce que le scénar de
Pocahontas, en plus d'être le même, arrive à plus me toucher! Je ne peux pas croire que Cameron (que j'adore pourtant) ait pu créer des personnages aussi bêtement manichéens, de l'ancien colonel sans considération pour les autochtones riant "muhahaha je suis méchant et bête jusqu'au bout", à l'ex-marine bourré de préjugés qui apprend à changer d'avis au contact des dits-autochtones. Je passe sur les Na'vis, pas moins clichés. Et là oui, quand j'ai vu le film, j'avoue que j'ai vraiment cru qu'on me prenait pour une c*nne. J'étais vraiment dépitée. Le film nous prend totalement par la main, voire nous surligne tout histoire qu'on comprenne bien.
Sucker Punch ne parle pas beaucoup, certes, mais il suggère bien plus.