Envoie la sauce Meitantei
Tu l'auras voulu!
J'ai donc vu le film en 3D (vf) hier et je suis bien contente de n'avoir pas lu les critiques qui en sont faites jusqu'ici, car cela m'aurait probablement dissuadée de le voir!
Et pour être honnête, je trouve que les promesses faites ont été tenues et que dès lors qu’on sait à quoi s’attendre, c’est un visionnage appréciable.
ATTENTION : Je préviens avant d’aller plus loin qu’il y aura quelques spoilers et que je n’ai pas mis de bannière pour ne pas couper mes phrases juste le temps de deux trois mots. Si vous hésitez, je précise que je ne fais aucune révélation trop importante non plus normalement (et puis de toute façon c’est pas comme si le film était très imprévisible) donc à moins de vouloir totalement vous préserver, vous pouvez vous lancer, sinon, passez votre chemin !
D’abord, il faut savoir que je fais partie de ceux qui ont vraiment aimé le premier, mais qui ont détesté les suites et tout particulièrement le 3, dont j’avais fait une critique acerbe. Je suis donc partie au cinéma en me disant deux choses :
-que d’une part, ça ne pourrait pas être pire que ce 3e volet ;
-que d’autre part, j’y retrouverais forcément les éléments qui forment un film live Disney qui se respecte : beaucoup de grand spectacle et peu de scénario.
J’ai eu raison sur les deux points. Mais procédons méthodiquement :
Commençons par la 3D, car c’était la première chose que nous avons découverte en allant au cinéma : il n’y avait qu’un seul horaire proposé pour la 2D, la séance de 22h, et comme ça ne nous arrangeait pas, nous nous sommes rabattus sur l’une des très nombreuses séances en 3D (Gaumont, c’est vraiment de l’arnaque). Donc voilà, devant le fait accompli, nous nous sommes soumis, et comme c’est loin d’être le premier film que nous voyions en 3D, nous savions qu’à part alléger notre porte-monnaie, elle n’apporterait pas grand-chose. Et c’est le cas. La 3D en soi ne me dérange pas (ça ne me donne pas de migraine et je n’ai rien contre), mais les lunettes sont très inconfortables et quand on peut économiser 3€, on le fait. Donc je confirme, j’ai une fois de plus vérifié régulièrement, et une grande partie des plans sont en 2D. Quant à ceux en 3D, le moins qu’on puisse dire c’est que ça ne renverse pas ma vision du cinéma. Comme toujours, ce sont les pubs plus que le film qui rendaient cet effet de profondeur réellement intéressant. Bref, sans intérêt à mon goût.
Ensuite, le film en lui-même. Personnellement, j’y décerne deux parties : toute la première qui se passe en Angleterre avec les traditionnelles frasques du capitaine Sparrow, jusqu’au début de la quête de Jouvence, que je situe vers l’épisode des sirènes, où l’aventure commence vraiment.
Et donc, la première partie : je l’ai trouvée assez inutile et recyclée et heureusement, ce n’est ni la plus longue, ni la plus importante. De la scène où Sparrow se fait passer pour juge et la suite de son plan qui tourne mal à la bataille avec son « double » en passant par la fuite et course-poursuite dans les rues d’Angleterre, je n’ai vu que du recyclage de scènes aussi prétendument épiques que tirées par les cheveux et de scènes convenues dont on se serait bien passé. Le pire de tout étant la scène où apparaît Barbossa pour la première fois et où Sparrow s’évade en grande pompe à l’aide du lustre (et en volant le dessert du roi) avant de semer ces poursuivants dans une folle course poursuite qui a un drôle de goût de déjà-vu… pour atterrir dans les bras de papa. Oui le père de Sparrow, qui l’appelle son petit ‘Jackie’, vient lui apprendre ce que Sparrow savait déjà (et qu’on ne risquera pas d’oublier vu le nombre de fois où l’on nous répète le rituel) et disparaît 5 min plus tard, bref, le père qui ne sert strictement à RIEN. Les scénaristes ont de vrais problèmes avec l’affiliation entre leur personnages, c’est limite obsessif. Regardez : Elisabeth dans le premier, est une fille à papa. Bon, pas grand-chose à dire là-dessus. Will Turner découvre son père, Bill le Botin, dans le 2e, et là, Sparrow et Angelica se découvrent un papa aussi. Formidable ! Et les mères dans tout ça ? Bref, je trouve qu’à part nuire à l’image d’un pirate qu’on imagine solitaire et orphelin, cette apparition était des plus inutiles.
