Jappeloup : J'y suis allé sans trop y croire. Et bien finalement, c'est clairement une réussite. Pour ceux qui ne le savent pas, Jappeloup est le nom d'un cheval assez particulier qui a ramené une médaille d'or à la France lors des JO de Séoul en 1988. Il était réputé pour sa petite taille et son mauvais caractère, chose rare pour un cheval officiant dans les concours de saut. Heureusement, il avait une détente monstrueuse. Le film nous narre donc son parcours ainsi que celui de son cavalier, victime du doute et des aléas de la vie (Dieu que j'écris bien).
Heureusement que je ne me suis pas focalisé sur les premiers plans du film, très "fifille est amie avec le dada, elle le comprend mieux que personne", car on change tout de suite de ton. La compétition, les entraînements, la vie de cavalier, les relations père-fils, voilà de quoi parle le film. Et il le fait très bien. On alterne entre tous ces éléments sans aucune coupure, avec un rythme parfait. L'histoire se suit sans anicroche , avec un rythme exemplaire : tout est un tant sois peu approfondis correctement, l'alternance vie quotidienne-compétition est parfaite.
En fait, j'ai un peu l'impression d'avoir regardé une adaptation d'un shonen de sport. Les déboires avec l'entraineur, les doutes sur les capacités, on a même la phase de dépression, et l'acharnement des médias. Et c'est justement ce milieu, celui de l'équitation qui va servir l'évolution du personnage principal, le cavalier Pierre Durant, qui se pose des questions assez pertinentes : s'il devient cavalier (et donc sportif de haut niveau), gagnera-t-il assez d'argent pour nourrir sa famille ? Faut-il mettre de côté un travail plus "normal" ? Et le cheval, faut-il le vendre pour assurer ses arrières ? Il est un peu surprenant que la relation avec ce dernier ne soit pas plus mise en avant (même si on l'aborde, bien sûr, surtout vers milieu-fin). En gros, il ne faut pas s'attendre à un "Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". A la place, comme dit précédemment, on a droit à une relation père-fils tout à fait crédible qui change de ce qu'on nous a habitué à voir (à noter un Daniel Auteuil excellent). On n'oublie pas non plus les quelques pointes d'humour réussies, juste ce qu'il faut.
L'univers hippique est aussi un plus indéniable. Et ceux qui n'y connaissent rien (comme moi) peuvent regarder le film, car même si des éléments techniques sont évoqués, ils ne sont là que pour illustrer et rendre véritable le domaine de l'équitation. Cette discipline sportive n'est pas le centre du film, elle en sert le propos et l'illustre parfaitement. Il aurait donc en effet été stupide de se focaliser à fond sur ces éléments que seuls les initiés pourraient comprendre. Puis les fringues des cavaliers sont trop classes. Ça change des shorts et des maillots
.
Pour le réalisation, on reste dans le classique. Il n'y a pas grand chose qui m'a marqué, hormis les compétitions, avec quelques effets bien trouvés : gros plans sur les sabots, ralentis lors des sauts, travelling... Ils ont aussi eu la bonne idée de n'ajouter aucune musique (anecdotique d'ailleurs dans le reste du film), histoire de mettre l'impact sur la concentration du cavalier. Ce rendait très bien la tension : même si on sait comment ça finit, on est pris au jeu. Et les acteurs sont au poil.
Bref, je ne regrette pas ma place de cinéma. Ce fut une agréable surprise, mon premier
manga film sportif. J'aimerai bien que ce genre se développe un peu plus dans le septième art, il y a du potentiel. A voir.