On en vient à la scène de combat entre Sparrow et son voleur d’identité (et vraiment on se demande bien qui ça peut être…
), qui a un drôle de goût de la scène de combat entre Will et Jack au début du premier (vous remarquerez cette tendance incroyable à devoir se battre sur des poutres en hauteur comme si le sol n’était pas suffisamment stable… et à utiliser des tonneaux, aussi). Avec tout ça, ce qui m’a le plus sidérée : Sparrow (ou plutôt Barbossa), a perdu le Black Pearl. Oui, encore. A se demander s’il lui arrive d’être dessus. Et donc, je vous le donne en mille : il n’a pas de navire et cherche à le récupérer. Last but not least, la scène de danse entre Jack et Angelica, traditionnelle scène de séduction/manipulation des plus attendues. Bref : fuite en Angleterre, check. Perte du Pearl : check. Scène dans la taverne où il s’agit de recruter des membres : check. Combat avec un ennemi qui deviendra un allié : check. Avec ça, on va peut-être pouvoir partir sur de nouvelles bases ? Bonne nouvelle : oui !
La seconde partie est bien plus intéressante : enfin, des éléments et des rebondissements inédits ! Inédits, mais toujours prévisibles, bien sûr. Je ne vous le cache pas : on devine chaque ressort du film mille ans avant qu’ils n’arrivent. Mais je suppose que si vous avez vu les trois précédents, vous savez à quoi vous attendre et n’en serez pas plus surpris que moi.
La scène pivot des sirènes est probablement la plus réussie : une ambiance très prenante, visuellement et musicalement réussie, même si on se serait épargné le ralenti sur Sparrow et son saut de l’ange dans la mer avec une explosion en arrière plan. En particulier quand ce saut dans une mer agitée, rocheuse et pleine de sirènes voraces au beau milieu de la nuit se voit décrédibilisé par une scène plus tard dans le film où l’on passe 10 min à savoir si Sparrow sautera ou sautera pas dans une source au milieu de la jungle, et les multiples pourparlers qui vont avec.
Petit bémol pour la fin où le monde entier semble débarquer dans la pourtant très recherché fontaine de Jouvence… alors certes, on savait que tout ce petit monde la cherchait et allait y débouler avec force de renforts et d’armées, mais ça m’a rappelé les mauvais temps de Lost, quand l’île qui devait être inconnue du monde devenait un lieu touristique où l’on entre et sort comme dans un moulin).
Quand je disais que le film tenait ses promesses, je parlais avant tout du scénario. Quand on va voir un blockbuster, on s’attend souvent à ce que celui-ci soit mince : c’est parfois avéré, d’autres fois non. Le premier PotC avait un scénario relativement simple, il faut bien le reconnaître, mais grâce à son souffle et son rythme, cette lacune ne se faisait pas trop sentir. Malheureusement les choses se sont gâtées quand ils ont voulu rendre l’histoire plus complexe. Complexe, et compliquée. Les suites sont un tel fouillis qu’on ne comprend rien à ce qui se passe la moitié du temps ; c’est tiré par les cheveux, grotesque, et au final, je n’ai trouvé personne qui soit capable de me résumer ce qui s’y passe en bonne et due forme. Plouf : ce qui devait apparaître comme un scénario creusé devient un enchaînement ridicule de scènes sans queue ni tête dont il ne ressort rien.
On retourne ici à un scénario basique, simple, très, trop, peut-être : la quête de Jouvence, avec quelques histoires annexes mais rien de bien compliqué, bref, c’est limpide, et quand on chercher du grand spectacle sans se prendre la tête, ça fait du bien, je dois avouer. Le film est toujours aussi dynamique, alternant discussions et scènes d’action (et parfois les deux en même temps), le tout teinté de quelques moments comiques plus ou moins efficaces (mais heureusement pas trop nombreux), bref, à l’ancienne.
Malgré tout, je dois avouer que Will Turner m’a manqué. Pourtant, j’ai sauté de joie en apprenant qu’Orlando et Keira ne seraient pas de la partie. Mais le duo Will/Jack du premier me plaisait bien : l’alliance improbable entre le jeune forgeron humble et pétri de bons sentiments et le pirate fourbe et manipulateur ne prenant rien au sérieux marchait bien et donnait une bonne dynamique au film. Vous allez me dire que Philip est un peu le remplaçant de Will, mais en vérité, il a très peu d’interaction avec le capitaine Sparrow.
Parlons donc des petits nouveaux.
-Angelica : Bon, je suis pas une grande fan de Pénélope Cruz. Je la préfère largement à Keira mais elle n’a pas l’étoffe de Tia Dalma non plus. Pour justifier la présence d’une nouvelle femme pirate, on lui a inventé un passé de jeune fille espagnole qui a grandi dans un couvent, a été manipulée et abandonnée par Sparrow, et qui intervient donc la plupart du temps à grands coups de « ton âme peut encore être sauvée ». Au final un personnage pas très développé, assez caricatural (tango, et accent sont de la partie), dont la relation avec Jack rappelle un peu la relation et les chamailleries des deux personnages principaux de Prince of Persia, relation plus communément connue sous le nom de « je t’aime moi non plus ». Néanmoins, elle ne m’a pas dérangé plus que ça dans la mesure où Elisabeth était bien plus exaspérante et que cela m’a pas mal fait relativiser (sans oublier que je m’attendais assez à ce qu’ils lui donnent ce tempérament).
-Barbe Noire : peu présent, il pourrait être imposant s’il agissait autant qu’il parlait (excepté la scène où il bombarde le cuisinier qui ne servait visiblement qu’à montrer combien il était méchant alors que par la suite, s’il menace beaucoup il ne fait hélas pas grand-chose). L’idée de son sabre et son bateau était intéressante, mais trop délaissée.
-le papa de Jackie : déjà mentionné, sans intérêt.
-Philip et Sirénia : visiblement, je suis la seule mais pour moi c’est LA bonne découverte du film. Excepté l’abominable doublage de la frenchie, bien sûr. Au départ j’ai trouvé le personnage de Philip sans intérêt, mais finalement le personnage du religieux était encore assez inédit et oui, j’ai beaucoup aimé la façon dont il s’éprend de la jolie sirène. Leur histoire n’est pas beaucoup développée, mais je trouve qu’on voit bien leur coup de foudre, et j’ai adoré les scènes qui les mettaient en avant (même si effectivement le choix du prénom était un peu stupide), car malgré des dialogues assez restreints, je trouve que dès le premier regard échangé, on ressent bien la force de leurs sentiments. Après, c’est sûrement mon cœur d’artichaut qui parle. Mais la sirène froide, implacable et dévoreuse d’homme qui s’éprend de son sauveur, un religieux qui en oublie sa foi, moi ça me fait rêver. Donc oui, je le dis et j’assume, j’ai adoré ce couple, il y avait un goût de conte de fées doux-amer que j’ai apprécié jusque dans la fin.
Quant aux anciens : Sparrow est fidèle à lui-même. Je n’ai pas vu de trahison du personnage qui me semble au contraire respecter une même ligne de conduite depuis le départ (enfin… je ne compte pas le 3 où il perd grandement de sa superbe et gagne en ridicule avec les « multiple Jack » proprement affligeants). Gibbs a un rôle plus important ici (peut-être pour compenser le manque d’ « anciens ») mais toutefois encore assez anecdotique.
Barbossa perd un peu en charisme ici. Je trouve ses motivations un peu bancales et donc sa place dans l’histoire pas très justifiée. Outre le fait qu’il a beaucoup perdu de sa superbe en corsaire.
Visuellement et sans revenir sur la 3D : c’est très beau, comme toujours. Le temple où se trouve la fontaine de Jouvence est en effet de toute beauté et j’ai apprécié l’ambiance nocturne qui donne son charme à l’attraction (avec le clin d’œil délicieux à la chambre du capitaine dans le bateau de Ponce de Leone – l’inspiration historique est d’ailleurs très réussie). Les sirènes sont réussies et sublimes. La couleur locale est là, la végétation florissante et luxuriante, les plages de sable fin tout comme les rues d’Angleterre. Rien à dire là-dessus, la saga a toujours su soigner ses décors.
Musicalement, pas grand-chose de nouveau : une réutilisation importante d’anciens thèmes, avec au final seulement deux découvertes : le thème des sirènes / de la fontaine de Jouvence, très agréable, légèrement inquiétant, et celui de Angelica qu’on entend lors de leur danse, très rythmée, avec des sonorités très « flamenco » (pas trop ma tasse, donc). Malgré tout, une meilleure surprise que ce que le score nous avait laissé supposer, mettant peu en avant les exploitations des nouveaux thèmes, au profit de ce qu’on connaît pourtant déjà. Ainsi beaucoup de pistes sont passées à la trappe (notamment la chanson des sirènes, à la fois envoutante et dangereuse), et le plus affreux de tout : ces pistes oubliées l’ont été pour faire de la place à plusieurs « remix » des thèmes les plus connus qui sont absolument inaudibles à mes petites oreilles, qui n’apparaissent bien sûr pas dans le film et ne sont pas faits par Hans Zimmer.
Voilà je crois avoir fait le tour. Globalement une bonne découverte donc, une suite bien meilleure que le 2 et le 3, tout en restant nettement en-deça du premier selon moi. Les éléments les plus négatifs, je les attendais et les ai trouvés sans surprise, je n’en suis donc pas chagrine. En revanche, quelques agréables rebondissements qui hissent ce blockbuster à un niveau correct sans jamais être transcendant. Un petit bémol néanmoins sur cette suite qui nous laisse perplexe : Will et Keira ne sont jamais mentionnés, même indirectement, et l’on pourrait presque croire à un préquel s’il n’y avait quelques références explicites aux précédents volets. Dommage, je trouve que ça ne coûtait rien et après avoir vu trois films avec ces deux là, on s’attendrait au moins à trouver quelques clins d’œil. Néanmoins, je ne regrette pas d’être allée le voir, pour les beaux yeux de Johnny et parce jusqu’ici le seul PotC que j’avais vu au cinéma était le 2… il fallait bien compenser !